Magasins, cinémas, lieux clos publics... la donne changera au 1er août a annoncé Emmanuel Macron lors de son discours du 14 juillet. Comment la mesure est-elle acceuillie dans les magasins. Exemple à Besançon (Doubs).
Depuis la crise sanitaire, dans cette enseigne de la chaîne Super U à Besançon, le port du masque est souhaité. Un panneau le rappelle à l'entrée. Mais pas imposé. De nombreux clients le portent, d'autres ont toujours refusé de le faire, d'autres ont abandonné le port du masque au fil des semaines. Dès le 1er août, il faudra à nouveau porter le masque, et le client n'aura plus le choix.
"On mettra des personnels à l'entrée du magasin pour faire respecter la loi et le port du masque
Pour l'enseigne, l'annonce du port du masque obligatoire n'est pas une mauvaise nouvelle selon le directeur. "Nous, salariés, on porte le masque, nos clients aussi, ce serait bien que tout le monde le porte" ajoute le directeur du magasin. Il a bien vu ces derniers temps que certains clients ne portaient plus le masque. Un relâchement dans les comportements a été constaté un peu partout en France. Au début de la crise quand il a fallu filtrer les entrées de clients, certains refusaient de porter le masque, il y a eu des tensions entre clients. Sans texte de loi, impossible pour un magasin d'imposer le port du masque. Le texte de loi va faciliter les choses. Il va falloir également s'organiser. Et faire à nouveau appel à des prestataires de sociétés de sécurité pour contrôler le port du masque aux entrées de magasins. "Depuis plusieurs mois, on sait que la crise du covid, coûte cher, on va s'adapter, on fera respecter la loi" ajoute le directeur.
Cela doit être obligatoire le masque, je suis pour à 100%
Du côté des clients, les avis sont partagés. Pour ces deux dames d'un certain âge, le masque est de sortie à chaque fois qu'elles vont en courses. "On aurait dû le mettre tout le temps. Là, Macron attend le 1er août pour que ce soit obligatoire dans les magasins, c'est inadmissible. Pour moi, c'est trop tard. De toute façon, ils nous ont amusés depuis le début de la maladie. Il ne fallait pas mettre de masques, mais ils ont quand même aujourd'hui des morts sur la conscience" déplore cette cliente qui a bien en tête le chiffre des 30.000 morts du covid en France.
Pour d'autres, le masque sera bien une contrainte. Au rayon fruits et légumes, cette jeune femme n'en porte pas. Elle l'assume. "Je ne le supporte pas, ça me gratte de partout. Je ne le mets pas. C'est un choix, e n'ai pas envie de le mettre. Je suis jeune, le masque c'est pour les plus âgés même si tout le monde peut l'attraper le coronavirus" nous explique-t-elle. "Si c'est obligatoire, je le mettrai" lance la cliente pas vraiment convaincue.
Pour cette autre cliente sexagénaire, pas de masque. Parce qu'elle veut pouvoir se maquiller, afficher son physique, montrer son sourire. "J'éviterai de fréquenter les magasins si le port du masque est obligatoire. Je ferai des courses moins souvent" explique-t-elle.
Une baisse de la clientèle attendue dans les cinémas
Le gouvernement précisera ce qu'il entend par lieux clos. Musées, comme cinémas seront bien sûr concernés par la nouvelle mesure. A Besançon, ce cinéma d'art et d'essai a commencé à sensibiliser les clients de la nouvelle réglementation. "Pour nous, ça ne va pas changer grand chose. Les gens étaient déjà obligés de venir au cinéma avec un masque, de se désinfecter les mains à l'entrée, par contre le port du masque va devenir obligatoire dans les salles pendant la séance. Cela va faire un sacré changement, et il y a des gens qui ne voudront plus venir" craint Caroline Perrault, salariée du Cinéma Victor Hugo au centre-ville de Besançon. "L'été est une saison creuse pour les cinémas, on aura encore un peu moins de monde, il faut espérer que cela n'impactera pas un peu plus l'activité" confie la jeune femme. Dans ce cinéma, le personnel effectuera un tour de salle pendant les séances et rappellera si besoin aux cinéphiles que le port du masque est obligatoire.
Quels lieux vont être concernés par le port du masque obligatoire au 1er août en France ?
Le chef de l'Etat lors de son discours a parlé de "lieux publics clos". "Il va y avoir un travail assez rapide de définition" de la part du gouvernement pour savoir "de quels lieux publics on parle, comment l'obligation s'applique", a assuré Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement.
Selon la loi de sortie de l'Etat d'urgence sanitaire du 9 juillet, "le Premier ministre peut, par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la Santé, (...) réglementer (...) les conditions d'accès (...) d'une ou de plusieurs catégories d'établissements recevant du public ainsi que des lieux de réunion, à l'exception des locaux à usage d'habitation".
A Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où cette mesure est en vigueur depuis lundi 13 juillet, la mesure concerne "tout établissement clos recevant du public, que son activité soit d'ordre administratif ou commercial" (commerces, mairie, services publics, parties communes des hôtels, etc.).
Mais pour les médecins signataires d'une seconde tribune, mise en ligne dimanche par Libération, il est "indispensable" que la mesure s'applique aussi "sur les lieux de travail".
"Le virus ne connaît en effet pas la subtilité des définitions administratives des lieux clos, il est le même partout", estiment-ils soulignant que selon Santé publique France, "les locaux professionnels représentent 25% des clusters en cours d'investigation et près de 20% des clusters récents".