Un Français sur trois n'aurait pas les moyens de manger sainement : sur le terrain, la dure réalité de la paupérisation

Alors que l'étude annuelle du Secours Populaire sur la pauvreté en France révèle des chiffres inquiétants, sur le terrain, les bénévoles d'associations alimentaires font face à cette augmentation de la précarité, en particulier dans les zones rurales.

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Près de deux Français sur trois (62%) ont "connu ou sont sur le point de connaître une situation de pauvreté" a révélé ce jeudi 12 septembre l'association du Secours Populaire. La 18ᵉ édition de son étude annuelle sur la pauvreté et la précarité enregistre une progression de 4 points en un an. Globalement, les résultats de cette étude laissent paraître une inquiétante augmentation de la précarité dans la société française. 

Des résultats qui n'ont guère étonné Dominique Dürrleman, secrétaire générale du Secours Populaire Haute-Saône : "le nombre de familles que l'on accompagne ne cesse d'augmenter" soupire-t-elle. Des foyers qui, une fois toutes leurs factures payées, n'ont plus de quoi se substanter : "on a quand même des gens qui ont des restes à vivre proches de 0 par jour" explique-t-elle, "c'est dur de vivre dans ces conditions". 

En première ligne : les zones rurales

À Vesoul, préfecture de Haute-Saône, le Secours Populaire accompagne désormais un peu plus de 400 foyers, sans compter les antennes de Gray et Lure. Parmi ces familles, "beaucoup de personnes âgées qui ont des petites retraites, de femmes seules et de famille monoparentales", sans compter les 'travailleurs pauvres", de plus en plus nombreux, dépeint Dominique Dürrleman. "Il y a de plus en plus de SDF" ajoute-t-elle.

Selon l'étude Ipsos/Secours Populaire, les zones rurales comme la Haute-Saône sont particulièrement touchées. 36% des Français y auraient "des difficultés à se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour", contre 30% en moyenne en France. 

"La Haute-Saône, c'est un gros territoire, il n'y a pas beaucoup de points de distributions alimentaires" ajoute Patrick Boccara, président de la Croix Rouge Besançon. Dans le Doubs, l'augmentation des bénéficiaires en 2024 aurait été moins grande. Mais, il le reconnaît : "les prix ont flambé, ça restreint considérablement les foyers sur le poste nourriture". 

"Il faudrait plus de services publics"

Parmi les autres constats de l'étude : "47% des Français rencontrent des difficultés à payer des dépenses d’énergie", "34% des Français accèdent difficilement aux services de santé, particulièrement parmi la population rurale (44%)". 

Dominique Dürrleman y ajoute un constat, "quelque chose de flagrant" : "la lourdeur des démarches administratives et le retard". "Les gens se retrouvent dans des grandes difficultés parce que les choses n'ont pas été faites à temps, et ils n'arrivent pas à avoir les aides"  se désole la présidente, citant le cas de personnes récemment veuves ou veufs, de couples qui se séparent. "Ça prend une éternité pour régulariser ces choses-là"

Ce jeudi 12 septembre, le site internet de la CAF Haute-Saône indiquait que si elle traitait les mails envoyés cette même semaine, les courriers envoyés par la poste actuellement traités étaient ceux reçus la semaine du 26 juillet. 

Un appel aux dons et au bénévolat

Cette étude annuelle du Secours Populaire est l'occasion pour l'association d'appeler les volontaires à la rejoindre. "On cherche des bénévoles" ne se cache pas Dominique Dürrleman. Un sentiment partagé par la Croix Rouge à Besançon : "on a toujours besoin de davantage de bénévoles, et de finances" approuve Patrick Boccara. "Les subventions diminuent, les quantités d'approvisionnement de la Banque Alimentaire aussi". 

La présidente du Secours Populaire en Haute-Saône ajoute : "l'issue durable, elle ne peut être que politique". "Il faudrait plus de services publics, des salaires et des prestations revalorisées" énumère la bénévole. Un vœu pieux, dans un contexte politique qui ne s'y prête guère. 

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