La gendarmerie du Doubs vient de publier un bilan du nombre de victimes de violences « intrafamiliales », des femmes en très grande majorité. Mi-novembre 2020, la hausse est de 20 % par rapport à 2019.
Notre rencontre avec Marie date de février 2020. Elle avait vécu pendant 18 mois avec un homme violent. Il lui avait fait subir du harcèlement, des coups et une tentative d'étranglement :
On se sent englué dans un truc qui nous échappe, dans une image qu'on nous renvoie : on est une mauvaise personne, on se dit qu'on mérite ça...
La violence de leurs compagnons, elles sont des dizaines de milliers à la vivre en France, chaque année. Et elles sont de plus en plus nombreuses.
Dans le Doubs par exemple, les chiffres ne sont pas bons, avec une forte augmentation du nombres de victimes de violences dites « intrafamiliales », des femmes en grande majorité. La fin de l’année 2020, avec le nouveau confinement, risque d’aggraver encore le bilan.
Dans un communiqué, la gendarmerie du Doubs ne donne pas le nombre exact de victimes et de faits constatés, mais une hausse en pourcentage, 20 % de plus par rapport à l’année 2019 : "Les femmes représentent 75% des victimes, les hommes 25%. Les femmes victimes sont majoritairement âgées de moins de 40 ans. Depuis le mois de septembre, la tendance du nombre de victimes est cependant orientée à la baisse. En octobre, les données sont proches de l’an passé."
Une nouvelle augmentation des violences ?
Une hausse du nombre de victimes pendant le premier confinement, suivie d'une baisse, puis une nouvelle hausse pendant le deuxième confinement ? C’est malheureusement probable.
Le major Philippe Antoni est l’officier chargé de la communication. Il détaille le travail effectué par les militaires de la gendarmerie :
Notre mission est aussi la prévention. Nous rappelons systématiquement chaque victime de violences, et assurons un contact régulier avec les victimes dans les procédures en cours, en cas de coups et blessures volontaires, menaces et chantages, violences sexuelles.
Garder le contact avec les victimes et détecter les situations préoccupantes pour assurer une surveillance particulière : la prise en compte des violences faites aux femmes a visiblement pris une toute autre dimension.
C’est ce que confirme Anne Gainet, de l’association Solidarité Femmes, à Besançon :
Pendant le premier confinement, la police est intervenue beaucoup plus vite après les appels des victimes ou des voisins. Ce travail de prévention a bien fonctionné
Pourtant, la crise sanitaire reste une période à risques : "Les femmes nous disent qu'elles sont particulièrement stressées à cause de ce deuxième confinement" précise Anne Gainet.
Violences intrafamiliales, les contacts indispensables :
Les victimes de violences dans le couple ou la famille ont plusieurs moyens de signaler leur situation :
- Le 17 (police secours)
- Le 3919 de 9h00 à 21h00, tous les jours ( numéro de référence qui assure écoute et aide au profit des victimes de violences conjugales)
- Le 119 pour l'enfance en danger ou encore le SMS au 114.
La gendarmerie du Doubs indique aussi que "malgré les mesures de confinement, il est rappelé aux victimes qu’elles peuvent fuir en cas de danger pour signaler la situation aux forces de l’ordre ou se réfugier chez des proches."