La capitale du Doubs est le théâtre du roman le Rouge et le Noir de Stendhal. Découvrez dans la série Besançon la Romanesque comment l'écrivain a placé la ville au cœur de son œuvre sans en avoir jamais foulé le sol.
Voilà un peu moins de dix ans, une rumeur surréaliste agite le demi-monde des amateurs d'anecdotes people : une star internationale aurait ses habitudes dans une boulangerie de Besançon. On est alors loin des futures performances de l'I.A., et une photo qui circule bientôt suffit à prouver formellement l'information : Ewan McGregor, Obi Wan Kenobi lui-même, serait régulièrement aperçu dans les ruelles de la Boucle.
La presse spécialisée enquête, bientôt relayée par le quotidien local : celui qui aura marqué toute une génération pour son rôle emblématique dans Trainspotting, qui entame alors une carrière au firmament des productions hollywoodiennes les plus ambitieuses, est tout simplement en couple avec une professionnelle du cinéma dont les racines sont bisontines.
Ce que les amateurs d'histoires d'amour ignorent, c'est que l'acteur britannique ne découvre pas la Franche-Comté lorsqu'il vient rendre visite à sa belle-famille. En effet, vingt ans plus tôt, Ewan McGregor est alors un jeune premier recruté pour l'adaptation par la télévision publique du Royaume-Uni, d'un classique de la littérature européenne. Le Rouge et le Noir est diffusé en 1993 sous le titre de Scarlet and Black.
Qualité BBC oblige, la production embarque les comédiens sur les terres mêmes où l'action est située par Stendhal : aussi, pendant quelques semaines, entre Dole, Favernay, Dijon, Baume-les-Messieurs et bien sûr Besançon. Ewan, qui assume brillamment le rôle central de Julien Sorel, découvre la région quelques années avant de s'enticher d'une enfant du pays.
Mais l'acteur écossais ne sera pas la seule gloire du grand écran à fouler les pavés bisontins par la grâce de Stendhal. Trois ans après le projet de la BBC, signe d'un nouvel épisode d'une rivalité millénaire avec la perfide Albion ou hasard du calendrier, l'Hôtel de la Préfecture de Besançon sert une nouvelle fois de cadre à une adaptation du Rouge et le Noir. Elle est cette fois-ci bien française et servie par Carole Bouquet, Claude Rich ou encore Judith Godrèche. Stendhal, et Besançon la Romanesque le souligne, est décidément bienfaiteur d'une ville qu'il ne visitera en réalité jamais. Un fait qui ne l'aura pas empêché de la décrire comme une des plus jolies de France.
Tout l'inverse de Balzac, qui découvre Besançon par lui-même en 1833, et qui en brosse un portrait austère, voire franchement antipathique dans son roman Albert Savarus, publié en 1842. Mais heureusement pour la ville, malgré son génie de l'intrigue et un style étincelant, Balzac conserve, lui, la réputation d'être inadaptable à l'écran.
Pour aller plus loin
► La Gazette Littéraire fait le point sur la géographie du Rouge et le Noir de Stendhal. Au cœur du territoire plus ou moins imaginaire arpenté par Julien Sorel, une ville bien réelle, Besançon.
► Balzac Analyse offre une approche synthétique d'Albert Savarus, une tragédie bisontine.
Texte d’Alexandre Perret-Gentil (Dans la Boucle productions)
Retrouvez les 10 épisodes de la série Besançon la Romanesque en intégralité sur France.tv.