ISBA Besançon : nouvelle dénonciation de viol sur les réseaux sociaux alors que l'enquête judiciaire est au point mort

Le climat est lourd à l'Institut supérieur des Beaux-Arts de Besançon (Doubs), une semaine après la rentrée 2020-2021. Alors que deux enquêtes sont en cours, des dénonciations anonymes continuent d'être publiées sur les réseaux sociaux.

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Depuis la mi-septembre, les dénonciations anonymes pleuvent sur les réseaux sociaux au sujet de l'Institut supérieur des Beaux-Arts de Besançon. Ces révélations, pour la plupart non rattachées à des dépôts de plainte officiels, sèment le chaos au sein de cette école supérieure, en charge de former les artistes de demain. Dans la dernière en date, publiée mardi 6 octobre, une élève accuse l'un de ses professeurs de l'avoir violée.  

La rentrée universitaire a eu lieu la semaine dernière. L'ambiance est évidemement extrêmement pesante. Au-delà des publications régulières de témoignages sur la page Facebook Balance Ton école d'Art, dévoilant à chaque fois la première lettre du ou des membres de l'équipe pédagogique incriminés pour des faits de racisme, sexisme ou encore harcèlement, l'établissement est sous le coup de deux enquêtes : l'une judiciaire menée par le parquet à la suite d'une plainte pour agression sexuelle et l'autre administrative, lancée par la Ville de Besançon. Cette dernière doit mettre en lumière tous les dysfonctionnements potentiels au sein de l'établissement, installé dans la capitale comtoise depuis 1976.

"Tout le monde est à bout"

En attendant, les professeurs, qui s'étaient dit "profondément choqué-e-s et indigné-e-s par les témoignages d’agressions sexuelles" sont à bout de nerfs. Certains encouragent vivement les étudiants à témoigner pour faire avancer les enquêtes au plus vite et ainsi sortir de ce climat de suspicions généralisé. Pourtant, une certaine omerta semble persister. 

"Ca crée des situations très compliquées. Les élèves sont aussi paumés que nous. Nous n'avons aucune information pour l'instant. Tout le monde est à bout. On veut que la situation se débloque, parce que là c'est très dur" nous explique une source interne souhaitant garder l'anonymat.

Marie Roland, membre de l'association à l'origine de la création de la page Facebook Balance Ton école d'Art, nous explique : "Pour l'instant notre but n'est toujours pas atteint, à savoir la démission de toutes les personnes mises en cause. On compte sur l'enquête administrative plus que sur l'enquête judiciaire. Un mail a été envoyé aux victimes, pour leur proposer de participer à l'enquête administrative. Mais pour le reste, c'est le boulot de la mairie."

"Nous en aurons les éléments finaux à la fin du mois"

Joint par nos soins, Anne Vignot, maire de Besançon, précise que l'enquête administrative est bien lancée : "Nous en aurons les éléments finaux à la fin du mois." Elle réafirme sa volonté ferme de voir les potentiels coupables sanctionnés. "Nous en aurons les éléments finaux à la fin du mois" détaille-t-elle. Et d'ajouter : "Le moindre nom qui semble être associé à des choses qui ne devraient pas avoir lieu, fera l'objet d'une sanction administrative." 

Anne Vignot livre tout de même une inquiétude quant à cette affaire : "Ce qui nous préoccupe, c'est qu'on espère bien que ces éléments qui sont dénoncés sur les réseaux sociaux vont faire l'objet de plaintes. On sera intransigeants, mais on veut être dans une extrême justice. Il ne faudrait pas qu'on commette des erreurs".

J'ai besoin que les gens aient confiance en la justice, qu'ils viennent dire dans le cadre de notre enquête ce qui est nécessaire que l'on sache.

Anne Vignot, maire de Besançon

Le procureur de Besançon en appelle aux témoins et aux victimes

De son côté Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon, a tenu une conférence de presse ce jeudi 8 octobre pour faire le point sur l'enquête judiciaire. Ce dernier a lancé un appel aux éventuels témoins et victimes. "Des renseignements anonymes, même s'ils sont essentiels dans un premier lieu, ne peuvent pas faire avancer une enquête judiciaire. Je ne méconnais pas l'utilité de cette expression mais elle est largement insuffisante. Il faut des auditions faites devant les policiers. J’invite toutes les victimes, les témoins d’agissement délictueux ou criminels au sein de cet institut, à se manifester auprès du commissariat pour que des auditions puissent être faites" a-t-il expliqué. Il a tenu à rappeler et à citer en exemple un dossier très marquant, jugé ce mercredi 7 octobre, impliquant un professeur d'université de Franche-Comté, jugé parce que lui sont reprochés des faits d’agressions sexuelles sur 10 étudiantes. Il conclut : "La déposition, c’est la condition indispensable pour qu’on puisse judiciairement confondre d’éventuels agresseurs sexuels, d’éventuels violeurs". Et d'insister : "Ceux et celles qui ont été de près ou de loin victimes ou d'agissements doivent prendre contact avec le commissariat de Besançon. Sans cette phase de recueil, nous ne progresserons pas. L'enquête ne peut pas progresser sur la base de renseignements anonymes. Livrer en pâture des noms, ou avec des initiales, mais de façon anonymes, sur un plan judiciaire ça ne peut pas être considéré comme un élément suffisant."

Il nous faut des auditions sur procès verbaux, sinon il ne se passera rien au delà de ces simples accusations qui resteront lettres mortes.

Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon

Le procureur de la République se laisse la possibilité de procéder à des réquisitions afin de connaître les identités des victimes ou témoins anonymes, tout en précisant qu'il souhaiterait ne pas en arriver là.
 
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