Elle se suicide à l'azote dans le "sarco" : que sait-on de cette machine mortelle qui fait polémique en Suisse

Une Américaine de 64 ans gravement malade s'est donné la mort lundi 23 septembre 2024 dans une forêt de l'autre côté de la frontière à l'aide d'une machine en forme de sarcophage futuriste. Un dispositif jugé illégal par les autorités helvètes qui ont arrêté plusieurs personnes.

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Elle a mis fin à ses jours sous les arbres. Une Américaine de 64 ans, gravement malade, s'est ôté la vie lundi 23 septembre 2024 dans une forêt du petit village de Merishausen, 765 habitants, situé près de Schaffhouse, au nord de la Suisse, à l'aide de la fameuse "Sarco capsule". Une machine en forme de sarcophage futuriste, jugée illégale par les autorités qui ont arrêté ce mardi plusieurs personnes.

Des photos révélant le suicide

Ce suicide a été révélé par l'association The Last Resort, qui promeut ce dispositif provoquant la mort par hypoxie à l'azote. Sur une photo transmise par l'association, on voit la mini-cabine violette vissée sur des roulettes, dans la pénombre d'un sous-bois du canton de Schaffhouse, quelques heures avant son utilisation par la sexagénaire.

Coprésident de The Last Resort, Florian Willet, "seule personne présente" lors de la mort de cette Américaine originaire du Midwest qui souffrait d'une "grave déficience immunitaire", a décrit son décès comme étant "paisible, rapide et digne"

Outre-Atlantique, cette annonce a provoqué une très vive émotion et les médias américains ont donné un fort écho à l'affaire, à l'image de CNN.

Une première en Suisse

Selon les médias suisses, c'est la première fois que cette capsule est utilisée. La sexagénaire est décédée lundi vers 16h, au moment même où Elisabeth Baume-Schneider, la ministre de l'Intérieur suisse, affirmait devant les députés que cette "capsule de suicide Sarco n'est pas conforme au droit", pour des raisons de sécurité et d'incompatibilité avec la loi sur les produits chimiques.

Le parquet de Schaffhouse avait été averti lundi par un cabinet d'avocats "qu'un suicide assisté à l'aide de la capsule Sarco avait eu lieu dans une cabane forestière à Merishausen dans l'après-midi". Les forces de l'ordre se sont immédiatement rendues sur les lieux. "Arrivés sur place, nous avons trouvé la capsule avec la personne morte", a confié Peter Sticher, le premier procureur de Schaffhouse, au quotidien suisse Blick. "Nous avons arrêté plusieurs personnes (...) pour éviter qu'elles ne se concertent entre elles ou ne dissimulent des preuves", a-t-il ajouté.

Les promoteurs de la capsule avaient été prévenus. "Nous avons dit que s'ils venaient à Schaffhouse et utilisaient Sarco, ils s'exposeraient à des conséquences pénales", a rappelé Peter Sticher. Une enquête pénale a été ouverte "pour incitation et aide au suicide". La police a communiqué sur les arrestations mardi, après que le quotidien néerlandais De Volkskrant a déclaré qu'un de ses photographes avait été arrêté en lien avec cette affaire.

Ce que dit la loi en Suisse

S'il est possible en Suisse, le suicide assisté est permis dans des conditions très précises, Et depuis qu'elle a été officiellement présentée le 17 juillet dernier à Zurich, cette "Sarco capsule", inventée par l'Australien Philip Nitschke, ancien médecin connu pour ses positions controversées sur la fin de vie, a déclenché une violente polémique.

Cette capsule se présente sous la forme d'une mini-cabine dans laquelle doit s'allonger la personne qui souhaite mettre fin à ses jours. Elle doit actionner elle-même le bouton après avoir répondu à une série de questions pour confirmer qu'elle comprend ce qu'elle fait et libérer de l'azote dans la capsule. "Après deux ou trois respirations, elle perdra conscience et mourra quelques minutes plus tard", a expliqué le Dr. Fiona Stewart, sociologue spécialisée dans les questions de santé publique, et membre consultative du conseil d'administration de l'association The Last Resort.

L'objectif de ce sarcophage est de "démédicaliser le suicide assisté" (...) La mort n'est pas un événement médical. Vous n'avez pas besoin d'un docteur dans une blouse blanche à côté.

Dr. Fiona Stewart, sociologue spécialisée dans les questions de santé publique, et membre consultative du conseil d'administration de Last Resort.

Zurich (Suisse), le 17 juillet 2024

Des questions éthiques

Ce dispositif a soulevé d'importantes questions éthiques, mais aussi de nombreuses questions de droit pour déterminer si elle peut ou non être considérée comme légale en Suisse. Selon la loi helvète, seul celui qui, "poussé par un mobile égoïste", prête assistance au suicide de quelqu'un est en effet punissable. La pratique de l'assistance organisée au suicide reste néanmoins encadrée par les codes de déontologie médicale et des organisations telles qu'Exit ou Dignitas, qui ont édicté leurs propres garde-fous. The Last Resort affirme cependant que ses avocats ont toujours estimé que son utilisation en Suisse était légale.

En juillet, Florian Willet avait expliqué que la Suisse avait été choisie en raison de son système "libéral merveilleux". "La Suisse est de loin le meilleur endroit", avait-il dit. L'organisation n'avait d'ailleurs pas caché cet été qu'il n'est pas impossible que ce sarcophage soit utilisé d'ici à fin 2024.

Selon The Last Resort, l'utilisation de la capsule est gratuite, mais le coût de l'azote est de 18 francs suisses, environ 19 euros. L'association affirme qu'"en temps voulu, les plans d'impression en 3D" de l'appareil seront publiés, "afin que les personnes âgées de plus de 50 ans et saines d'esprit" puissent l'imprimer, pour un coût d'environ 15.000 euros.

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