Témoignages. Prix des carburants : à plus de 2 euros le litre, comment ces Français s’organisent pour rouler moins

La guerre en Ukraine a fait flamber les prix des carburants déjà très hauts. Comment faire quand on roule ? Réduire les kilomètres ? S’organiser autrement ? Prendre le vélo ? Paroles d’automobilistes en Franche-Comté.

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À la pompe, c’est le coup de pompe. Les prix des carburants augmentent en continu depuis dix semaines : en France, le sans-plomb 95 a dépassé 1,88 euros en moyenne la semaine dernière. Le litre de gazole a bondi de 14 centimes en une semaine, et coût désormais 1,8831 euros le litre en moyenne (au 7 mars). Il s’agit là d’une moyenne car à Paris ou sur les autoroutes, les prix dépassent déjà allégrement 2 euros par litre.

Ne plus rentrer chez soi à la pause déjeuner

Charlotte a pris sa décision. Ne plus rentrer le midi pour manger. La jeune mère de famille travaille au centre de Besançon dans le Doubs. Elle faisait 20 km par jour en moyenne. Elle va réduire ses trajets de moitié. “Même si ce seront sans doute des économies de bout de chandelle” dit-elle. “Je ne calculais pas trop jusqu’à présent ce que me coûtent mes trajets domicile travail, au moins ça fera quelques économies. Je roule désormais en mode éco en permanence. Je ne vais plus faire des appoints de pleins réguliers, 20 euros par ci, 30 euros par là. Je vais faire le plein et attendre que ma jauge baisse” explique cette franc-comtoise.

Réduire les sorties loisirs, loin de chez soi

Grégory habite dans le Haut-Doubs. Sa passion : les chiens de traîneaux. “Nous étions beaucoup en mouvement le week-end avec nos Husky.  Dorénavant, nous allons pratiquer ces activités autour de chez nous, et nous regrettons de ne plus pouvoir participer à des événements qui se produisent éloignés de chez nous. Avec un réservoir de 75 litres dans le véhicule que nous utilisons avec les chiens, passer de 90 euros le plein à 140 euros ça pique” explique t-il. Ce sera donc moins de sorties.

“Pour l’anecdote, détaille-t-il, en service automatique les pompes ne servent qu’à hauteur de 120 euros maximum. Nous étions obligés de faire deux passages à la pompe pour faire le plein.”

Des vacances cet été, mais moins loin !

Mireille habite Besançon. C’est sur les vacances qu’elle compte faire des économies “Nous, nous sommes retraités et avons la chance d’habiter la ville alors nous allons continuer à nous déplacer le plus possible à pied ou en utilisant les transports en commun. Nous allons juste rapprocher notre destination de vacances, adieu la Bretagne ! C’est compliqué pour tout le monde, je pense surtout à ceux qui n’ont d’autre choix qu’utiliser leur véhicule pour aller travailler ! dit-elle.

Organiser sa semaine différemment

D’autres surveillent déjà leur consommation. Regrouper les sorties une fois par semaine pour faire toutes les courses. Rester un peu plus en télétravail. Rouler moins vite, prendre le train pour le travail. Covoiturer pour les frontaliers.

Sylvia roule moins depuis les hausses et veut investir dans un boîtier super éthanol. Se mettre au vélo : Dominique y songe. “Je pense effectivement au vélo électrique… mais à l'allemande avec un « truc » pour pouvoir faire les courses” imagine-t-elle. Anne-Laure veut investir dans une trottinette électrique pour se rendre au travail.

Moi, j’ai besoin de rouler pour travailler, comment je fais ?

Forcément réduire aujourd’hui sa consommation de carburants n’est pas à la portée de tous. En milieu rural, notamment, les trajets pour aller travailler sont indispensables. “On ne peut pas rouler moins, on bosse à 40 km aller, donc ça fait 80 km dans la journée. Si on ne travaille plus, on ne vit plus donc on roule toujours autant malheureusement et on se sert la ceinture pour manger. On fait plusieurs magasins et on prend tout en promo et gros lots comme ça, on a de quoi vivre un minimum. Et moi je travaille de soir, mon conjoint est du matin, donc double déplacement pour nous. L’ l'essence flambe nos budgets” explique Alexandra installée en Haute-Saône.

Cette hausse est catastrophique en ce moment pour moi, mon budget est de 90 euros par semaine au minimum de gasoil pour le travail. Que pourrais-je changer dans mon quotidien ?

Myriam, auxiliaire de vie

Dans le Doubs, Myriam est confrontée à la même équation. Rouler en campagne pour travailler et avec un petit salaire. Auxiliaire de vie, elle gagne 8,46 euros nets de l’heure. Les transports en commun, ce n’est pas possible pour elle. "J’utilise mon véhicule personnel pour toutes mes interventions, nous ne sommes défrayés que si les interventions se suivent d'un client à un autre. Mais ils s'arrangent pour que nos interventions ne se suivent pas, comme ça nous ne sommes pas défrayés. Je parcours au minimum 100 km par jour. Cette hausse est catastrophique en ce moment pour moi, mon budget est de 90 euros par semaine au minimum de gasoil pour le travail. Que pourrais-je changer dans mon quotidien ? À part aller au travail et rentrer chez moi, je ne fais rien d’autre” confie-t-elle. Elle s’interroge sur la suite comme beaucoup d’autres.

Quelles aides face à la hausse du carburant en France ?

Alors que le prix du gasoil dépasse désormais celui de l’essence, au-dessus de 2 euros ou pas loin dans certaines pompes, le gouvernement va étudier des aides ciblées pour les Français affectés par la hausse des prix du carburant et les filières impactées par la crise ukrainienne, a indiqué ce mardi 8 mars la ministre du Travail Elisabeth Borne. Objectif : “un plan de résilience” pour faire face aux conséquences de l'invasion de l'Ukraine et des sanctions internationales contre la Russie.

"L'objectif est que tous ceux qui veulent aller travailler ne soient pas pénalisés par le prix du baril et à la pompe très important", a précisé Elisabeth Borne.

Emmanuel Macron a annoncé lundi que les aides gouvernementales sur l'essence seraient  autour d'une "approche indemnité kilométrique et indemnité inflation" pour faire rapidement face à la flambée des prix des carburants.

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