Le corps de Lina, adolescente disparue depuis le 23 septembre 2023 dans le Bas-Rhin, a été retrouvé mercredi 16 octobre 2024 à Sermoise-sur-Loire (Nièvre). Origine du suspect, parcours de son véhicule, lieu des fouilles, découverte du corps... Alors que les recherches ont duré plus d'un an, elles se sont centrées en grande partie en Bourgogne-Franche-Comté.
Un an et 23 jours. Mercredi 16 octobre 2024, le corps sans vie de Lina Delsarte, adolescente de 15 ans disparue subitement le 23 septembre 2023 en Alsace, a été retrouvé par les forces de l'ordre "immergé" dans un plan d'eau, "dans une zone boisée et isolée" sur la commune de Sermoise-sur-Loire (Nièvre).
Point par point, les lieux clés de la disparition de Lina
Cette découverte macabre, à plus de 500 km du domicile de Lina situé à Champenay (Bas-Rhin), vient clôturer 389 jours d'enquêtes et de questionnements, dont beaucoup ont pointé vers la région Bourgogne-Franche-Comté. En plus d'être le territoire sur lequel le corps a été retrouvé, c'est aussi la région où habitait le principal suspect, Samuel Gonin, et là où de nombreuses fouilles ont été réalisées. Retour sur ces épisodes de ce feuilleton douloureux.
Un véhicule suspect identifié en juin 2024
Après le choc de la disparition est très vite venu le temps des questions. Le jour du drame, Lina circulait à pied entre Champenay et la gare de Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin), où elle devait prendre un train pour rejoindre son petit ami. Après des premiers ratissages et investigations entre ces deux localités, les forces de l'ordre privilégient la piste d'un enlèvement par un tiers. Les recherches peuvent alors s'étendre à un périmètre géographique plus large, avec l'idée que le potentiel suspect a eu recours à un véhicule pour emmener la jeune femme. Reste à savoir lequel.
L'enquête prend un tournant majeur neuf mois plus tard, en juin 2024. Les enquêteurs de la section de recherche de Strasbourg identifient un véhicule suspect par recoupement de vidéos, une Ford Puma, volée en Allemagne fin août 2023. Le 26 juin 2024, cette voiture, qui est toujours à la fourrière de Narbonne (Aude), est transférée à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) pour y être analysée.
L'analyse du véhicule saisi par les forces de l'ordre, ne tarde pas à s'avérer décisive : les premiers éléments d'exploitation du système multimédia du véhicule montrent qu'il se trouvait précisément sur le lieu de la disparition de Lina, dans la période où elle a disparu. De plus, le 26 juillet 2024, le parquet de Strasbourg annonce que le "profil génétique" de Lina a été retrouvé dans la Ford.
Un suspect numéro 1 venu de Besançon
Entre 11h20 et 11h26, cette voiture est localisée sur la route entre Plaine et Saint-Blaise-la-Roche, à proximité immédiate du lieu de la disparition de Lina, 15 ans, dont le téléphone cesse de borner à 11h22. Puis la voiture s'arrête à Anould (Vosges), ainsi qu'à Saulx (Haute-Saône) et dans le Morvan. Les premiers liens avec la Bourgogne-Franche-Comté ont été établis.
Ils se renforceront avec le dévoilement de l'identité du conducteur de ce véhicule volé, le 31 juillet 2024. Il s'agit de Samuel Gonin, un homme de 43 ans qui habitait à Besançon (Doubs). "Habitait", et non "habite", car très vite, on apprend que le quarantenaire s'est donné la mort quelques jours plus tôt, le 10 juillet 2024, dans sa maison du quartier des Près de Vaux. Il laissait derrière lui des écrits suspicieux, sans toutefois faire référence explicitement à Lina : "J'ai perdu mon honneur, ma dignité, mon humanité, je dois partir. Je ne sais pas me contrôler, ça va trop vite".
