Le rapace a été chronométré en piqué à près de 350 km/h. Alain Prêtre publie une série de clichés inédits de jeunes faucons pèlerins photographiés dans le massif du Jura. Des images magnifiques de l'oiseau qui refait peu à peu son nid en Franche-Comté.
"Il est majestueux, magnifique, fabuleux". Quand il parle du faucon pèlerin (Falco peregrinus), aucun mot n'est trop beau, Alain Prêtre est lui aussi un drôle d'oiseau. Le journaliste et photographe animalier franc-comtois est capable de rester des heures à l'affût pour capturer le fameux rapace avec son appareil.
Sur ses réseaux sociaux, il a publié le 10 juin 2024, une série inédite de clichés de jeunes faucons après leur premier envol. Des images superbes saisies dans le Massif du Jura. "Il faut prendre d'infinies précautions pour prendre un pèlerin en photo, explique-t-il à France 3 Franche-Comté. J'arrive de nuit et je me planque sous des filets pour disparaître. Il ne faut pas se placer trop près."
"C'est un trésor de notre avifaune. Il monte très haut dans le ciel. Il repère des oiseaux en contrebas. Il replie ses aîles et il tombe d'un coup sur ses proies. C'est l'oiseau le plus rapide du monde. Il a été chronomètré à 350 km/h en piqué !"
Alain Prêtre, journaliste et photographe animalier.
Miraculé des pesticides
Comme tous les rapaces, le faucon pèlerin est une espèce intégralement protégée sur l'ensemble du territoire français. Il n'est plus un oiseau rare, plus vraiment en danger d'extinction, mais c'est un véritable rescapé. Après guerre, en effet, ses populations ont été décimées partout sur la planète par les pesticides et notamment la pollution au DDT, ce puissant insecticide qui empoisonnait l'oiseau ou le rendait stérile. Le DDT provoque une diminution de 50 % de l'épaisseur de la coquille de ses œufs !
Le rapace a également longtemps suscité la convoitise des fauconniers. Alain Prêtre s'en souvient bien.
C'était dans les années 80, on a passé des centaines d'heures à surveiller la vallée du Dessoubre. Il y avait des commandos allemands, payés par des princes arabes, qui venaient voler les œufs ou les oisillons au nid. Ils les élevaient et les dressaient pour les revendre. Le cours d'un pèlerin, c'est encore 25 000 euros !
Alain Prêtre, journaliste et photographe animalier.
Le défenseur de l'environnement ne boude donc pas son plaisir de voir l'oiseau réinvestir de plus en plus les falaises jurassiennes. Même si ses effectifs sont un peu en baisse ces dernières années sur le territoire. Il doit encore aujourd'hui se défendre face à une autre menace, son terrible prédateur : le hibou Grand-Duc. "Ils partagent la même niche écologique, mais c'est aussi une bonne nouvelle de voir revenir le Grand-Duc, le seigneur de la nuit !"
À découvrir à La Chaux-de-Fonds
Un faucon pèlerin qui figure naturellement en bonne place dans la grande exposition animalière imaginée par Alain Prêtre, juste de l'autre côté de la frontière, là où l'enfant de Rosureux (Doubs) s'est installé depuis 20 ans maintenant.
Depuis le 8 juin 2024, le photographe a installé 22 images grand format de 1,60 mètre sur 1,20 mètre dans le Parc urbain des Crêtets à La Chaux-de-Fonds (Suisse). "Il y a un an, un ouragan a dévasté tous les espaces verts et les parcs urbains, explique Alain Prêtre. Des travaux de réamènagement sont prévus, mais, en attendant, la ville de La Chaux-de-Fonds souhaitait une animation pour les visiteurs cet été. J'ai choisi de montrer des photos de la faune jurassienne, des mammifères et des oiseaux, dont la plupart ont été prises en Franche-Comté d'ailleurs."
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Les curieux y croiseront forcément ces deux jeunes faucons pèlerins photographiés près de Montbéliard, dans la vallée du Doubs. Des spécimens faciles à observer et gratuitement jusqu'en octobre prochain.
