Quand Besançon était ville thermale : 60 ans après, Edith se reconnait sur une vieille photo des thermes aujourd'hui disparus

C'est la belle histoire de cette rentrée à Besançon grâce aux réseaux sociaux. Une photo oubliée des thermes détruits de Besançon fait ressurgir le passé. Quand la petite histoire rencontre la grande, elle nous permet de redécouvrir cette ville d'autrefois que seuls nos anciens ont gardé en mémoire. Le temps où Besançon était une ville thermale.

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Beaucoup l'ont oublié. Il ne reste que quelques vestiges, mais Besançon a été autrefois une ville thermale. Au XIXe siècle, on venait à "Besançon-les-Bains" pour prendre soin de sa santé. Les plus anciens se souviennent encore de ces magnifiques bâtiments qui faisaient face au parc Micaud.

C'est ainsi qu'une photo montrant l'entrée des thermes sur la page Facebook Besançon, j'aime ma ville d'autrefois a permis à un grand nombre de personnes de découvrir ou redécouvrir ce passé disparu. Mais pas seulement. Une Bisontine a eu la très grande surprise de se reconnaitre presque 60 ans plus tard sur ce cliché. Voici l'histoire de la dame au manteau rouge, devant les thermes disparus. 

Tout commence par une simple photo sur les réseaux sociaux

Laurent Belot est tombé dans la marmite des souvenirs très tôt. Adolescent, il découvre chez sa grand-mère, de vieilles photos de famille en noir et blanc dans les tiroirs d'un secrétaire. "Lors de discussions de famille, j'entendais parler de lieux, de commerces aujourd'hui disparus. Cela attisait ma curiosité de savoir qu'il y avait eu un avant, que je ne connaissais pas, mais que j'avais envie de retrouver au travers de clichés". 

Le 6 septembre 2022, Laurent partage sur la page Facebook Besançon, j'aime ma ville d'autrefois, une photo de l'entrée des thermes prises par Louis, le frère de son père en 1966. Pour ce Bisontin passionné d'histoire qui collectionne les articles de l'Est Républicain sur sa ville, le cliché va soudainement le ramener au présent. Son œil est aussi attiré par cette femme au manteau rouge qui apporte une touche de couleur dans cette ambiance de pierre. Peu de temps après, Laurent reçoit alors un surprenant message. 

La dame au manteau rouge de la photo s'était reconnue presque soixante ans après ce cliché. Elle s'appelle Edith et habitait près des thermes. Cinquante-six ans après, nous l'avons retrouvée. Il ne lui manque que sa jeunesse et son petit manteau rouge. 

Edith Meusy, la femme au manteau rouge

La photographie a toujours fait partie de la vie d'Edith. Fille et petite fille de photographe très connu depuis les années vingt à Besançon, elle a même travaillé dans le studio de son père. À 76 ans, cette Bisontine aime parcourir les vieilles photos de Besançon sur les réseaux sociaux. Ordinateur sur les genoux, la page de Besançon, j'aime ma ville d'autrefois est parcourue chaque jour avec intérêt. Le 6 septembre 2022, un cliché va particulièrement retenir son attention

"En regardant les vieilles photos de Besançon sur l'un de mes sites préférés, je m'arrête longuement sur une photographie de l'entrée des thermes. Cela me touche, car je suis née à quelques mètres de là et j'ai toujours adoré l'endroit. Et puis je vois ces dames sur un banc qui discutent et avec stupéfaction, je réalise que cette dame au manteau rouge, c'est moi" nous raconte avec un sourire malicieux Edith qui retrouve ses vingt ans l'espace d'un instant. 

Et c'est volontiers que Edith s'est prêtée au jeu de revenir sur les lieux de ce cliché. Pour cette femme aux mille vies, tour à tour photographe, assistante de Pierre Mendes-France et ingénieure en aérospatiale. "L'endroit à bien changé", nous explique Edith. "Nos belles thermes ont laissé place à un grand hôtel. Ce n'est pas le même décor, mais j'aime ce quartier et j'y suis très attachée. Je suis née ici et je mourrai ici ". 

Une ville marquée par le thermalisme

Beaucoup l'on oublié, mais l'histoire de Besançon a été marquée par ses thermes durant près d'un siècle. Aujourd'hui, il ne reste que quelques traces architecturales de ce passé, car les thermes ont été détruits à la fin des années soixante.

Pascal Brunet est historien de l'architecture de Besançon. Guide conférencier, il aime partager avec les touristes et les habitants de la ville, les traces de son passé. Le 1er novembre 1891, la première pierre des bains est posée sur le site qui fait face au Parc Micaud. 

Comme tout établissement  thermal, Besançon a ses spécificités. "On soigne ici les lymphatiques et les scrofuleux ainsi que des affections chirurgicales, principalement osseuses et articulaires. Les maladies nerveuses chroniques étaient également prises en charge", nous explique l'historien.

Les thermes sont équipés de soixante-quatre cabines reparties en trois classes selon les revenus des patients. Revêtues de céramiques de couleurs vives, les malades peuvent bénéficier de différents bains et d'électrothérapie. "On y trouve également une pâtisserie, des comptoirs de journaux, un magasin de souvenirs et une buvette d'eau minérale. Beaucoup plus surprenant était la présence d'une laiterie où l'on pouvait suivre une cure en buvant du lait de Mamirolle, du kéfir et du petit-lait", nous explique Pascal Brunet.

L'hôtel des bains sera le dernier bâtiment à être inauguré fin 1893. Symbole de modernité, il propose 80 chambres luxueuses. Il propose à ses clients un ascenseur, un réseau d'éclairage électrique et une ligne directe de téléphone. 

Besançon-les-Bains connaît un essor très important jusqu'au début du XXe siècle avant de tomber en déclin. La chute des recettes et la disparition des grands défenseurs du thermalisme bisontin au niveau politique va accélérer sa chute.

  

Pour Pascal Brunet, "La destruction de cette magnifique réalisation de la Belle Époque est une perte cruelle pour le patrimoine de la ville. Heureusement, les nombreuses cartes postales et photographies anciennes constituent un trésor qui conserve la mémoire de ces joyaux hélas disparus."

Malgré quelques problèmes de santé, Edith aime toujours venir se promener et s'asseoir sur un banc dans le parc de la Mouillère. Elle y retrouve quelques traces de ce beau passé architectural et de sa jeunesse.

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