Très vite, les révélations sur Samuel Gonin s'enchaînent. Père de famille divorcé, ancien professeur de menuiserie devenu toxicomane, il menait selon le procureur de la République de Strasbourg une "vie d'errance" à bord de sa voiture. Homme au profil psychologique instable, il devait comparaître le 22 juillet pour deux vols avec violence commis le 25 août 2023 à Besançon. Surtout, il était suspecté d'avoir enlevé une autre femme, dans le Doubs... neuf mois après la disparition de Lina.
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Au cours du week-end du 6 et 7 janvier 2024, Samuel Gonin est arrêté près de Narbonne pour un refus d'obtempérer, au volant de sa Ford Puma, qui est ensuite placée à la fourrière. Là où le véhicule sera retrouvé en juin 2024. Condamné le 22 janvier 2024 pour ce délit routier, il est laissé libre sous contrôle judiciaire et revient à Besançon.
Plusieurs fouilles en Bourgogne-Franche-Comté
En se basant sur le parcours de la Ford, des recherches se déroulent à chaque point géographique où la voiture de Samuel Gonin s'est arrêtée avec un objectif : retrouver Lina. Le 30 juillet 2024, des recherches se déroulent ainsi à Anould (Vosges), là où le véhicule avait été repéré une heure après la disparition de l'adolescente. Sans succès.
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Retour en Bourgogne-Franche-Comté le mardi 6 août 2024. À Saulx (Haute-Saône), autre arrêt de la Ford, 90 militaires ratissent pendant trois jours une zone boisée dense, bordée par une route nationale. Des moyens conséquents sont mis en place : les forces de l'ordre disposent d'un géoradar capable de détecter si le terrain a été bougé sur plusieurs mètres en profondeur. Un anthropologue est également présent pour réaliser des levées de doute rapide en cas de découverte d'ossements. Le jeudi 8 août, le dispositif est levé, sans avoir rien trouvé.
Quelques jours plus tard, bis repetita près du village de Corancy (Nièvre), dans le Morvan. Là aussi, le véhicule de Samuel Gonin avait été localisé le même jour que l'enlèvement, le 23 septembre 2023. Là aussi, les investigations portent sur une zone boisée. Mais là aussi, aucun indice ne sera découvert.
Alors que les investigations patinent, le parquet de Strasbourg annonce un nouvel élément le 19 septembre 2024. Selon le procureur de la République par intérim de Strasbourg, Alexandre Chevrier, l'ADN de Lina et celui de Samuel Gonin ont été retrouvés sur des cordes dans le coffre de la voiture, "ce qui tend à démontrer qu'à un moment ou à un autre, Lina a été ligotée". Le sac à main de Lina a également été retrouvé dans la boîte à gants.
Découverte du corps, 389 jours après la disparition
Moins d'un mois plus tard, le 16 octobre 2024, la nouvelle tombe : le corps sans vie de Lina a été retrouvé en Bourgogne, dans le village de Sernoise-sur-Loire (Nièvre), près de Nevers. Peu après 19h, Alexandre Chevrier, procureur de la République par intérim de Strasbourg, indique que la dépouille a été découverte "dans une zone boisée et isolée de la région de Nevers", "immergé dans un cours d'eau situé en contrebas d'un talus".
Les analyses génétiques effectuées en urgence par l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) "ont permis de confirmer qu'il s'agit du corps de Lina". Des expertises médico-légales vont être ordonnées pour rechercher les causes de la mort.
Interrogé par France 3 Bourgogne-Franche-Comté, le maire de la commune précise que le corps se trouvait dans le ruisseau de Peuilly, à proximité de la route des Tuileries, un hameau du village. C'est une nouvelle campagne de recherches, semblables aux précédentes, qui a permis de faire cette macabre découverte.
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Sernoise-sur-Loire est une commune située à 70 km de Corancy, lieu des dernières fouilles. Le lieu est proche de l'A77, dont une sortie dessert le village. Samuel Gonin, suspect numéro 1 dans cette affaire, l'aurait-il emprunté dans les heures qui ont suivi la disparition de Lina ? Comment est morte la jeune femme ? Quel a été l'itinéraire du Bisontin après avoir quitté la Nièvre ? Les investigations se poursuivent pour éclaircir les circonstances exactes de ce drame.