Dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 septembre, la tempête Daniel s'est abattue sur la Libye, pays d'Afrique du Nord. Plusieurs régions sont dévastées par des inondations et des milliers de personnes sont mortes. À Besançon (Doubs), les ressortissants libyens tentent de se mobiliser pour secourir les sinistrés et reconstruire le pays.
"On a jamais vu ça de toute histoire de la Libye, je n'arrive vraiment pas à y croire. C'est trop dur". Ces mots, ce sont ceux d'Hocine Zerigane. Ce ressortissant libyen est installé à Besançon depuis 2011. Depuis le passage de la tempête Daniel le weekend du 10 septembre, il n'a plus qu'une idée en tête. Venir en aide à son pays d'origine. Un pays sous les eaux depuis une semaine, dont plusieurs villes comme Derna, à l'est de la Libye, ont été englouties par les eaux en l'espace de quelques heures à la suite du passage de la tempête Daniel.
"C'est une véritable catastrophe", complète son ami Hussein Almarabet. Lui aussi, il est de nationalité libyenne. Il est installé dans la même ville depuis 17 ans et partage le besoin d'aider ses compatriotes, même s'il vit à des milliers de kilomètres. "Je suis très concerné, très impliqué pour aider la Libye et les Libyens. C'est une question d'humanité", explique-t-il.
Alors, en lien avec la diaspora libyenne de Franche-Comté, les deux hommes tentent d'organiser l'aide humanitaire à destination de ce pays d'Afrique du Nord. "J'essaie de trouver les contacts pour faire vite. Je passe mes journées à ça. Mais ça prend beaucoup trop de temps", s'inquiète Hocine Zerigane. "Je suis en contact avec d’autres associations ici à Besançon et avec les autorités libyennes et françaises aussi. Il faut faire vite", explique encore Hocine Zerigane. "On est tout le temps en contact. On échange tous les jours", complète Hussein Almarabet.
La priorité, c'est d'envoyer des médicaments.
Hussein Almarabet, ressortissant libyen installé à Besançon (Doubs)
Cibler les besoins
Première étape pour les deux hommes : identifier les besoins urgents pour être efficace. Les deux hommes indiquent qu'à ce stade, "les habitants n'ont pas besoin de colis alimentaire ou de nourriture", qui affluent déjà. Ils veulent concentrer les aides sur les moyens de secours ou de sauvetage. Selon eux, "les autorités ont besoin de moyens de secours pour tenter de dégager les personnes sous les décombres. On parle de capteurs thermiques, appareils d’imagerie, gilets de sauvetage, équipes de recherches et de sauvetage cynophile. C'est ce qui est le plus important".
"La priorité, c'est d'envoyer des médicaments. Ils sont difficiles d'accès là-bas et on en a besoin, c'est urgent", assure aussi Hussein Almarabet. "Des médicaments pour les premiers secours et pour soigner l'hypertension, le diabète", ajoute Hocine Zerigane. Ils craignent également une contamination de l'eau potable à cause des corps encore bloqués sous les décombres et qui pourraient se décomposer. "On doit éviter que la situation sanitaire se dégrade encore".
Pour acheminer l'aide vers la Libye, ils comptent sur l'action des autorités françaises et locales. Leurs interlocuteurs : l'ambassade de la Libye en France, le consulat libyen ainsi que le ministère français des Affaires étrangères. "Les autorités françaises se sont engagées à nous aider pour assembler tous les dons et de les envoyer vers la Libye par avion, il n’y a pas de problèmes à ce niveau-là", assure Hocine Zerigane. Mais l'acheminement "reste difficile" et la logistique peine à se mettre en place, insiste de son côté Hussein Almarabet.
L'espoir perdure
Selon un bilan établi par les autorités locales, le nombre de victimes s'élève à plusieurs dizaines de milliers. Mais cette estimation est difficile à corroborer. "La majorité des corps ont été enterrés dans des cimetières ou dans des fosses communes. Beaucoup n'ont pas été identifiés, surtout ceux ramenés en très grand nombre depuis la mer", a expliqué Manoelle Carton, coordinatrice de Médecins sans frontières, interrogée par l'AFP samedi 16 septembre.
Personne ne peut rester aussi longtemps sans manger, dans le froid et dans l’eau, et survivre.
Hocine Zerigane, ressortissant libyen installé à Besançon
"Les secours viennent de partout. Récemment, ils ont pu sauver 500 personnes d’un coup. On a encore l’espoir de retrouver des gens en vie, en bonne santé, même si ça fait une semaine déjà", déclare Hussein Almarabet. Mais il reconnaît qu'au bout d'une semaine, "ça commence à faire tard". D'autant plus que la Libye fait désormais face à des températures relativement élevées en journée, plus de 30°C en moyenne, et un climat plus humide la nuit. "Personne ne peut rester aussi longtemps sans manger, dans le froid et dans l’eau et survivre. Il faut continuer à se rassembler et faire vite", achève Hocine Zerigane.