Les greffiers se mobilisent pour réclamer une revalorisation salariale à la hauteur de leurs attentes et pour dénoncer le manque de moyens, alors que l'intersyndicale devait être reçue cet après-midi au ministère de la Justice.
Les greffiers sont en colère. Comme dans beaucoup d'autres villes françaises, les greffiers franc-comtois se sont mobilisés ce lundi 26 juin 2023. Ils étaient une cinquantaine à se réunir dans la cour du Palais de justice de Besançon (Doubs). Un mouvement décrit comme "spontané" pour protester contre le projet de revalorisation salariale jugé largement insuffisant et pour dénoncer plus largement la situation de cette profession méconnue.
Les greffiers, qui sont environ 80 au Palais de justice de Besançon, sont actuellement rémunérés entre 1 730 et 2 590 euros bruts par mois, en fonction de l'échelon. La nouvelle grille salariale ferait passer le premier échelon de 1730 à 1760 euros. Une différence de 30 euros. Le dernier échelon passerait quant à lui de 2 590 à 2 760 euros bruts. Insuffisant, selon les syndicats.
"Un greffier, ce n'est pas le pauvre idiot à côté du juge d'instruction dans les séries télé", a déclaré le représentant des greffiers élus. Le rôle de ces fonctionnaires est en effet peu connu, mais essentiel et surtout de "haute technicité", ont-ils voulu rappeler.
Les greffiers, diplômés d'un bac +4, sont essentiels au bon déroulé de la procédure. Ils sont notamment chargés d'authentifier les actes juridictionnels, de rédiger les procès-verbaux, de renseigner les justiciables et de faire le lien avec les avocats.
Actuellement, ce sont des fonctionnaires de catégorie B. Ils réclament un statut de catégorie A qui leur permettraient de sortir d'une "grille salariale de misère".
Manque de moyens et des jours sans fin
Plus largement, les greffiers dénoncent leurs conditions de travail. Ils disent souffrir d'un "manque de moyens humains et matériels" avec "des logiciels qui ne sont pas du tout adaptés aux réformes récurrentes" et un "manque de recrutements pour compenser les départs en retraite", selon une greffière bisontine interrogée par notre journaliste Violette Patoz.
"Et même si l'ensemble des postes étaient pourvus, on travaille déjà à flux tendu", dit-elle. Parce qu'ils accompagnent l'ensemble de la procédure, leurs amplitudes horaires peuvent être très larges. "Un greffier, il sait à quelle heure il débute sa journée, mais il ne s'est pas quand il termine. Les audiences peuvent durer parfois jusqu'à minuit, sans réelle pause".
Mais à force, cette surcharge de travail se fait ressentir. Les heures s'enchainent, mais "il faut assurer la continuité du service public", poursuit cette greffière. "On doit aussi faire face à l'impatience des justiciables". Une pression que beaucoup ne supportent plus.
Le projet de loi du ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti prévoit le recrutement de 1 500 greffiers (un nombre porté à 1 800 par les sénateurs). Pour Hervé Bonglet, secrétaire général de l'Unsa Services judiciaires (majoritaire), ce ne sera dans tous les cas pas suffisant. "On est 11 000, il en faudra environ 16 000 si on suit les standards de nos voisins européens", estime-t-il.