Conçues à Besançon et fabriquées à Marseille, des prothèses en titane permettent à des chiens, chats et autres animaux amputés de retrouver toutes leurs pattes. Une clinique vétérinaire à Limoges est à la pointe de cette nouvelle technique chirurgicale.
Ils ne sont que quelques pionniers dans le monde à pratiquer cette opération. Rendre à des animaux amputés ou nés avec une malformation toutes leurs pattes. La France est à la pointe d'une "petite révolution" dans le domaine de la chirurgie vétérinaire : des prothèses en titanes sont soudées aux os de chiens et chats pour prolonger leurs membres et leur permettre de marcher à quatre pattes.
Une technologie inspirée des dernières innovations en chirurgie humaine, rendue possible par le travail de conception d'un laboratoire en Franche-Comté, et d'une fabrication de précision en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
C'est dans l'agglomération de Limoges, en Haute-Vienne, qu'une clinique vétérinaire peaufine la technique. Frédéric Sanspoux a été le premier Français à la pratiquer, en 2020. "Aujourd'hui, les résultats sont très, très encourageants" se félicite le chirurgien vétérinaire.
Des animaux qui retrouvent leur mobilité
Concrètement, le docteur vétérinaire, spécialiste orthopédique, va fixer la prothèse dans et sur l'os du membre qui a été amputé, ou qui était malformé. "Ce n'est pas une exo-prothèse, qu'on vient mettre et faire tenir avec des sangles, c'est vraiment une prothèse qui fait partie du corps de l'animal, qui est dans et en lui" explique Frédéric Sanspoux, au micro de Marine Guigne.
Depuis la première opération en 2020, il a posé une dizaine de ces prothèses, principalement en 2022 et 2023, à des chiens et chats. "Ça fonctionne très bien" commente le chirurgien, "ils ont une qualité de vie exceptionnelle".
Certains de ses anciens petits patients auraient même retrouvé le plaisir de l'agility, discipline qui fait évoluer les chiens dans des courses d'obstacles.
Une prothèse sur mesure
Pour que cette opération soit possible, la prothèse doit être parfaitement adaptée à l'animal qu'elle va venir aider. Chaque pièce est donc faite sur-mesure : "on discute avec le chirurgien de son besoin, on va récupérer l'imagerie et faire une reconstruction 3D" décrit Benjamin Billottet, directeur général du laboratoire qui conçoit les pièces. "On va simuler la chirurgie et modéliser une solution sur mesure qui sera fabriquée à Marseille". Les pièces sont fabriquées avec une méthode d'impression 3D appliquée à du titane.
L'entreprise de Besançon est spécialisée dans la conception de dispositifs et d'instruments de chirurgie humaine. "La chirurgie vétérinaire, on a commencé il y a quatre ans" se souvient Benjamin Billottet, ingénieur en biomécanique de formation. "C'est quelque chose qui m'a toujours intéressé, de pouvoir travailler dans le domaine vétérinaire sur l'imagerie et la chirurgie personnalisée". "La partie vétérinaire de l'activité se développent doucement, mais surement, l'année dernière, on a fait une quarantaine de patients" décrit-il.
Les six salariés du laboratoire travaillent sur commande, pour des chirurgiens basés aux États-Unis, au Canada, en Suisse et en France. Dans l'hexagone, ils ne sont qu'une poignée à pratiquer cette pose de prothèse. "Ça peut être pour des chiens, des chats, on fait aussi un peu d'impression 3D pour des chevaux" énumère-t-il. "Là, on travaille sur des oiseaux, mais ça reste plus exotique".
Pour la pose de l'une de ces prothèses, comptez plusieurs milliers d'euros. En Corrèze, pour financer l'opération d'Urgon, l'un des petits patients de Frédéric Sanspoux, la SPA de Chameyrat a d'ailleurs lancé une cagnotte.