Depuis plus d'une semaine, Stéphane Valory, chauffeur de bus à Besançon (Doubs), conduit les athlètes lors des Jeux Olympiques de Paris 2024. Une expérience "irréelle" pour ce fan de sport. Témoignage.
Il le dit lui-même, "jamais je n'aurais cru vivre ça un jour". Depuis plus d'une semaine, Stéphane Valory vit "un rêve éveillé" aux Jeux olympiques de Paris 2024. Pourtant, il ne fait pas partie des sportifs qui illuminent la capitale française.
Ce n'est pas non plus le membre d'un staff technique, ni un cuisinier du village olympique. Non, l'homme de 44 ans, chauffeur de bus à Besançon (Doubs) tout au long de l'année, est chargé lors de ces Olympiades de transporter les athlètes.
Salarié du groupe Keolis, entreprise chargée des transports aux JO et également au Grand Besançon Métropole (GBM), Stéphane a été sélectionné par sa direction. Un pur bonheur pour ce passionné de sport depuis tout petit. "C'est incroyable" confie-t-il à France 3 Franche-Comté. "En décembre, on a su que 12 chauffeurs de Besançon étaient demandés pour les Jeux olympiques. J'ai tout de suite voulu y aller. J'ai quand même préféré demander à ma femme avant de m'inscrire, qui m'a dit de foncer".
Selfies et communion avec les sportifs
Un mois plus tard, Stéphane apprend la bonne nouvelle, il est sélectionné, sans doute grâce à ses 18 années d'expérience. "Ça a été une joie intense" reprend-il. "Pour moi, ça représentait beaucoup. Une chance mais aussi une fierté. Je suis fan de sport depuis l'enfance, je me revois me lever tôt pour regarder les Jeux organisés à l'autre bout du monde". Aujourd'hui, il les vit intensément.
C'est une expérience unique. Il y a deux jours, j'ai transporté l'équipe de volley féminine de République dominicaine à leur match. J'étais sur un nuage.
Stéphane Valory,chauffeur de bus des athlètes aux Jeux olympiques
"Il y avait une très bonne ambiance, j'étais dans l'intimité de l'équipe, des moments fous à vivre" raconte-t-il. "J'ai pu regarder leur rencontre avec le staff, j'ai vécu leur célébration de victoire dans le bus retour. Ça a chanté, elles m'ont toutes tapé dans la main en remontant, on a fait des photos. Rien que d'en reparler, ça me met les frissons".
Se repérer à Paris, une vraie épreuve
Voilà de quoi est fait son quotidien depuis plusieurs jours. "C'est sur le fil" sourit Stéphane. "On ne connaît nos horaires qu'au dernier moment. Parfois, on commence à 5h du matin, parfois, on travaille de nuit. Ça change constamment, car on est dans une grosse machine".
Une grosse locomotive, lancée dans les rues de Paris. "Ça aussi, il a fallu l'appréhender" confie le quarantenaire. "Je n'avais jamais conduit des bus dans la capitale. On s'en sort bien, on a des couloirs dédiés sur les routes. Mais il faut aussi arriver à se repérer et suivre le GPS correctement". Une mission plus difficile qu'on ne le croit. "À l'aller, les athlètes sont souvent stressés. On ne veut pas les mettre en retard donc c'est un mélange de stress et d'excitation".
Il y a beaucoup d'exigence. Certains collègues plus jeunes n'ont pas tenu le coup, et ont démissionné.
Stéphane Valory,chauffeur de bus des athlètes aux Jeux olympiques
Stéphane, lui, a tenu bon, "même si je me suis fait une petite frayeur en loupant une sortie". "Ça nous a rajouté quelques minutes" se rappelle-t-il. "J'ai bien vu que derrière, ils me regardaient un peu. Mais ça reste une expérience unique, une vraie aventure". Le mot aventure n'est ici pas galvaudé. "On loge à l'hôtel avec tous les collègues" continue le chauffeur de bus. "On mange ensemble, on vit ensemble, on se raconte tout, on est tous excités. Humainement, c'est très fort".
"Les trajets, nos épreuves à nous"
Et si certains autres chauffeurs regrettent "quelques couacs, au niveau des itinéraires, des changements d'hôtels ou des repas souvent constitués de salades", Stéphane, lui, ne regrette rien. "Nous vivons des moments magiques, nous participons à l'un des plus grands événements sportifs de tous les temps. Il faut relativiser et se dire que nous avons apporté une petite pierre à ce grand édifice".
Car oui, le rôle de ces chauffeurs, véritables travailleurs de l'ombre de ces Olympiades, est essentiel et souvent méconnu du grand public. "Mais on n'est pas les stars, attention" souligne humblement Stéphane. "Les trajets, ce sont un peu nos épreuves à nous". Alors que ces JO touchent à leur fin, le Bisontin profite de ces jours de repos pour aller assister à des épreuves. "Je suis allé au Stade de France, pour voir l'athlétisme" précise-t-il. "J'étais comme un gosse".
Je rêve de transporter l'équipe de France de handball, que j'adore. Et puis mes proches me réclament une photo avec Teddy Riner, mais il ne se déplace pas en bus. J'aurais adoré.
Stéphane Valory,chauffeur de bus des athlètes aux Jeux olympiques
Stéphane pourra se consoler. Il travaillera lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris 2024 ("de 22h à 16h"). Des adieux déchirants ? "Non, car je reviens pour les Paralympiques" s'amuse le chauffeur. "Là aussi ça va être dingue. Et je n'en ai jamais assez. Paris est magique".
Puis viendra le départ de la capitale avec des "souvenirs pour la vie". Et des adieux à l'olympisme ? "On verra" glisse malicieusement Stéphane Valory. "Les Jeux olympiques d'hiver 2030 auront lieu en France. J'aurai de l'expérience, donc pourquoi pas retenter ma chance ?"