Kévin Berardi, l'homme qui a admis avoir mortellement poignardé Thomas Mercier en novembre 2021, dans l'immeuble Sidhor situé quartier de la Mouillère à Besançon, sera-t-il jugé responsable de ses actes et présenté devant une cour d'assises ? Les experts psychiatriques livrent des analyses différentes. Explications.
Ce meurtre avait provoqué la stupéfaction à Besançon. Un homme, Kévin Berardi, âgé de 30 ans au moment des faits, avait poignardé 22 fois Thomas Mercier, un ingénieur en horlogerie, avec une paire de ciseau. Il ne le connaissait pas et n'avait jamais croisé sa route. Le drame s'était joué dans l'immeuble Sidhor, situé près du parc Micaud, à Besançon.
Le suspect, qui a avoué les faits, avait expliqué aux enquêteurs au moment de son interpellation avoir vu une banderole "Welcome back Théo" accrochée à l'immeuble situé en face de son hôtel. Un jeune homme revenait de voyage et des résidents lui souhaitaient la bienvenue. L’individu avait été marqué par cette banderole, il a donc voulu pénétrer dans l’immeuble le 23 novembre au matin. "Les raisons de son geste restent très obscures. Il dit être une réincarnation de l’ange Saint-Christophe, et en même temps il décrit de façon très clinique, très précise et avec une froideur extrême l’enchaînement des faits" détaillait à l'époque des faits le procureur de la République Etienne Manteaux.
"C’est la drogue qui m’a rendu fou"
Comment un homme sans antécédents psychiatriques a-t-il pu devenir un meurtrier agissant avec une telle détermination ? S'agissait-il d'une crise de démence ou l'homme jouait-il un rôle auprès des enquêteurs ? Ces questions étaient celles des enquêteurs depuis le début. Les expertises psychiatriques ont enfin été livrées au dossier.
Un premier expert a conclu "à une altération, mais pas à une abolition, ce qui ouvre la voie à un procès pénal possible", a expliqué ce 20 juillet 2023 le procureur de la République. Le mis en examen avait consommé de la cocaïne et des drogues de synthèse "au point de le rendre paranoïaque". "C’est la drogue qui m’a rendu fou, à ne plus tenir en place", a-t-il confié aux enquêteurs.
Un collège de psychiatres a quant à lui déposé d'autres conclusions. "Ils jugent que son jugement a été aboli par un trouble psychiatrique, avec des hallucinations auditives et des voix qu'il entendait", a précisé Etienne Manteaux. C'est désormais au magistrat instructeur de décider si le mis en cause, toujours en détention provisoire, doit être renvoyé ou non devant la cour d’assises. La décision doit être rendue d'ici début septembre.