Le collectif Solidarité Migrants Réfugiés (Solmiré) s'est mobilisé à Besançon (Doubs) devant le rectorat lundi 2 septembre pour mettre en avant la situation d'une cinquantaine de jeunes migrants privés de scolarité. Sam et Abdoulaye, témoignent de leur difficulté.
Sam n’a pas fait sa rentrée ce lundi 2 septembre 2024. Originaire de Guinée-Conakry, ce jeune de 15 ans se bat depuis près d’un an pour faire reconnaître sa minorité et avoir accès à l’éducation. “L’école, c'est important pour moi, ma mère a toujours voulu me scolariser, mais elle n’avait pas les moyens. Aujourd’hui, elle est décédée, j’aimerais aller à l’école parce que je sais que c’était important pour elle” témoigne le jeune garçon. Abdoulaye, 16 ans et demi, est, lui aussi, dans une situation similaire.
Ce combat, ils le mènent au côté de l’association bisontine d’aide aux migrants, Solmiré (Solidarité, Migrant, Réfugié). À ce jour, le collectif accompagne administrativement 52 jeunes. Le but : leur permettre d’être reconnu en tant que mineur isolé pour qu’ils puissent rejoindre les bancs de l’école.
Un bras de fer avec les autorités
Depuis plusieurs mois, Solmiré tente le tout pour le tout pour faire reconnaître ce statut de mineur isolé, sans lequel, l’éducation nationale n’est pas forcée de scolariser les jeunes. Ce lundi 2 septembre 2024, peu avant huit heures du matin, le collectif était mobilisé devant le rectorat. “Il nous semblait important symboliquement en ce jour de rentrée de rendre un peu visible la cause de ces jeunes” explique Quentin P., bénévole à Solmiré.
L'éducation nationale qui était un refuge pour ces jeunes devient quelque chose de persécutant.
Quentin PBénévole au collectif Solmiré
En avril dernier, six jeunes ont reçu une affectation scolaire, mais une fois devant l’établissement, ils n’ont finalement pas été accueillis dans leur classe. Une situation que Sam a très mal vécue : “Ce jour-là, j’étais un peu triste. L’école, ça me permettrait d’apprendre à mieux parler français, à lire, à écrire. Je veux apprendre, vraiment, ça me rend triste, ça m’éloigne des gens, je n’arrive pas à m’exprimer correctement, c’est dur”.
Abdoulaye aussi est dans l’incompréhension : “l’année passée, je n'ai pas fait l’école, je suis triste. On ne fait pas d’autre activité, on traîne juste dans la rue comme des clochards. Je pensais que si je venais en France, je serais scolarisé, mais non.”, clame le jeune garçon.
Du côté des autorités, la réponse est claire : “Nous scolarisons tous les jeunes étrangers et isolés dont la minorité est reconnue conformément au Code de l'éducation.”, explique Guillaume Rivoire, responsable communication de l’académie de Besançon. Une position que fustige l’association : “Les magistrats des tribunaux administratifs, des cours d’appel et jusqu’à ceux du Conseil d'État ont condamné à plusieurs reprises l’Éducation Nationale dans les académies où cette même discrimination avait été opérée.”, écrit Solmiré dans son communiqué.
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Face à cette situation, l’association attend “un engagement très ferme de la part de la rectrice dans les prochains jours” explique Quentin P. Sans réaction dans les prochains jours, le collectif promet de porter les 52 cas devant un tribunal administratif : “Ce n’est pas ce que l’on espère, mais on n’a pas le choix” ponctue le bénévole. Le collectif est aussi en lien avec la Défenseure des Droits, Claire Hédon, qui devrait rédiger un rappel à la loi dans les prochaines semaines. Mercredi 4 septembre 2024, à Besançon, une nouvelle mobilisation sera organisée à 15 h 30, la marche partira du rectorat jusqu'à la place Pasteur.