Pass vaccinal : « Il n’y a pas eu de coup monté ! » à l'Assemblée Nationale se défend Annie Genevard

Annie Genevard, députée Les Républicains du Doubs, revient sur la suspension-surprise des débats sur le pass vaccinal, dans la nuit du 3 au 4 janvier, à l’Assemblée Nationale. Lors de cette session, qu’elle présidait, tous les partis d’opposition se sont coalisés derrière Les Républicains, pour faire dérailler le projet.

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Le texte n’a pas pu être étudié dans la nuit, comme le souhaitait Olivier Véran, et sa promulgation le 15 janvier est devenue incertaine. Retour sur un imbroglio… très politique.

Ce 3 janvier à minuit, il reste encore plus de cinq-cents amendements à étudier sur le projet de pass vaccinal, quand Annie Genevard suspend la séance, conformément au règlement. Car pour obliger les parlementaires à siéger toute la nuit, comme le souhaiterait le ministre de la Santé Olivier Véran, il faut l’accord de tous les groupes parlementaires. Or, certains souhaitaient avoir plus de temps, pour examiner ce texte délicat. La suite, c’est Denis Sommer, député LREM du Doubs, présent dans l’hémicycle, qui la raconte : « A l’issue de cette pause, Mme Genevard a constaté qu’il y avait un désaccord entre les présidents de groupe sur le fait de continuer ou de de pas continuer (l’examen du texte, NDLR). Le ministre Véran a dit son souhait que les débats se poursuivent et là-dessus, la présidente a demandé un vote de l’Assemblée pour ou contre la poursuite ».

Le "coup du rideau"

Il est alors environ minuit dix. Eric Alauzet, également député LREM du Doubs, qui était remonté dans son bureau, regagne son banc : « Ce vote s’est fait très rapidement. A main levée. Des collègues sont arrivés en retard et leur vote n’a pas pu être pris en compte ».

A l’inverse, selon lui, les députés de l’opposition étaient très mobilisés, et présents en force : « Ils ont profité de la suspension de séance pour s’organiser et venir en masse. Ils ont été plus rapides que nous à arriver dans l’hémicycle, tout simplement. Cela arrive deux ou trois fois dans l’année : les oppositions s’organisent et arrivent par surprise (…) Toutes les majorités se sont fait avoir à ce petit jeu ».

Selon Denis Sommer, les oppositions ont réalisé ce qu’on appelle en jargon politique le « coup du rideau », une arrivée en masse au moment d’un scrutin, pour faire basculer le résultat : « Les communistes, explique Sommer, qui étaient deux (l'après-midi, NDLR) étaient tous là. Leur banc était plein. Le PS aussi, les insoumis aussi ». Encore plus spectaculaire, aurait été l’afflux soudain des députés de droite. Selon lui, ils auraient subitement triplé : « Ce qui est sûr, c‘est que les LR étaient mobilisés autour de quinze à vingt-cinq pendant tout l’après-midi. Et, à minuit, tout de suite après la pause, ils sont tous arrivés. Ils étaient quatre-vingt, quatre-vingt-dix. Visiblement le coup était préparé. Des députés qui n’avaient participé à aucun débat dans l’après-midi se sont retrouvés présents à minuit dix, pour le vote. »

Annie Genevard dément

Cet afflux subit de dizaines de députés LR, Annie Genevard le dément : « C’est absolument faux ! Il (Denis Sommer) raconte n’importe quoi ! (…) Je vois bien la petite musique qu’ils essaient de faire monter : accréditer le « coup du rideau ». Mais il n’y avait rien de prémédité dans tout ça. Il n’y a pas eu de coup monté. Moi, je suis au perchoir et j’aurais bien vu s’il y avait un mouvement de foule. Il n’y a pas eu de mouvement de foule. » Et d’ajouter : « Le vote a été lancé par le ministre (Véran, NDLR) sans qu’il s’assure qu’il avait ses troupes. Il pouvait très bien demander une suspension, le temps de faire revenir ses troupes. Le problème, c’est qu’ils ont lancé un vote, sans s’assurer de leur majorité ».

Les images de l’hémicycle (accessibles librement en ligne sur le site de l’Assemblée Nationale) accréditent plutôt la version de Mme Genevard. Les travées sont occupées aux deux tiers avant et après la suspension de séance, dans des proportions qui semblent similaires.

Jean-Luc Mélenchon triomphe

Reste à savoir de combien de voix les oppositions l’ont emporté. Bizarrement, sur le site de l’Assemblée, le son est subitement coupé lors des deux décomptes d’Annie Genevard : il donc impossible de connaître le résultat final. Selon elle, les « contre » l’ont emporté par 125 voix contre 121. Quatre petites voix qui permettent aux oppositions de bloquer l'étude du texte.

Ce qu’on entend bien en revanche, sur les images de l’Assemblée, c’est la joie des députés d’opposition lorsque la présidente annonce la victoire de cette dernière et l’interruption des débats pour la nuit.

Depuis son taxi, alors qu'il roule vers l'Assemblée, Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France insoumise, évoque une "correction" pour Olivier Véran.

Damien Abad, président du groupe parlementaire LR renchérit : « Gros camouflet pour la majorité » et il se moque ouvertement des Marcheurs : « Amateurs un jour, amateurs toujours. »

Amer, Eric Alauzet, le député LREM du Doubs conclut : « C’est de l’obstruction parlementaire, bien organisée par la France insoumise, mais de façon opportuniste suivie par Les Républicains et d’autres ».

Retardés par ce vote inattendu, les débats sur le pass vaccinal ont repris ce mardi 4 janvier. Et, au final, Républicains, Marcheurs et socialistes devraient voter le texte amendé ensemble. Mais il n’est plus sûr que ce nouveau dispositif sanitaire pourra être promulgué dès le 15 janvier, comme le souhaitait initialement le gouvernement.

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