Écoliers renversés dans le Doubs : "Des familles entières traumatisées", prison avec sursis pour le conducteur en état d'ébriété

L'homme alcoolisé qui a percuté un groupe d'enfants en maternelle se rendant à la cantine le mardi 3 septembre à Vercel-Villedieu le Camp (Doubs) a été jugé ce vendredi 6 septembre en comparution immédiate.

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"Monsieur a été entendu quand il était en état. Il n'a aucun souvenir des faits et ne se souvient de n'avoir bu que des bières la veille et une seule le matin", informe la présidente du tribunal correctionnel de Besançon (Doubs), vendredi 6 septembre 2024. 

Si la mémoire lui manque, l'homme de 70 ans, chauve à la moustache grise, reconnaît bien avoir heurté un groupe de 21 enfants de maternelle et leurs 3 accompagnateurs mardi 3 septembre 2024 dans la commune de Vercel-Villedieu le Camp dans le Doubs. Il reconnaît avoir roulé sur le trottoir sur environ 11 mètres, avoir heurté l'une des accompagnatrices et les enfants qui se trouvaient autour d'elle, être redescendu du trottoir et avoir poursuivi sa course pendant une cinquantaine de mètres avant d'être immobilisé en heurtant un poteau.

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Pour rappel, cet incident a blessé trois enfants. Les deux garçons ont eu plusieurs hématomes dont certains au niveau de la tête. La petite fille de 5 ans souffre, elle, d'une fracture du pouce et d'un léger œdème au niveau du nez. L'accompagnatrice a, elle aussi, des hématomes au niveau de la tête et des ecchymoses au bras droit. Si l'accident n'a fait que des blessés, c'est parce que le retraité roulait à une très faible allure.

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Mais le retraité qui n'était pas connu de la justice pour des délits routiers, éprouve des difficultés à admettre la cause de cet accident : son alcoolisme. “Quand je suis alcoolisé, je ne conduis pas”, assure-t-il. Les analyses sanguines ont cependant révélé qu’il avait 3,07 grammes d’alcool dans le sang au moment des faits. Un taux d'alcoolémie qui rend incapable de faire quoi que ce soit, voire peut provoquer un coma éthylique lorsque l'on n'est pas un consommateur régulier.

Une addiction à l'alcool de longue date

Ses problèmes d'addiction à l'alcool remontent à des décennies et lui ont valu deux divorces. Deux de ses trois filles ont aussi définitivement rompu le contact avec lui pour cette raison. Et celle qui lui parle encore témoigne de rapport compliqué avec son père en raison de son alcoolisme.

L'homme affirme avoir été abstinent pendant des années et avoir fréquenté le groupe "Alcooliques anonymes" de Pontarlier pendant 10 ans. Mais en début d'année, le retraité a appris qu'il avait un cancer colorectal. Il est alors retombé dans son addiction. "Avant la chimio, j'étais abstinent", affirme-t-il. 

Lors de l'incident du mardi 3 septembre, il devait se rendre à l'hôpital dans l'après-midi. "Je pense que je n'avais pas envie d'aller à l'hôpital me faire opérer. Ça n'explique pas l'accident, mais c'est difficile à vivre", souffle-t-il.

S'il a pris sa voiture aux alentours de midi, c'était pour aller acheter une bière au Carrefour situé à 500 mètres de chez lui. "Des fois, j'y vais à pied, des fois, j'y vais en voiture", j'aurais dû y aller à pied", regrette-t-il à la barre.

Ça me touche dans le sens où je m'en veux énormément. C'est un truc de fou pour moi, je ne peux pas vous expliquer.

Le prévenu

Il souhaiterait pouvoir un jour écrire aux familles des enfants et à l'accompagnatrice qu'il a percutée. "Je la rencontrais souvent en promenant mon chien", se rappelle-t-il avec émotion.

"Le problème, ce sont les conséquences"

Pour Laure Frossard, avocate des parties civiles, les regrets ne sont pas suffisants. "Le problème, ce sont les conséquences. Ce n'est pas trois ou quatre victimes, mais des familles entières traumatisées", lance-t-elle à la barre. Et d'ajouter : "On a des enfants qui encore aujourd'hui vont sursauter à la vue d'un véhicule, font des cauchemars et ne veulent plus aller à la cantine". Elle s'inquiète que le retraité puisse récidiver à l'avenir. Elle se constitue partie civile pour l'accompagnatrice qui a été percutée et trois des enfants qui ont été blessés. 

"On sait que ce n'est que par chance qu'il n'y a pas eu de morts ou de blessures avec séquelles physiques invalidantes", abonde Louise Lena, la procureure de la République.

Elle requiert 18 mois d'emprisonnement dont 12 mois avec sursis probatoire, une obligation de soin concernant l'alcool et le maintien en détention. Pour les peines complémentaires, elle demande l'annulation du permis de conduire, l'interdiction de conduire tout véhicule à moteur, l'interdiction de repasser le permis pendant cinq ans et la confiscation du véhicule.

Interdiction de conduire pendant cinq ans

L'avocate du prévenu, Clara Brun affirme que son client se rend compte de la gravité des faits. Elle brosse le portrait d'une personne fragile et isolée. "Je ne pense que la détention soit un endroit idéal pour ce type d'auteur d'infraction", affirme-t-elle. Selon l'avocate, son client présente des risques de passage à l'acte suicidaire. 

Le prévenu est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés par les juges. Il a écopé de 18 mois d'emprisonnement avec sursis probatoire et de l'obligation de se soigner pour son alcoolisme durant deux ans. Son permis est annulé, il a l'interdiction de repasser pendant cinq ans, ne peut conduire un véhicule à moteur et sa voiture lui est retirée. Le retraité devra également indemniser les parties civiles pour les préjudices subis à hauteur de plusieurs milliers d'euros.

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