Besançon accueille, les 15 et 16 novembre 2023, la 3e édition des assises nationales des insectes pollinisateurs, alors que s'effondrent ces populations essentielles à la vie humaine. L'événement réunit, à l'initiative de la ville, plus de 200 élus et professionnels pour apporter des réponses.
Pendant deux jours, les 15 et 16 novembre, Besançon accueille les assises nationales des insectes pollinisateurs. Avec des populations en chute libre depuis des années, les abeilles, guêpes, papillons et consorts sont au cœur des préoccupations écologiques, parce qu'essentielles... à la survie de l'espèce humaine.
"Sans insecte pollinisateur, la Terre telle qu'on la connaît n'existe plus," assène Hugues Mouret, directeur scientifique d'Arthropologia, association lyonnaise qui co-organise les assises. Apiculteur à Vantoux-et-Longevelle (Haute-Saône), Laurent Rivet abonde dans son sens : "avec ces baisses de populations d'abeilles, on risque d'avoir des fleurs qui ne sont plus pollénisées. Et elles disparaîtront."
"Sur la planète, 9 plantes à fleur sur 10 sont là grâce à la pollinisation. Vous les enlevez, on perd 90% de ces plantes et trois-quarts des sources d'alimentation humain, poursuit Hugues Mouret. Ça veut dire plus d'acides aminés, d'oligoéléments, de fibres, tout ce que peuvent nous apporter les fruits et les légumes et qui est indispensable à la santé humaine. Sans insecte pollinisateur, la Terre change radicalement de faciès et on n'a clairement plus assez à manger."
Agir de façon transversale
La lutte contre la disparition progressive de ces espèces discrètes ne doit plus attendre et doit toucher tous les décideurs et professionnels. Ces assises réunissent "plus de 200 participants issus de quatre : les milieux urbanisés, productifs (agricoles, sylvicoles, horticoles...), aménagés (carrières, infrastructures linéaires de transports) et naturels," décrit le naturaliste. Ces tables-rondes les font débattre de façon transversale pour trouver des solutions à grande échelle.
Il existe de nombreuses solutions pour enrayer cette crise des insectes, et la ville de Besançon n'est pas en reste. C'est la municipalité qui a initié ces assises en 2018, dont c'est aujourd'hui la 3e édition. Depuis, les grands projets d'urbanisme sont pensés en adéquation avec la survie des insectes.
À Besançon, on repense le fleurissement, la gestion différenciée de nos espaces verts. Auparavant, on privilégiait des fleurs annuelles très jolies mais qui consommaient énormément d'eau, et on en changeait trois ou quatre fois par saison. Aujourd'hui, on choisit des vivaces, c'est tout aussi joli et ça protège la biodiversité.
Fabienne Brauchliadjointe à la mairie de Besançon en charge de la biodiversité
Chaque citoyen peut agir, à son échelle, pour la sauvegarde des abeilles et donc de la biodiversité. "Il est temps de regarder en face la nourriture et son impact sur l'environnement. Il y a un mode de production agricole dominant qui est basé sur un arasement de la nature, pour utiliser les champs comme de grands pots de fleur. (...) On peut agir sur nos courses. On reste dans un système qui s'intoxique lui-même parce qu'on le finance," préconise Hugues Mouret.
Chaque propriétaire d'espace vert, que ce soit un jardin, un balcon, une terrasse ou un pied d'immeuble, peut aussi agir. Ils représentent des millions d'hectares en France métropolitaine et "sont souvent gérés de façon abusive," regrette Hugues Mouret.
Si la seule personne qui passe sur un espace tondu, c'est la personne qui tond, c'est qu'on a perdu. Si personne ne joue au foot, se fait bronzer, se repose ou lit son livre sur la pelouse, alors il n'y a aucun intérêt à utiliser une machine qui consomme de l'énergie fossile et couper en petits morceaux l'herbe et les bêtes qui vivent dessus.
Hugues Mouretnaturaliste et directeur scientifique d'Arthropologia
Les assises nationales se clôtureront jeudi 16 novembre par une rencontre grand public à partir de 19 heures.