« Un crachat aux visages des médecins », des généralistes réagissent à la hausse des consultations de 1,50 euro

La consultation chez un médecin généraliste passera de 25 euros à 26,50 euros cet automne 2023, et de 30 à 31,50 euros pour les spécialistes. Une décision décevante pour les médecins interrogés en Franche-Comté.

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Les tarifs des consultations médicales vont augmenter de 1,50 euro d’ici l’automne, soit 26,50 euros minimum chez les généralistes et 31,50 euros chez les spécialistes pour celles et ceux qui sont conventionnés au secteur 1. C’est la décision issue du « règlement arbitral » présenté lundi 24 mars aux syndicats de médecins libéraux.

 « Une demande de divorce »

« Il faut arrêter de se foutre de nous », lance d’emblée Dr Pierre-Louis Hélias. Le vice-président du mouvement Médecins pour demain, s’attendait « au moins à compenser l’inflation » avec une consultation à 30 euros. Le collectif, composé en majorité de jeunes médecins, demandait des consultations plus longues pour allouer du temps aux patients avec un tarif à 50 euros. Et également, des embauches de personnel pour être libéré de la charge administrative qui constitue plus de 30% du temps de travail. En bref, des conditions pour rendre la filière libérale plus attractive.

Face à cette hausse de 1,50 euro, le médecin de Besançon (Doubs) ne mâche pas ses mots : « Je le prends comme un crachat au visage. Des médecins donnent leur temps, leur vie pour leurs patients. 50% des médecins sont même en burn-out. » La conséquence, c’est peut-être le passage des médecins généralistes et spécialistes au secteur 2, avec des tarifs qui ne seront plus décidés par l’État mais par les médecins. Une perspective que confirme Dr Hélias : « C'est comme une demande de divorce avec la médecine générale. On se sent insultés, méprisés, ce qui nous pousse à nous déconventionner. On est en train de tuer le système de solidarité nationale à la française. »

1,50 euro, la proposition de l'Assurance maladie

Cette revalorisation a été annoncée par Annick Morel, haute-fonctionnaire désignée comme médiatrice par le ministre de la Santé François Braun pour résoudre le différend entre les médecins et l'Assurance maladie. « C’est une hausse qui arrive lors d’un échec des négociations conventionnelles », explique Dr Benoît Coulon, porte-parole de Médecins pour demain en Franche-Comté. Cette hausse de 1,50 euro est en fait une reprise de la proposition portée par la Sécurité sociale. Les syndicats des médecins plaidaient, quant à eux, pour une consultation à 30 euros.

Le coût est estimé à 600 millions d'euros pour une année pleine. Pas suffisant donc, pour Dr Coulon. « Avec les 3 000 milliards de déficits martelés par le gouvernement, la volonté est sans doute de court terme. Le gouvernement veut limiter les dépenses du système de santé, explique-t-il. Mais les augmentations sont risibles, parce qu’avec le vieillissement de la population, notre système de santé ne pourra pas assurer. Les jeunes ne voudront plus s’installer. C’est de la rigidité et de l’absence totale d’écoute. »

Des revendications inaudibles ? C’est aussi ce que reproche Dr Hervé Pourcelot, de SOS Médecins Besançon. « C’est raide. Nos visites à domicile ne sont même pas valorisées. Le minimum, ça aurait été d’avoir au moins pareil que pour la consultation », réagit-il. Les visites à domicile restent en effet au tarif de 35 euros. « Ah si, nous avions bien eu une augmentation pendant les hausses du prix du carburant – on est passés à 35,04 euros, le temps de la montée des prix », ironise Dr Pourcelot. Si la fédération de SOS Médecins ne représente « que 1300 médecins », elle émaille toute la France et est « toute aussi importante ». « Nous sommes comme des urgentistes libéraux », résume-t-il. Le généraliste conclut, amer : « Je crois avoir compris le message : nous ne sommes pas valorisés alors autant dire que nous sommes dévalorisés par les pouvoirs publics ».

 

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