Et un de plus. Un de trop. Dans le massif du Jura, un nouveau lynx a été victime d'une collision routière début mars. C'est le 12ème depuis le début de l'année. L’association Ferus et le Centre Athénas poussent un cri d’alerte.
Déception, tristesse, impatience… C’est ce que ressent Natacha Bigan, coordinatrice de l’association Ferus dans le Jura et le Doubs, alors qu'un 12ᵉ lynx a été percuté sur la route dans le département du Doubs. Pour rappel, les collisions routières sont la première cause de mortalité du félin.
Selon elle, les autorités ne se mobilisent pas assez. Le Plan National d’Actions en vigueur vise à rétablir l’espèce dans un état de conservation favorable. Ce programme prévoit de trouver des solutions pour réduire le taux de mortalité des lynx. Mais il prend plusieurs années à se mettre en place : “Un des axes majeurs de ce PNA est les accidents de la route. Ils disent qu’ils vont faire des études. Je comprends la rigueur scientifique, mais en attendant, il faut déjà mettre en place des choses”.
Une situation kafkaïenne
Pour Natacha Bigan, la situation est urgente : “Il faut trouver une solution plus rapide qu’un plan sur quatre ans. Cela a un côté un peu kafkaïen”. La coordinatrice de l’association Ferus aimerait que l'État homologue et installe des panneaux de signalisation spécifiques d'ici à un ou deux ans.
Depuis l'automne 2022, le Centre Athénas, centre de soins à la faune sauvage met des panneaux à disposition des communes qui le souhaitent “mais c’est sur la base du volontariat”, précise-t-elle. Les panneaux ne peuvent être mis que sur les voiries communales et à la sortie des agglomérations. On ne peut pas les installer sur les routes départementales et nationales.
“En 2022, on a recensé 25 collisions. Là, on en est à 11 en deux mois. C’est sans précédent et surtout ce n’est pas lié à l’augmentation de la densité de population des lynx”, observe Gilles Moyne, directeur du Centre Athénas. D’après lui, cette augmentation des collisions est liée au développement du trafic routier et à la limitation de vitesse qui est repassée à 90 km/h sur les tronçons limités à 80 km/h. Cette réglementation “n’incite pas les gens à la prudence”, commente-t-il.
La solution : ralentir
Pour lui, clôturer les routes n’est pas une solution. Il faut ralentir. “On a essayé de persuader les services de l’État d’installer de nouveaux panneaux de signalisation dédiés au lynx, mais ça n’a pas été retenu” et de reprendre : “Si le département proposait une convention pour permettre d’installer des panneaux sur les départementales les plus accidentées, on serait ok”.
Les collisions routières ont causé la mort de plus de 40 lynx au cours des deux dernières années et cette espèce ne compte qu’environ 150 individus en France, selon l’association Ferus, principalement dans le massif du Jura.