Témoignage. Ehpad de Quingey : vers une nouvelle plainte, une famille livre ses soupçons

Publié le Mis à jour le Écrit par Emmanuel Rivallain et Florence Petit (avec Toky Nirhy-Lanto)

Deux personnes sont mortes à la suite de coups portés dans cet Ehpad de Quingey près de Besançon (Doubs). L'une des familles de ces pensionnaires de l'établissement de santé nous livre son bouleversant témoignage.

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Peut-être une deuxième victime à déplorer à l'Ehpad de Quingey (Doubs), à 20 kilomètres de Besançon. En juin 2021, une femme de 68 ans était morte après avoir reçu plusieurs coups de la part d'un résident. Une autre personne aurait été victime de ces agissements de ce même résident. René Paul, un homme âgé de 87 ans a succombé, selon ses proches, à la suite d'une violente bousculade. Près d'un an après le décès, l'émotion reste très forte parmi les proches de René. 

Une personne reconnue comme agressive a blessé et provoqué la mort de la maman de cette dame que l'on a rencontrée à l'Ehpad. Si cette personne a pu faire ça, alors peut-être qu'elle l'a fait aussi au papy

Martine Paul

Belle-fille de René Paul, 87 ans, décédé à l'Ehpad de Quingey

Une agression découverte tard  

Martine Paul est nostalgique, en voyant les souvenirs de son beau-père. Elle nous montre les photos où il apparait souriant et jamais avare de faire quelques grimaces. Elle se souvient d’un homme plein de vitalité : "Papy se déplaçait sur ses deux jambes sans problèmes". Ce souvenir rend Martine amère : celui qu'elle appelle "papy" est mort soudainement, en mars 2021.

Pour ses proches, le pensionnaire de l’Ehpad de Quingey est décédé des suites du comportement d'un autre résident en état de démence : "On nous dit que le papy a été bousculé par un autre résident, qu’il est tombé puis il s'est tapé la tête. Le papy avait des réactions (sic) donc ils l'ont amené tout de suite passer un scanner. Ils l'ont hospitalisé. Il est rentré le soir même, mais le lendemain ça n'allait pas mieux. Il est donc reparti de nouveau à l'hôpital, puis il y a eu une évolution entre le dimanche où il est tombé et le lundi".

L’homme meurt. Christian Paul ne pensait pourtant pas perdre son père dans de telles conditions. Il imaginait même que cette chute n’était pas si grave : "Au départ, les explications qu'on nous a données nous satisfaisaient. J’étais persuadé que mon papa allait s’en sortir. Quand on nous dit qu’il a été bousculé, on n’imagine pas que c'est une agression. Une bousculade peut arriver. Ils nous ont dit tout de suite : « Vous savez, monsieur Paul aussi a déjà bousculé des personnes »".

Même chose pour la belle-fille de René Paul, pour qui le récit des équipes de l’établissement paraissait plausible. "On pouvait tout à fait imaginer une bousculade. Des personnes déambulent, alors effectivement elles peuvent se bousculer. Après, il y a chute et chute : mon mari se souvient que quelqu’un a entendu un bruit énorme. Le papy est décédé sept jours après la chute. On a ensuite eu les esprits occupés par l’enterrement. On faisait confiance car on avait établi des liens avec le personnel", estime Martine Paul.

Après la mort de René, une autre mort suspecte

Deux mois plus tard, en mai 2021, un élément change pourtant la vision des choses pour le couple. Une autre pensionnaire, Sylvaine, 68 ans, est retrouvée blessée dans des circonstances semblables. L'Ehpad ne prévient ni le médecin d'astreinte ni les pompiers. Cette pensionnaire meurt début juin 2021.

"Une personne reconnue comme agressive a blessé et provoqué la mort de la maman de cette dame que l'on a rencontrée à l'Ehpad. On a fait un rapprochement avec une personne qui avait été admise dans cette unité fermée. Si cette personne a pu faire ça, alors peut-être qu'elle l'a fait aussi au papy", fulmine la belle-fille de René Paul. 

Martine Paul et son mari s’interrogent alors, sans obtenir de réponses : "On a essayé de poser des questions après la mort de la dame, mais l'enquête est en cours et on nous dit qu'on ne peut rien nous dire". Les langues se délient pourtant progressivement, au sein de l'établissement de soins : "On sait qu'une personne de l'Ehpad a demandé à l'équipe de ne pas nous parler. La direction n’a pas voulu dire la vérité, pour ne pas avoir de problèmes".

Autre comportement qui les intrigue, le manque de suivi de la direction lors de la mort de René Paul. "La direction n'a pas eu un mot de condoléances lors du décès du papy, pas passé un appel. Nous n’avons pas eu de docteur qui vienne nous voir", rappelle Martine Paul. La suite des événements la conforte dans ce sentiment qu’on lui a caché quelque chose : "J’ai eu le médecin coordonnateur au téléphone, tout ce qui l'intéressait c'était de savoir si on allait porter plainte parce qu’il y avait déjà une plainte de la famille de Sylvaine". 

Le comportement de l’établissement inspire beaucoup de regrets à Christian Paul. "Mon papa n’aurait jamais dû croiser cette personne dans un Ehpad. C’est un monsieur [NDLR : qui a bousculé René] qui ne supportait pas d’avoir 30 pensionnaires qui tournent et déambulent autour de lui. Les soignants l'ont signalé mais il y a des manquements de la direction et du médecin responsable". Selon lui, la direction était au courant de la situation de cet ancien légionnaire : "On ne nous l’a pas dit directement, mais dans des rapports de travail. Le caractère dangereux de cet homme était connu, l’agression sur le papy n’était pas la première".

La direction peu loquace

Contactée par notre équipe, la direction de l’Ehpad de Quingey nie le fait que cet événement se soit réellement produit. "Je ne suis pas au courant de l'existence d'un autre fait de cet ordre dans l'établissement et je n'en démordrai pas", déclare la directrice Laurence Arbey. "Il n’y a pas eu d’agression de monsieur Paul par une autre personne. Je n’ai rien à dire concernant cette affaire, tout est en cours, je n’ai aucune déclaration à faire", ajoute-t-elle.

Elle se retranche derrière le "secret professionnel et le secret médical" et derrière "le droit de réserve", pour ne pas en dire plus à ce sujet. Selon Laurence Arbey, les proches de la victime n’ont jamais pris contact avec ses services : "La famille Paul n’a jamais pris rendez-vous auprès de mon secrétariat".   

Pour ces raisons, le couple compte porter plainte le 7 février prochain. Une affaire qui s'ajoute à celle de la famille de Sylvaine, morte en juin dernier.  

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