Cinq ans après l'incendie, Notre-Dame de Paris renaît grâce au savoir-faire ancestral de milliers d'artisans. Parmi eux, des charpentiers du Doubs, fiers d'avoir œuvré à la restauration de ce chef-d'œuvre. Une aventure humaine et patrimoniale saluée par Emmanuel Macron.
Cinq ans après seulement, elle renaît de ses cendres. Notre-Dame de Paris, victime d'un gigantesque incendie le 15 avril 2019 a été restaurée par des milliers de petites mains, celles des artisans engagés pour lui offrir une seconde vie. Notre-Dame sera inaugurée samedi 7 décembre en présence d'une cinquantaine de chefs d'État dont Donald Trump. La première messe y sera célébrée dimanche 8 décembre, les visiteurs pourront accéder à l'édifice à partir de lundi 9 décembre.
"Un grand moment de rentrer dans cette cathédrale toute neuve"
Lors de la visite en avant-première de la cathédrale, vendredi 29 novembre, Emmanuel Macron a rendu hommage aux artisans qui ont rebâti Notre-Dame. "C'était magique", "c'était un grand moment de rentrer dans cette cathédrale toute neuve”, témoignent Mirza Hodzic et Paul Zahnd, charpentiers à l'atelier de la Grande Oye, à Lods dans le Doubs. Beaucoup d’émotions pour eux, d’avoir pu participer à ce chantier unique et la fierté de faire partie de “ces gens qui se réunissent pour des projets aussi beaux”.
Dans le cortège des anonymes, ces charpentiers comtois, aujourd'hui de retour dans leur atelier, sont encore bouleversés par la splendeur des lieux. "On se sent pris complètement par la grandeur, par l'émotion. On sent qu'il se passe quelque chose émotionnellement et spirituellement à l'intérieur de ce lieu", confie Mirza Hodzic.
Les charpentiers de la vallée de la Loue ont construit pendant plusieurs mois, modestement, disent-ils, une partie des fermes, ces éléments de la charpente de la nef. Un travail de patience, car ici les poutres sont équarries à la main, taillées à la hache, à l'ancienne. Nous les avions rencontrés à l'œuvre, en août 2023.
Un savoir-faire ancien mis à l'honneur
Ce savoir-faire a été mis en lumière par le chef de l'État lors de la visite. “Le président nous a remercié d'avoir remis ces techniques à l’ancienne au goût du jour. C’est une belle récompense”, explique Mirza. Pour Paul, qui travaille de cette façon depuis 15 ans, cette reconnaissance est importante. “Ça fait des années que l'on fait ça et on n'a pas toujours été reconnus du tout. On a souvent été pris pour des hurluberlus de la charpente, se souvient-il. Mais on a fait appel à nous pour le plus beau monument de France, c'est un honneur.” Le projet Notre-Dame a mis en lumière la beauté du travail à la main, un savoir-faire qui est en train de disparaître. “Pour nous, c'est sûr que c'est une consécration d'être reconnu là-dedans parce qu'on aime énormément ça", poursuit Paul Zahnd.
Dans leur atelier, pas de machine, des outils comme autrefois et l'amour d'un métier qui, nous dit-on, ouvre le cœur et forge la sensibilité. Un métier en pleine renaissance. "Depuis 10 ans, on voit qu'il y a un intérêt croissant et de la part des gens qui veulent se former et de la part des potentiels clients. Depuis Notre-Dame, ça a été carrément propulsé, ça a vraiment mis en avant ces techniques-là, leur durabilité, leur aspect écologique. Il y a plutôt un engouement vers ça."
Aujourd'hui, le carnet de commandes des charpentiers est bien rempli entre les restaurations de patrimoine et les projets de particuliers. Mais Notre-Dame gardera une place unique dans leur cœur, eux qui ont façonné de leurs mains une partie des cieux de la cathédrale la plus célèbre de France.