Ils ont adopté une nouvelle manière de voyager, près des locaux, loin des clichés. Ils vagabondent souvent seuls, mais multiplient les rencontres.
Au sein d’une société sur-connectée, certains se servent de la toile pour contrer l’individualisme ambiant. Ces bourlingueurs 2.0 seraient-ils des électrons libres en voie de disparition ?
Adeptes de "couchsurfing", de "warmshowing", et autres anglicismes, ils défendent ardemment les valeurs, toujours pas désuètes, d'hospitalité et de solidarité. Rencontres à Besançon.
Couchsurfing et warmshowing : petit topo sémantique
Ces deux plateformes permettent de dormir chez l'habitant. S'étaler, le temps d’une nuit, sur une parcelle de jardin, un coin de canapé, le lit d’une chambre d’ami. Totalement gratuites, ces deux nouvelles manières, de voyager échappent à la logique marchande. Pas de don contre don : les hôtes n’attendent rien, si ce n’est de ne pas arriver avec une mine trop renfrognée.
Le mécanisme est plutôt simple. Il faut d'abord se créer un profil, préciser ses centres d'intérêts, voyages effectués, langues étrangères plus ou moins bien maîtrisées. Il s'agit ensuite d'envoyer des demandes aux habitants d'une ville en deux clics trois mouvements.
Couchsurfing : j'irai dormir chez vous
Couchsurfing : vient de "couch", canapé, et de "surf", surfer.
La plateforme date de 2004 et fédère 4 millions d'adhérents et 400 000 hôtes dans le monde entier. Outre l'hébergement, le site propose aussi des forums de discussion et répertorie des événements sur une zone géographique donnée.
À Besançon, nous avons rencontré deux voyageurs passionnés : Jérôme (couchsurfer hôte), et Loïc (couchsurfer hébergé).
Voilà ce que Loïc, voyageur Suisse, pense de la plateforme.
Jérôme, Bisontin de 28 ans, nous explique ce qui l'a poussé à héberger des couchsurfers.
Avec Warmshower, on recharge ses batteries
Warmshowing : vient de "warm shower", "douche chaude".
Plus petit, le site recense quelque 200 000 membres dans le monde. Il est réservé aux voyageurs à vélo. Les hôtes peuvent proposer le gîte et le couvert, la douche chaude, un local à vélo. De quoi recharger les batteries, au sens propre comme au figuré.
Le warmshowing en pratique, c’est Nathan, 23 ans, qui nous le raconte. L'entrevue s'est déroulée au téléphone, alors que l'étudiant bisontin descendait le col des Saisies (notre interlocuteur maintient que le kit mains libres est autorisé à guidon).
Quel est ton voyage à vélo ?
Je suis parti le 30 juillet de Besançon. Je parcours environ 90 km par jour. J’envoie mes demandes warmshowing 24 h ou 48 h à l’avance. Généralement, je regarde les profils des hôtes de la ville où je pense arriver, je leur envoie un message et ils me disent s’ils sont disponibles et disposés à m’accueillir.
Pourquoi as-tu choisi d’utiliser warmshowing ?
J’alterne avec du camping sauvage et du couchsurfing. C’est confort, gratuit, mais ça permet aussi et surtout de faire de belles rencontres. Je voyage tout seul, mais avec warmshower je ne le suis jamais vraiment ! Ca permet aussi de recharger mes batteries de téléphone, de GPS, etc.
Ce n'est pas gênant de s’incruster chez les gens ?
Non ! Je m’y sens bien. Les gens qui t’accueillent sont très bienveillants. Sur le site, ils te disent déjà clairement ce qu’ils ont à donner : le gîte et le couvert, le repas du soir ou le petit-déjeuner, ça dépend. Certains proposent de garder ton vélo ou de t'aider si besoin. La dernière fois en Ariège, mes hôtes sont venus me chercher parce que je n'arrivais plus à avancer avec mon vélo !
Ta plus belle rencontre ?
En Allemagne, à 100 km de Strasbourg j'ai été hébergé par un warmshower cinquantenaire. On est devenus très amis par la suite. On s'est retrouvés plusieurs fois, notamment pour voyager à vélo dans la forêt noire.