Ce jeudi 27 juin 2024, une quinzaine de militants de la CGT ont investi une agence de Besançon (Doubs) dès l’ouverture, pour une prise de parole contre la réforme de l’assurance-chômage, en application au 1ᵉʳ juillet. Banderole, musique et croissants, l’action se voulait pacifique, mais l'inquiétude est bien là.
"Bonjour c'est la CGT, on est venus vous parler de la réforme de l'assurance-chômage !"
Munis de drapeaux de la centrale syndicale, de banderoles et d'une enceinte musicale, une quinzaine de jeunes militants se sont invités à 9h, ce jeudi 27 juin, dans l'agence France Travail de la zone économique Temis, située en face du lycée Ledoux, à Besançon.
L'action surprise, menée par la section bisontine de la CGT spectacle, ainsi que quelques militants de la CGT précaires 25, se voulait pacifique, mais percutante.
"La réforme va toucher les plus précaires"
Alors que la réforme de l'assurance-chômage doit entrer en application par décret au 1er juillet, durcissant les conditions d'ouverture de droits au chômage et d'indemnisation des périodes sans emploi, les militants ont ciblé trois "conséquences majeures" de la réforme.
Allongement du délai de carence après licenciement, accès à l'indemnisation restreint (9 mois de cotisations sur les derniers 24 mois, au lieu de 6 jusqu'ici), et durée d'indemnisation réduite. "Ça ne couvre plus 18 mois, mais 12 mois, rappelle Morgane Cornet, militante CGT spectacles – SFA. Ça va toucher principalement les plus âgés et les plus jeunes". Donc les plus précaires, craint-elle.
Dans le contexte politique actuel, conserver la réforme, c'est antidémocratique, injuste et violent
Côme, militant CGT spectacle
"On essaie de sensibiliser à l'existence de ces réformes, à leur mise en place et maintien, pour le moment, avec le gouvernement actuel", souligne Paul, qui ne cache pas son appel au vote pour le Nouveau Front populaire, le rassemblement de plusieurs listes de gauche pour les élections législatives. Intermittent en régie son et militant CGT spectacle, il dénonce l'impact potentiellement massif de la réforme : "Que ce soient des gens qui ont déjà du chômage ou qui veulent accéder au chômage. Par exemple, les primo-accédants vont être attaqués de plein fouet."
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Un quart de croissant pour M. le directeur
Déployant une banderole avec l'inscription "On travaille, on cotise, on décide", en clin d'œil appuyé à la lutte des salariés de LIP, le groupe échange avec les salariés de l'antenne, plutôt souriants et compréhensifs.
Pas invités, mais polis, les jeunes activistes ne sont pas venus les mains vides. Une cagette de croissants dans les mains, ils ont distribué les viennoiseries aux salariés de l'agence, et aux quelques demandeurs d'emploi présents. Mais la démarche était surtout symbolique : un quart de chaque croissant était coupé pour illustrer la baisse de la prise en charge pour les chômeurs.
"Depuis 2019, on estime qu'il y a une baisse de 25% d'indemnisation avec les réformes que Macron a passées, explique Morgane Cornet. Il y a trois quarts qu'on donne aux gens, et le reste, on va le donner au directeur. C'est l'État qui le reprend et qui mange sur notre dos, mais pas pour des bonnes raisons."
C'est la suite logique de plein de réformes qui attaquent le chômage de manière globale.
Paul, intermittent et militant CGT spectacle
"C'est bien, ça peut peut-être avancer les choses, commente une demandeuse d'emploi, devant un ordinateur en libre-service de l'agence. Moi, j'ai 55 ans, j'ai 35 ans de carrière, je viens d'être licenciée. Donc, je fais partie des anciens, et j'ai un enfant de 19 ans qui en bave aussi, qui reprend des études."
Cette aide-soignante, licenciée en septembre 2023 par son employeur, le CHU de Besançon, n'a travaillé qu'un mois depuis. "Ce n'est pas évident, avec quelques soucis de santé.", déplore-t-elle.
Je suis concernée. Aussi bien pour moi que pour mes enfants, l'avenir nous fait peur. Pour tout le monde.
Une demandeuse d'emploi de 55 ans
Cette action était la première de l'antenne bisontine de la CGT spectacle, qui a vu le jour en 2023. "Pour les réformes retraite, et puis on a suivi les luttes en octobre, novembre, décembre derniers pour les négociations chômage, et de nouveau maintenant", contextualise Morgane Cornet.
Le directeur de l'agence, s'il n'a pas souhaité répondre aux questions de France 3 Franche-Comté, s'est montré disponible et ouvert au dialogue, jusqu'à la fin de l'action, vers 10h.
La réforme, si elle est mise en œuvre au 1ᵉʳ juillet, sera la troisième depuis 2019 concernant l'assurance-chômage. Selon l'INSEE, le taux de chômage en France était de 7,5% au premier trimestre 2024, soit 2,3 millions de personnes.