Vendredi 12 avril 2024, Anne Vignot, maire de Besançon, a annoncé porter plainte pour cyberharcèlement. Dans son viseur, un "raid" "d'une extrême violence" la visant sur les réseaux sociaux, commencé après sa première plainte déposée contre des militantes du collectif identitaire Némésis, qui avaient porté des pancartes anti-migrants lors du carnaval de Besançon, le 7 avril.
Un harcèlement "ciblé et coordonné d'une extrême violence sur les réseaux sociaux". Vendredi 12 avril, dans la soirée, la maire de Besançon Anne Vignot (Les Écologistes) a annoncé porter plainte pour cyberharcèlement.
Dans son viseur, plusieurs dizaines d'internautes, pour beaucoup anonymes, l'ayant pris à partie sur les réseaux après sa décision, le 8 avril dernier, de porter plainte contre deux militantes du collectif identitaire Némésis, qui, la veille, avaient brandi des pancartes anti-migrants lors du carnaval de Besançon.
Identifier les harceleurs
"Ces deux pancartes" associaient "sans nuances les termes "immigrés" et "violeurs" " indique l'élue écologiste dans son communiqué. "Ces propos essentialisants, qui constituent des incitations à la haine envers les étrangers, m'ont conduit à déposer plainte le même jour pour incitation à la haine raciale", a-t-elle rappelé. "À l'annonce de ce dépôt de plainte, j'ai subi un harcèlement ciblé et coordonné d'une extrême violence sur les réseaux sociaux".
Au-delà des outrages me visant en ma qualité de maire, ou des appels à commettre des crimes à mon encontre, dont des menaces de viol, j'ai reçu des centaines d'injures et propos haineux ou dégradants.
Anne Vignot,maire de Besançon
"Ces attaques ciblées m'ont conduit [e] à déposer plainte afin que les responsables de ce raid soient identifiés et poursuivis", a ajouté la maire. Pour rappel, une des deux militantes de Némésis, une étudiante âgée de 19 ans, a été placée en garde à vue mardi 9 avril durant plusieurs heures avant d'être relâchée. Elle avait reçu une vague de soutien sur les réseaux sociaux. Une autre jeune femme devait être entendue ultérieurement.
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Ce dernier dépôt de plainte est le dernier soubresaut d'une semaine marquée par les actions qui ont suivi la polémique créée par ces pancartes anti-migrants. Jeudi 11 avril, des élus Rassemblement National ont brandi des panneaux identiques, en pleine séance du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, pour soutenir les deux jeunes femmes.
Polémique au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté
Conséquence, la présidente PS de l'institution, Marie-Guite Dufay, à elle aussi porté plainte pour "incitation à la haine". Plus tard, Mme Dufay a également dénoncé l'usage par un de ces élus RN d'une "expression empruntée au vocabulaire nazi" au sein de l'hémicycle : le mot "Untermensch", "sous-homme" en allemand.
Un événement rappelé par Anne Vignot dans son communiqué. "Un des conseillers régionaux du parti d'extrême droite a même utilisé une expression empruntée au vocabulaire nazi", s'est-elle alarmée.
Je dénonce cette action honteuse qui vise, sous couvert d'un prétendu droit illimité à la liberté d'expression, à transformer nos assemblées délibérantes en caisses de résonance de la haine contre les immigrés.
Anne Vignot,maire de Besançon
Thomas Lutz, l'élu RN accusé d'avoir prononcé ce terme, a reconnu les faits et a exprimé ses "regrets". Son groupe politique a également déploré des "propos regrettables" et a annoncé avoir "rappelé à l'ordre" le concerné, sans pour autant le suspendre de ses fonctions politiques.