Trois graffeurs bisontins, Mattéo, Nacle et Petas ont choisi de s'exprimer au nom de la démocratie sur le mur libre situé en face du FRAC et du conservatoire. Quand la culture elle aussi se met au service de la contestation sociale envers la réforme.
Au départ il y a Mattéo et Nacle, deux graffeurs de Besançon qui peignent ensemble. Au vu de l'actualité, ils se disent qu'ils aimeraient "donner de leur art". Ils ne savent pas encore quelle forme prendra leur mécontentement.
Puis quand le 20 mars, la réforme est adoptée à l'Assemblée Nationale avec le rejet des deux motions de censure, Mattéo ne peut plus attendre.
Ni une, ni deux, il choisit le mur en face du conservatoire de Besançon et y pose un aplat pour marquer le terrain et engager le travail. Il est persuadé à ce moment là que d'autres le rejoindront.
Il a eu raison d'y croire car très vite deux autres graffeurs bisontins, Nacle et Petas prennent eux aussi les pinceaux.
Le mot "démocratie" est inscrit en rouge. Il surplombe. Il prend la largeur de l'aplat. En contre-bas de la fresque, du feu, des pneus, des scènes de Révolution et de guerre peintes en noir. Au centre, immense, blanche, Marianne occupe la place d'honneur. A ses côtés Gavroche.
C'est le minimum qu'on peut faire de leur donner de la force et de l'espoir aux gens qui se battent pour la démocratie et la liberté.
Mattéo, graffeur bisontin
Pour lui, il est plus qu'important de réagir face à la crise que traverse la France avec le passage en force de la réforme des retraites et le recours à l'article 49.3. Pour lui c'est nécessaire.
Il faut faire comprendre que c'est grave ce qu'il se passe. On ne doit pas tomber dans un système absurde, contrôlé par l'argent et l'appât du gain.
Mattéo, graffeur bisontin
Le travail commencé mardi 21 mars, devrait se terminer vendredi 24 mars. Au gros rouleau, à bout de bras, c'est un travail compliqué et technique. Le portrait de Marianne est une première pour Mattéo qui travaille habituellement des personnages inventés. Mais aujourd'hui, il colle à la réalité.
Une réalité qui parle aux passants. Ils sont très nombreux à prendre en photo la fresque, à descendre pour discuter avec les artistes. Mattéo souligne que ce sont des personnes de tous âges, d'univers différents. Rien à voir avec les curieux habituels de son travail. Preuve qu'ils ont visé juste face à une soif de démocratie.