Témoignage. Confinement à Shangai en Chine : tests, colis de légumes... Charlotte, Française, raconte son quotidien

Publié le Mis à jour le Écrit par Sophie Courageot

Charlotte Jeanningros, originaire de Chay dans le Doubs près de Besançon fait partie des Français confinés depuis le 1er avril dans la ville de Shangai en Chine. Un confinement qui commence à être long. La jeune femme s’occupe pour tuer le temps.

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Shangai, 30 millions d’habitants. La mégapole chinoise est à nouveau confinée en ce printemps. Voilà 13 jours que Charlotte vit entre quatre murs avec son conjoint. Interdiction même de pouvoir promener leurs chiens.

Dans la ville, la contestation commence à s’exprimer. Le 9 avril sur Twitter, une vidéo montrait des cris et sifflets résonnant au milieu des barres d'immeubles de ce quartier de Shanghai. Les habitants sont sortis aux fenêtres de leurs appartements pour dénoncer le confinement très strict imposé par les autorités.

Ces cris, Charlotte en a entendu. Elle vit en banlieue.

Il m’est arrivé d'entendre des cris dans une des résidences d'à côté. Les gens disaient "on veut des légumes", "on doit manger".

Charlotte, Française à Shangai

Arrivée en Chine en 2018, la Franc-Comtoise n’a pas quitté le sol chinois depuis l’été 2019. Elle y termine sa deuxième année de doctorat international à l’Académie des Beaux-arts de Shanghai Université. Elle enseigne aussi à temps partiel le français.

Personne n’était préparé à ce nouveau confinement

“Nous sommes confinés depuis le 1er avril, 3h00 du matin. Le confinement est beaucoup plus strict que le premier en 2020, où nous pouvions tout de même sortir dans les rues et faire nos courses. Cette fois-ci, nous sommes bel et bien contraints à ne pas mettre un pied dehors. On a tous été surpris puisque nous vivions "normalement" depuis plus d'un an. Certes, les cas détectés engendraient la mise en quarantaine de toute une zone (en général un bâtiment) mais ça n’avait pas d’impact sur le quotidien. Personne n'était préparé” confie Charlotte Jeanningros.

Dépistage à toute heure dans les résidences de Shangai

La Chine, où le virus a été détecté pour la première fois fin 2019, a appliqué une politique de tolérance zéro face à l'épidémie. Elle réagit aux foyers épidémiques par des confinements locaux, un dépistage de masse, le contrôle de sa population par l'intermédiaire d'applications de traçage et les frontières du pays restent pratiquement fermées. Depuis le confinement, Charlotte et les autres Français vivent au rythme des dépistages. Et les Chinois ne font pas les choses à la légère.

Nous sommes testés tous les jours. Soit des bénévoles en combinaison spatiale font du porte-à-porte pour distribuer des auto-tests et ils repassent pour collecter les résultats. Soit, on descend bâtiment par bâtiment pour faire la queue et se faire tester par les médecins.

Charlotte, Française à Shangai

"Dans tous les cas, il n'y a pas d'horaire. Il est arrivé qu'on nous fasse tomber du lit à 6h00 du matin pour descendre. Si on télétravaille, on doit tout stopper. En général, on a entre 10 et 15 minutes pour descendre à partir du moment où ils ont tambouriné à la porte, crié dans le couloir et hurlé depuis le bas de l'immeuble : "Bâtiment 2, test maintenant !". Objectif, éviter que les bâtiments ne se croisent.

Les cas positifs sont isolés dans des locaux spécifiques dans des conditions parfois difficiles comme le témoigne ce Français enfermé plusieurs jours dans un camp de quarantaine.

Pouvoir manger, en étant confiné, le premier défi à relever

Charlotte et son conjoint chinois ont pu anticiper fin mars avant que le confinement ne soit décrété sur la ville. "Mes beaux-parents nous avaient mis la pression pour qu'on fasse des stocks ! Et heureusement qu'on en a fait, mais avec ce qu'on a pu trouver... parce que c'était la folie pour se rendre au supermarché. J'ai des amis chinois pour qui ça n'a pas été le cas, et maintenant, ils comptent sur la solidarité des voisins et la distribution des colis alimentaires du gouvernement. Même si on a des réserves, on en bénéficie aussi, mais c'est distribué au compte-gouttes” raconte-t-elle.

Des sculptures de légumes pour un peu de légèreté

“On a d'abord eu un lot de champignons et de jujubes déshydratés avec un pack de yaourts. Puis on a eu un sac de légumes comprenant 3 carottes, 2 pommes de terre, un légume dont j'ignore toujours le nom et que je ne saurais pas cuisiner, des oignons, un chou chinois pourri et une barquette de champignons irrécupérables" détaille la jeune Française.

Pour chasser les heures entre deux tests de dépistage, la jeune femme travaille à ses études. Et la nourriture devient un tableau. Avec les Français ou ses amis, les conversations tournent autour des colis alimentaires. ”Il y a une mode sur wechat, c’est de faire un bonhomme avec les légumes du colis, de le prendre en photo et de le poster. Ça fait sourire…” raconte Charlotte.

Shangai, si silencieuse

Et son silence. Dehors, seuls les bénévoles, les ouvriers sur les chantiers sont autorisés à travailler. “Ce sont les seuls bruits que nous entendons, à part les oiseaux et le camion poubelle le matin” décrit la Française. "Le bon côté du confinement, c’est la pollution qui a baissé d’un cran. Cette fois l’air est respirable ! Mais on ne peut pas vraiment en profiter et on passe à côté de la plus belle saison de l'année, le temps était superbe ces jours derniers !”, raconte Charlotte. Elle qui aime la campagne et les sorties au grand air est contrainte de travailler sur sa thèse, et de passer beaucoup de temps sur les écrans. 

Je prends ça comme une expérience unique (espérons-le) dans ma vie, mais quand même... Vivement la liberté !

Charlotte Jeanningros

Zéro Covid, la Chine tiendra son objectif jusqu’à quand ?

Charlotte Jeanningros espère voir le bout du tunnel en mai. Inquiète de la contestation de leur politique "Zéro Covid, les choses bougent depuis le 12 avril. “Le gouvernement a mis en place trois zones à risque, faible, moyen et élevé, impliquant des niveaux de surveillance différents. Certaines résidences, très peu en réalité, sont déjà déconfinées mais la mienne ne fait pas partie du bon lot” explique-t-elle.

Elle sait bien qu’en France, la vie continue malgré le Covid, sans masque, et sans hospitalisations massives. "De mon point de vue, la politique zéro Covid en vigueur en Chine est complètement utopique. Parce que même si l’objectif, imaginons est atteint et aucun cas n’est détecté, il y aura toujours des portes d’entrée. Lorsque l’on compare le nombre de cas avec d’autres pays européens, la réaction paraît surdimensionnée.”

Charlotte patiente, elle espérait pouvoir aller voter pour la présidentielle française. Ce ne sera pas possible. 

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