Après la période des fêtes, place au Dry January ou défi de janvier. Alors que la sensibilisation aux méfaits des boissons alcoolisées se fait forte durant ce mois, est-ce que les alternatives à l'alcool ont-elles plus de succès ? Éléments de réponse.
"On fait attention. Ça nous sensibilise quand même le mois sans alcool, on voit trop de dégâts par rapport à cela", soutient Pascale, cliente venue chercher un vin sans alcool pour sa petite fille enceinte à la cave Maison Barthod à Besançon, dans le Doubs. Les dangers de l'alcool, cette cliente les connaît malheureusement bien. Elle a perdu son père et une autre personne de sa famille à cause d'une cirrhose.
Pascale est satisfaite par le goût du vin sans alcool. "On a l'impression d'avoir du champagne dans le verre", décrit-elle au micro de nos journalistes Lilia Aoudia et Fabienne Le Moing. Mais cet avis n'est pas partagé par le gérant de la cave, Sébastien David : "J'en ai goûté beaucoup et je n'ai jamais trouvé des choses qui se rapprochent du vin. Ça tire plus sur le jus de raisin". À la demande de sa clientèle, ce passionné s'est mis à commercialiser du vin sans alcool en 2024. Il compte trois références : un pétillant, un blanc et un rouge.
De faibles ventes
Le caviste ne se dit pas convaincu par le vin sans alcool. Pour lui, il vaut mieux consommer un bon jus de raisin qu'un vin sans alcool. Un avis peut être partagé par les consommateurs puisque les ventes de vin sans alcool n'ont pas augmenté à l'occasion du mois de janvier, selon le caviste. Les ventes de boissons alcoolisées ont pourtant baissé en janvier 2024.
La boutique Hyperboissons vend des vins sans alcool depuis plus longtemps. Mais en six ou sept ans, les ventes n'ont pas augmenté drastiquement et restent relativement faibles. "Même sur le mois de janvier, on n'a pas d'explosion des chiffres", précise Christophe Vichot, gérant du magasin. À l'inverse, les ventes d'alcool sont en légère hausse : "On est aujourd'hui dans un secteur où l'alcool se porte bien".
Les gens achètent pour se rendre compte de ce qu'est le vin sans alcool et se rendent vite compte qu'il y a quand même une réelle différence.
Christophe Vichot
La cave Nicolas à Besançon propose aussi des vins sans alcool. Dans sa boutique sont exposés des vins blancs, des vins rouges et des rosés sans alcool. Selon Tony Nolot-di Gregorio, qui a repris la boutique il y a deux ans, les boissons sans alcool sont en légère hausse au niveau des ventes depuis quelques années.
Des vins sans alcool de betterave et de thé
Tony propose deux sortes de vins sans alcool : des vins dont on a enlevé l'alcool et d'autres styles de vin qui ne sont pas à base de raisin. Le gérant préfère ces derniers.
"La problématique des vins désacoolisés c'est qu'en enlevant l'alcool, on perd la teneur, le goût du vin. Et on rajoute à côté de cela des édulcorants pour maintenir le produit, donc on n'est pas sur quelque chose de très grande qualité", explique-t-il. C'est pour cette raison que l'amateur de vin s'est lancé dans la recherche de produits alternatifs.
En janvier, les gens viennent moins à cause des fêtes qui ont eu lieu juste avant.
Tony Nolot-di Gregorio
Tony s'est tourné vers des vins blancs sans alcool produit à base de thé et des vins rouges sans alcool avec une base de betterave. "Pour le vin rouge, on reconnaitra le côté terreux de la betterave, c'est pour cela que cela peut aller avec la viande", précise-t-il. Et de compléter : "Pour le vin blanc à base de thé, on appréciera le côté fleural". Pour se procurer un vin à base de betterave, il faut compter 13,90 et 16 euros pour un vin blanc à base de thé. Les boissons à base de vin désalcoolisés s'élèvent, quant à elles, à 6,95 euros.
Pour l'instant, ses clients préfèrent se tourner vers du vin désalcoolisés : "Ils veulent garder une base de raisin". Mais Tony espère faire découvrir ses autres sortes de vins sans alcool. Ce weekend, il organise une dégustation de vins où il proposera ses vins sans alcool qui ne sont pas à base de raisin.