74 centres 15 sur les 100 que compte la France sont actuellement touchés par la grève des assistants de régulation médicale (ARM). Jeudi 7 septembre, après plus de deux mois de grève, ces professionnels de la santé appellent à se rassembler devant le ministère de la Santé à Paris et devant les agences régionales de santé à l’appel de l’AFARM.
En première ligne. Ils le sont en permanence. Quand vous appelez le 15 pour un malaise, une chute, ce sont eux qui décrochent et évaluent la situation, avant de passer le relais à un médecin.
Depuis le 3 juillet, à 15h15 symboliquement, des ARM sont en grève un peu partout en France. Le mouvement dure, sans que les revendications avancent. Ces assistants de régulation médicale, premier maillon de la chaîne des secours, réclament une reconnaissance financière et une revalorisation de leur statut.
La profession attendait un geste fort du ministère de la Santé avant le début de l’été pour accompagner financièrement les ARM. Rien de concret n'est venu.
“On demande la reconnaissance de la pénibilité de notre travail, la reconnaissance de la hausse des appels, et de quoi attirer de nouvelles personnes vers ce métier qui est souvent dans l’ombre... Quand les gens appellent le 15, ils pensent avoir un médecin au téléphone” explique Yann Rouet, coprésident de l’AFARM, l'association française des assistants de régulation médicale.
Selon ce dernier, un assistant de régulation médicale gagne en début de carrière, 1.800 euros bruts.
Un été sous tension aux urgences
La situation des services d'urgence et des SMUR a "continué de se dégrader" au cours de l'été 2023 pour atteindre une tension "sans précédent", déplore le syndicat Samu-Urgences de France dans un bilan publié mercredi 6 septembre. Concernant les SAMU-Centres 15, trois-quarts d'entre eux disent avoir eu besoin de renforts d'assistants de régulation médicale (ARM), mais un tiers n'ont pas pu en trouver. "Il faut qu'il y ait reconnaissance de la gravité de la situation, et qu'il y ait des investissements, notamment sur l'attractivité hospitalière", a réclamé Marc Noizet, président du syndicat et chef des urgences et du Samu de Mulhouse (Haut-Rhin).
On fait 20% d’appels en plus par rapport à l’an dernier, et on n’a pas plus de personnels.
Un assistant de régulation médicale en Franche-Comté
À Besançon, une soixantaine d’assistants de régulation se relaient jour et nuit, 365 jours sur 365 pour prendre les appels d’urgence. Le mouvement de grève sera-t-il suivi le 7 septembre ?
Dans ce CHU, la direction nous précise que "l’ensemble des postes est pourvu, cependant les recrutements sont permanents pour compenser certains départs. Depuis le début du mouvement de grève, les agents se mobilisent en veillant à ce que ce mouvement n’entrave pas l’activité de la régulation. Ainsi, ces dernières semaines, chaque jour un agent se mettait en grève une heure. Ce mode de grève a permis d’éviter toute assignation. L’appel national à la grève du 7 septembre sera particulièrement suivi, il y aura donc probablement des assignations, sans connaître à cette heure le nombre exact des agents souhaitant y participer."
Le ras-le-bol est là parmi la profession. “Cela se passe bien avec le CHU de Besançon, nous sommes relativement bien dotés” explique l’un des assistants de régulation médicale. “Avant, nous étions administratifs, nous sommes passés sous le statut de soignants au printemps 2023, mais rien n’a changé. Sur notre feuille de paye, nous sommes toujours administratifs”.
Rendre le métier attractif pour recruter
Selon l’AFARM, “le Ministre de la Santé estime entre 2000 et 2500 postes d’ARM nécessaire pour le bon fonctionnement des régulations médicales en pleine mutation vers le Service d’Accès aux Soins”. Un service qui sera régulé par ces assistants médicaux. Des appels en plus encore. Et des recrutements qui peinent à se faire. Les 19 centres de formation d’ARM pouvaient former 400 personnes, seules 200 sont sorties diplômées. Il en manquerait encore 800 pour cette année. “Les écoles ne font pas le plein” déplore Yann Rouet. Pour ce dernier, la prime de pénibilité de 100 euros nets serait une belle avancée. Elle est octroyée aux personnels des urgences, infirmiers, aide-soignant, ambulanciers, mais pas à ce jour à ces hommes et femmes qui décrochent au téléphone dans les centres 15.
Jeudi 7 septembre, une délégation de l’AFARM doit être reçue au ministère de la Santé et par la direction générale des offres de soins.