Santé mentale des adolescents : "les jeunes sont très sensibles à l'état émotionnel de leurs parents"

Les adolescents ne sont pas épargnés par les troubles psychologiques. À l'occasion des "semaines d'information sur la santé mentale", du 9 au 22 octobre, le point sur la santé mentale des adolescents en Franche-Comté.

Les premiers symptômes des troubles psychiatriques chroniques surviennent souvent à l’adolescence ou à l’entrée dans la vie adulte. Le repérage précoce de ces différents troubles est un enjeu majeur, car c'est un facteur déterminant pour l'efficacité de la prise en soins des patients et de leurs familles.

Au contexte de fragilité propre à l’adolescence, s’ajoute l’impact des effets de l’épidémie de Covid-19 sur la santé mentale des jeunes. Pour certains d’entre eux, le confinement et ses conséquences ont pu être des révélateurs ou des accélérateurs d’une grande souffrance psychologique : stress et angoisse liés à la peur de la contamination auxquels sont venus s’ajouter les tensions familiales, l’isolement social, la rupture de prise en charge et d’accès aux dispositifs de droit commun ou encore l’exacerbation du sentiment de solitude.

 Les choses ont évolué après le confinement. Pas pendant mais à la sortie du confinement. On a vu arriver aux urgences, plus de tentatives de suicide et plus de troubles alimentaires. Il y a eu un resserrement familial. Il faut prendre les choses en écho de ce que vivent les parents. Les jeunes sont très sensibles à l’état émotionnel de leurs parents.

Sylvie Nezelof-Cheffe du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent

Démotivation, décrochage scolaire, repli, refus scolaire anxieux ont été constatés par des professionnels de l’Éducation nationale, des pédiatres, pédopsychiatres et de nombreux parents.

Repérer, diagnostiquer et orienter rapidement

Repérer, diagnostiquer et orienter rapidement vers des professionnels qualifiés permet de prévenir des crises aux conséquences parfois dramatiques. Problème, par manque de place et de spécialistes, les jeunes peuvent attendre plusieurs mois avant une prise en charge.

Le problème de la psychologie actuelle c’est que c’est une spécialité en tension. Un tiers des postes de praticiens spécialisés est vacants. C’est un vrai souci.

Professeure Sylvie Nezelof-Cheffe du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent

Il faut dire que la psychiatrie fait partie des spécialités qui sont choisies en dernier par les étudiants, en fin d’internat. Le recrutement est donc particulièrement difficile. Sylvie Nezelof avoue que dans les régions comme la nôtre, faire de la pédopsychiatrie en libéral, est compliqué. Les consultations sont plus longues : de 1h à 1h30. Il faut faire beaucoup de liens avec l’établissement scolaire, les familles, les différentes spécialités. Cela prend beaucoup de temps et la spécialiste le concède : ce n’est pas rentable.

Quels sont les lieux d’accueil et de soin pour un adolescent en souffrance ?

La première écoute peut venir de l’établissement dans lequel est scolarisé le jeune. Le médecin scolaire a un rôle à jouer. Il peut ensuite orienter vers des dispositifs plus appropriés. Les maisons de l’adolescent reçoivent des jeunes âgés de 12 à 20 ans. Avec ou sans parents, avec ou sans rendez-vous. Chaque année, des équipes pluridisciplinaires reçoivent jusqu'à 800 adolescents originaires de Besançon et d'une soixantaine de communes environnantes.

Les parents peuvent aussi être reçus, écoutés et orientés tout comme les professionnels en lien avec le monde l'adolescence (enseignants, travailleurs sociaux, médecins). Dans les centres de guidance infantile ou les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) sont proposés un suivi et un accompagnement des enfants et adolescents de 0 à 20 ans qui éprouvent des difficultés d'apprentissage, des troubles psychomoteurs, du langage ou des troubles du comportement.

Présents dans chaque département, les CMPP assurent une fonction d'accueil, d'écoute et de soins auprès des enfants et de leur famille, sous forme de consultations ambulatoires. Viennent ensuite les hospitalisations. À Besançon, à l’hôpital Saint-Jacques, existent deux unités. Une de 14 lits pour des hospitalisations longues et une autre de 7 lits pour des hospitalisations « de crise ». En 2026, le service déménagera aux Hauts-du-Chazal. Avec le même nombre de lits. Récemment, un hôpital de jour a vu le jour à Planoise avec des possibilités de prise en charge allant de deux jours à une semaine.

Longtemps taboue, la santé mentale des enfants ne peut plus être passée sous silence. En 2021, La Défenseure des droits a appelé "à prendre la pleine mesure de l’enjeu décisif que représente la bonne santé mentale des enfants". En 2022, l’Unicef France a placé la santé mentale des enfants comme l’un des défis majeurs pour le 3e millénaire.

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