La fillette de 5 ans et sa famille sont pris en charge depuis l'automne 2021 à Besançon (Doubs). Ils ont fui l’Allemagne d'où ils allaient être expulsés vers la Sierra Leone. Si elle retourne dans son pays d’origine, la petite fille risque des mutilations sexuelles, alerte son comité de soutien.
Juliana, la mère de Mariama a été excisée à l'âge de 15 ans. Dans sa famille, les filles doivent toutes être excisées. En Sierra Leone, 75 % des femmes interrogées ont subi une excision précise le rapport de l'OFPRA de 2018. Pour l'Organisation Mondiale de la Santé, les mutilations sexuelles féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes. Elles sont 200 millions, toujours en vie, à avoir été victimes de mutilations sexuelles pratiquées dans 30 pays d'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Asie.
En 2017, alors que Juliana a 18 ans, sa famille se rend compte, lors d'un examen, que "l'excision n'a pas été totale". "Ils décident alors de finir le travail", confie Viviane Camus, membre du comité de soutien qui accompagne cette famille à Besançon.
La jeune femme décide de fuir la Sierra Leone pour ne pas être de nouveau mutilée. Elle se réfugie dans un office religieux avant de partir vers Allemagne. Là-bas, elle rencontre Mohamed, le père de ses futurs enfants. Mariama, 5 ans née en Allemagne, puis un petit frère vient agrandir la famille.
Le couple dépose en Allemagne une demande d’asile. Impensable pour la famille d'envisager un retour en Sierra Leone où la mère comme sa petite fille risquent une mutilation sexuelle. Déboutée en Allemagne, la famille décide de venir en France. Depuis l’automne 2021, elle est hébergée à Besançon par des membres du "Comité de soutien de Mariama".
Une nouvelle demande d’asile faite en France
En novembre 2021, à Besançon, la famille demande un réexamen de son dossier pour pouvoir rester en France. La réponse est négative. Le tribunal administratif de Besançon confirme le 17 décembre 2021 la décision allemande d'un retour vers le pays d'origine. C’est un nouveau "moment de désespoir pour la famille", souligne Viviane Camus.
Le tribunal de Besançon s’est appuyé notamment sur la procédure Dublin. Ce texte précise que si une demande d’asile est déposée dans un État membre de l'Union Européenne, toute nouvelle demande d'asile dans un autre pays de l’Union repart vers le pays où s'est faite la première demande. En l'occurrence, seule l'Allemagne peut traiter cette demande d'asile.
Sollicitée par France 3 Franche-Comté, la préfecture du Doubs indique qu'il n'y a "aucune raison sérieuse de douter que les autorités allemandes examineront bien le risque d'excision de la petite fille en cas de retour en Sierra Léone."
L’action du comité de soutien à Mariama
"La famille de Mariama ne conteste pas la légalité de la décision du tribunal" précise Viviane Camus. Elle ajoute : "le recours auprès du préfet du Doubs c'est uniquement pour obtenir un examen plus humain de leur situation". 300 signatures de Bisontins ont été recueillies pour soutenir la démarche.
Le 17 mars 2022, des membres du comité de soutien ont été reçus en préfecture. A l'heure où nous écrivons, ils regrettent qu’aucune réponse ne leur ait été apportée. La préfecture explique que "l'examen de la nouvelle demande de la famille suppose donc qu'elle rejoigne l'Allemagne et y formalise un nouveau dossier."
L’espoir d’un avenir meilleur
Si la demande d’asile était acceptée en France pour Mariama, l’avenir pourrait aussi s’éclaircir pour les parents de la fillette. Ces derniers seraient autorisés à demander un titre de séjour.
Au-delà de l’aspect administratif, si la situation se régularise, la famille souhaite scolariser Mariama. Un premier pas pour retrouver une vie normale pour cette famille, hébergée depuis des mois par des bénévoles.