Les habitants du bâtiment "Le Molière" dans le quartier de Planoise à Besançon (Doubs) ont occupé symboliquement le hall de leur résidence ce jeudi 18 janvier 2024. "Une journée sans dealer" pour empêcher le trafic de drogue et les intimidations au pied de leur immeuble.
Excédés par le trafic de drogue au pied de leur immeuble, une dizaine d'habitants s'est retrouvée ce jeudi 18 janvier 2024 devant la résidence Le Molière dans le quartier de Planoise à Besançon (Doubs). Avec l'objectif d'occuper l'espace pour "une journée sans dealer".
"Moi je pense qu'il faut que tout le monde soit solidaire et s’implique, assure à France 3 Franche-Comté cette résidente qui tient à garder l'anonymat par peur des représailles. Mon objectif, ce n’est pas de repousser forcément les dealers du Molière, mais que les copropriétaires et les locataires comprennent qu’on peut dire non et faire réagir la majorité silencieuse !"
Les dealers reviennent
Les occupants de l'immeuble avaient déjà mené une action collective en 2018 et l’installation de caméras de vidéosurveillance dans le hall leur avait accordé une relative période de tranquillité. Mais ces dispositifs ont été rapidement mis hors d'usage par les dealers."Depuis février 2023, assurent-ils, ce bâtiment est aux mains des trafiquants de stupéfiants. Ces derniers filtrent les entrées et sorties."
Les locataires, souvent intimidés ou harcelés, quittent un à un leur logement. Dès que les appartements sont vides, ils sont vandalisés et squattés. Les communs aux étages peuvent servir de dépôts ou de squat. La sécurité des propriétaires et des locataires n’est plus assurée. Il y a violation de la propriété privée, aussi bien des communs que des appartements et l’issue de secours est condamnée.
Communiqué des habitants de l'immeuble "Le Molière".
Une propriétaire, qui préfère rester discrète elle aussi, confirme qu'elle ne parvient plus à louer son appartement depuis des mois, tout en continuant à payer les charges. "Je l'ai loué pendant deux nuits et la personne le troisième jour, elle m'appelle et elle me dit : 'je pars, je peux pas rester, c'est impossible", raconte-t-elle. "Ce n'est plus vivable, il y a des gamins juste en face, quel exemple on veut pour nos enfants ?"
Les habitants expliquent avoir alerté à plusieurs reprises la maire de Besançon et le Préfet du Doubs, déposé de nombreuses plaintes ou mains courantes, et demandé la protection de la police. Mais "dès que les forces de l’ordre tournent le dos, les dealers reviennent", déplorent-ils.
Certains jours, une longue file d’attente se forme même jusque dans le square de la place de l’Europe. La présence policière n’a pas permis d’endiguer le trafic. "Tous les six mois,il y a une opération coup de poing, reconnaît cet autre habitant. Le problème, c’est qu’entre ces interventions tous les six mois, on trouve le temps long, il y a des dégradations : les boîtes aux lettres, le service des poubelles, les équipes de nettoyage et puis les squatteurs !" Ces derniers mois, l’action de la police et de la justice a permis la réduction du nombre de points de deal dans le quartier de Planoise mais dans le sous-sol du Molière, au contraire, le trafic se poursuit à grande échelle.