La filière Mont d'Or a dévoilé son bilan de la saison 2023-2024. Avec 5 428 tonnes de Mont d'Or vendues, la production du célèbre fromage du Haut-Doubs est stable, mais le réchauffement climatique ne permettra probablement plus d'augmenter les quantités produites.
C'est l'heure du bilan pour la filière Mont d'Or après la clôture de la saison 2023-2024. Avec 8,8 millions de boîtes du célèbre fromage, entouré de sa sangle en bois, vendues sur la saison, la production reste stable, mais n'a pas augmenté. Une fois n'est pas coutume, en agriculture, le changement climatique y est pour quelque chose. "On voit bien qu'on ne peut pas produire plus avec ce climat et il n'y a aucun moyen de compenser ça. La filière n'a plus vocation à augmenter sa production", explique Eric Février, président du Syndicat interprofessionnel du Mont d’Or (SIMO).
Préférer la qualité à la quantité
En cause : l'alimentation des vaches qui produisent le lait nécessaire à la fabrication du Mont d'Or. "À cette période, la récolte des foins devrait être bien avancée, mais on peine à commencer à cause de la pluie. Plus on attend, moins l'herbe est qualitative d'un point de vue nutritif pour la vache qui va produire moins de lait", détaille le président du syndicat, lui aussi producteur de Mont d'Or. Moins de protéines équivalent à moins de lait et donc moins de Mont d'Or. C'est le grand constat de cette saison 2023-2024.
Si le changement climatique a des conséquences sur la quantité produite, il n'est pas pour autant menaçant pour le moment. Depuis deux ans, la production reste stable.
On sait qu'on ne peut pas produire plus mais si on reste à ce niveau, à savoir 5 500 tonnes de Mont d'Or par an, ce n'est pas alarmant. On va maintenant se concentrer sur la préservation de la qualité, voire l'amélioration"
Eric Février, président du syndicat interprofessionnel du Mont d'Or
Certains producteurs se sont tournés vers de nouvelles pratiques pour améliorer leur production. "Mais ce sont des solutions à court ou moyen terme, car elles demandent de l'investissement et on ne sait pas ce que nous réserve l'avenir", constate Hugues Rousselet, producteur de Mont d'Or à Metabief. Lui aussi préfère privilégier la qualité du produit à sa quantité tout en essayant de s'adapter au climat. "Normalement, il nous faut six mois de stockage de foin pour les vaches. Mais aujourd'hui, on part sur sept mois, car l'été dernier, les vaches ont dû manger du foin."
Un cahier des charges strict
Le Mont d'Or, en tant que produit saisonnier, dépend fortement de la météo. S'il existe des solutions pour contourner la variable du climat, les producteurs ne peuvent pourtant pas les appliquer. "Le Mont d'Or est un produit AOP avec un cahier des charges strict. On pourrait acheter des fourrages de meilleure qualité pour compenser, mais le foin doit impérativement être produit sur la zone AOP du Mont d'or", explique Eric Février.
Composer avec le changement climatique fait partie des contraintes des 400 producteurs de lait du Mont d'Or. "On ne peut pas se projeter. Il y aura peut-être des années où toutes les planètes seront alignées pour produire plus, mais il faut éviter des variations trop importantes d'une saison à l'autre. C'est trop complexe à gérer au niveau commercial de l'offre et de la demande." Car le Mont d'Or reste un fromage incontournable de la région, fortement apprécié et demandé par les Francs-Comtois, mais pas que !