"L'aidant doit apprendre à penser à lui", le rôle essentiel des psychologues auprès des accompagnants de personnes malades, en perte d'autonomie

Le 6 octobre est la journée mondiale des aidants. Ces accompagnants font partie du parcours de santé et jouent un rôle aussi important que les professionnels du soin. Des psychologues les soutiennent et les aident à ne pas s'oublier. Rencontre avec l'une d'entre elles.

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Patricia Girerd est psychologue pour la plateforme Répit Aidants de l'association Eliad dans le Grand Besançon. Elle soutient et écoute régulièrement des personnes accompagnant au quotidien un proche malade, en perte d'autonomie ou en situation de handicap.

Les aidants ressentent beaucoup de culpabilité, ils me disent qu'ils ne font jamais assez et jamais bien.

Patricia Girerd, Psychologue à la Plateforme Répit Aidants Eliad

"On ne rend pas compte de la charge physique et surtout mentale de ce rôle, contrairement à un professionnel, un aidant familial c'est 24h sur 24." explique la psychologue au micro de Mélanie Leblanc et Denis Colle. Son rôle est, selon elle, de dédramatiser certaines situations et déculpabiliser les aidants. La psychologue s'adapte à chaque situation, elle réalise des entretiens à la demande ou réguliers. 

Outre l'échange et une écoute attentive, lorsqu'elle perçoit que l'aidant est à bout, elle peut proposer différentes solutions. Cela peut être de l'accueil de jour pour la personne aidée, des activités sportives et culturelles pour l'aidant, autant de bulles d'oxygène qui permettent d'apporter un peu répit.

Apprendre aux aidants à penser aussi à eux est son leit motiv, son combat quotidien. "Ils ont besoin de se sentir bien pour pouvoir aider l'autre", ajoute-t-elle. "L'aidant oublie souvent sa santé, ses désirs pour se concentrer exclusivement sur la personne aidée, mon rôle est d'essayer de faire en sorte qu'il pense aussi à lui".

"De plus en plus d'aidants développent des pathologies et décèdent avant les proches aidés"

Les aidants sont entre 8 et 11 millions en France. L'accompagnement d'un proche malade ou en perte d'autonomie concerne donc 1 Français sur 5. "Souvent tout est centré sur la personne malade et l'aidant s'oublie totalement, il ne s'occupe pas de lui, il ne prend plus ses rendez-vous médicaux, résultat : son état de santé physique et psychique s'aggrave, à tel point que de plus en plus d'aidants développent des pathologies et décèdent avant les proches aidés, il est donc essentiel de s'occuper d'eux et de leur proposer une prise en charge à hauteur de leurs besoins", alerte Astrid Nier, chef de service Eliad.

Ils font partie du parcours de santé des proches, ils sont aussi importants que les professionnels, il faut absolument qu'on parle d'eux.

Astrid Nier, Cheffe de service Eliad

"Ma pause aidante", un nouveau dispositif pour favoriser les rencontres entre aidants

Financé par les Agences Régionales de Santé, la plateforme d'accompagnement et de répit, offre un interlocuteur unique dédié exclusivement à des proches aidants accompagnants des personnes en perte d'autonomie, en situation de handicap, de vulnérabilité. Soutien psychologique, relais, activités ludiques, la plateforme conseille, informe, apporte des solutions et un suivi individualisé adapté aux besoins de l'aidant. Dans le Grand Besançon, l'association Eliad bénéficie également de financements du département du Doubs et de la conférence des financeurs. Depuis 2019, plus de 500 aidants ont bénéficié de leur soutien. Dès le 10 octobre, une permanence "Ma pause aidante" ouvrira tous les mardis après-midi, un espace accueillant qui favorisera la rencontre entre aidants. 

En outre, les groupes de parole permettent de parler de leur ressenti "Ils peuvent rire, pleurer, ce sont des moments confidentiels, cela permet de libérer la parole de se rendre compte qu'ils ne sont pas les seuls à ressentir des émotions négatives dont on peut avoir honte", explique Patricia Girerd, psychologue à la Plateforme Répit Aidants Eliad.

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