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Mobilité douce : vivre sans voiture, est-ce possible ?

Dans la famille Mansanet-Lecomte, la mobilité douce est un mode de vie. Le vélo est le moyen de transport jusqu'à l'école des enfants, le travail des parents et leur panier de courses bio. Est-ce que vivre sans voiture est un parcours du combattant ? Réponse dans l'émission Enquête de régions, présentée par Jérémy Chevreuil.

Se passer de la voiture au quotidien peut être motivé par un choix écologique ou économique, mais reste un véritable défi. Dans les grandes agglomérations de Bourgogne-Franche-Comté, la qualité et la disponibilité des transports en commun varie par rapport à celle des zones rurales. La voiture y reste le mode de déplacement le plus pratique. L'émission Enquêtes de Région "Vivre sans voiture, le parcours du combattant" présentée par Jérémy Chevreuil s'intéresse à ce défi. Pour un meilleur éclairage, il en discute avec Aline Vieille, militante à l’Association Vélo Besançon et Thomas Buhler, maître de conférences en aménagement et urbanisme au laboratoire de recherche ThéMA, spécialisé en géographie à l'université de Franche-Comté.

Le vélo, un allié du quotidien pour transporter les enfants

La vie de la famille Mansanet-Lecomte est millimétrée. Le couple et leurs deux filles sont adeptes de la mobilité douce, et effectuent tous leurs déplacements à vélo. Maria Mansanet, la maman, emmène les petites Alba et Laïa à l'école et à leurs activités extrascolaires en vélo-cargo. Un gain de temps pour ne pas subir la circulation du centre-ville de Besançon dans le Doubs. Les tracas qu'accompagnent la voiture disparaissent, tout comme la crainte des bouchons et de la recherche de stationnement à proximité de leur destination.

Pendant que Maria pédale sous les intempéries, ses petites filles sont à l’abri sous une tente de protection et peuvent lire sur le trajet. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, le mode de déplacement ne change pas. La manière de circuler la plus rapide pour la famille est le vélo, et si la météo est capricieuse, un moyen de substitution plus rapide ne s'improvise pas. L'achat d'un vélo-cargo a un coût certain, 4000 euros. Mais en comparant cette somme avec le prix d'une voiture utilisée au quotidien, l'investissement devient intéressant.

La mutualisation des déplacements pour les courses

Anthony Lecomte, le père du foyer emprunte quant à lui le vélo-cargo en soirée. Il s’équipe chaudement pour aller chercher le panier de légumes biologiques. Ce mode de transport développé dans les pays du Nord était initialement utilisé pour livrer des marchandises, ce qui a séduit également la famille pour ses courses du quotidien.

Les Mansanet-Lecomte ont une voiture, qu'ils n'utilisent que pour les vacances. Ils pourraient donc la prendre pour faire les courses, mais auraient du mal à se garer et à être aussi efficace dans leurs temps de déplacement. Pour Anthony le problème est ailleurs : "écologiquement, ça ne tient pas. Je viens acheter et récupérer des légumes biologiques, c’est pas pour venir à cinq minutes en voiture." Le trajet est rentabilisé, car il récupère par ailleurs des produits pour des amis, qui utilisent leur voiture pour aller en grande surface. En échange d'une livraison de poulet, il récupère du papier toilette, des boîtes de tomates ou encore des éponges. Cette mutualisation entre amis limite les déplacements en voiture, et chacun y trouve son compte.

L'utilisation du vélo pour aller au travail

Le couple est aussi adepte du "vélotaf", comme 3 % des Français qui utilisent leur bicyclette de leur foyer à leur travail. Dans le Grand Besançon, on dénombre un peu moins de 4 % de vélo taffeurs en 2020, selon l’Insee. Les actifs des territoires denses et urbains ont naturellement davantage recours à ce mode de déplacement, mais plus surprenant, cette étude démontre que plus on vieillit, plus on utilise le vélo. 

Le trajet d'Anthony Lecomte dure 25 minutes pour parcourir les 7,5 kilomètres entre son domicile et l'IRTS de Franche-Comté, son employeur. Sur les 70 salariés, les trois quarts viennent en voiture. À la période des beaux jours, les collègues viennent en plus grand nombre à vélo, car les intempéries sont également un frein à la pratique. Ainsi, le forfait mobilité durable peut être incitatif. Il n'est pas obligatoire, et est en négociation pour une mise en place en 2024 à l'IRTS. Un coût certain pour les employeurs, qui peuvent prendre en charge jusqu’à 700 euros par an sur cette question des mobilités douces, et jusqu’à 800 euros quand cela se combine à l’utilisation des transports en commun. 

Maria Mansanet est maître de conférences à l'université de Franche-Comté. Sur son bulletin de salaire, elle touche le forfait mobilité durable mis en place par son employeur. L’université investie par ailleurs sur son campus, avec des garages à vélo sécurisés, en diminuant les places de parking pour les voitures, et en créant une nouvelle liaison pour les cyclistes. 

La sécurité, le plus grand frein à la pratique du vélo 

Une fois par mois, Anthony Lecomte retrouve les militants de l'Association Vélo Besançon, l'AVB. Elle intervient depuis plus de 30 ans pour développer la pratique du vélo en toute sécurité. Il explique les raisons qui l'ont poussé à s'impliquer : "L’idée, c'est d’apporter ma pierre à l’édifice, j’ai vraiment envie que les mobilités actives comme le vélo puisse se développer. Et je pense qu’il faut vraiment lutter, il faut porter la voix auprès des élus, de la voirie, pour que les choses changent."

Quand on est à vélo, on anticipe que la voiture n’a pas mis le clignotant, mais va tourner quand même. On anticipe que le piéton regarde le téléphone et marche sur la piste cyclable, de ce côté-là il faut être très attentif. On ne peut pas avoir une minute d’inattention.

Maria Mansanet

Maître de conférences à l'université de Franche-Comté

En Bourgogne-Franche-Comté, une vingtaine d’associations sont en train de se regrouper en collectif pour être plus efficace face aux pouvoirs publics, car la sécurité est l'affaire de tous. Des marquages au sol existent pour avancer sans risques, mais ce n’est pas le cas partout. Les lieux où la piste cyclable s’arrête de manière abrupte pour reprendre plus loin sont nombreux, et parfois anxiogène. La proximité avec les voitures est un facteur de stress et de sentiment d’insécurité pour les cyclistes, comme en atteste une étude récente menée pour les entreprises de la zone Lafayette à Besançon. S’il y avait plus de sécurité, un stationnement adapté et des aides financières, le choix du vélo passerait de 7 à 32 % dans cette zone d’activité.

Un reportage d'Isabelle Brunnarius, Eric Debief, Vincent Grandemange et Emmanuel Dubuis à découvrir dans l'émission Enquêtes de Région "Vivre sans voiture, le parcours du combattant".
Rendez-vous le mercredi 28 février 2024 à partir de 22h55 sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté et déjà disponible sur france.tv.

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