"Il y a une réelle inquiétude que les championnats UNSS disparaissent complètement" : colère et incompréhension après l'annulation des championnats scolaires cet hiver

L'Union nationale du sport scolaire (UNSS) a annoncé l'annulation de ses championnats de ski alpin et nordique et de snowboard, toutes catégories, devant se dérouler cet hiver. Un choix, incompréhensible pour les syndicats et les professeurs d'EPS, qui serait motivé par un différend avec la Fédération française de ski suite à un accident datant de 2016.

Il a neigé tôt, cette saison, sur les massifs français. On se prend déjà enfiler ses chaussures de ski, à rêver de dévaler les pistes pour une nouvelle saison. Cet hiver ne sera cependant pas tout à fait comme les autres : les pistes seront vides des traditionnels championnats de l'Union nationale du sport scolaire (UNSS), où s'affrontent chaque année des collégiens et lycéens férus de sport de glisse. 

La direction nationale de la fédération sportive a en effet annulé l'ensemble de ses compétitions de ski nordique, de ski alpin et de snowboard sur l'ensemble du territoire français, des phases de districts aux championnats de France. Des milliers d'élèves âgés de 10 à 18 ans se retrouvent ainsi privés de ces rencontres. 

Une décision illisible et "déconnectée du terrain"

Un choix incompréhensible, dénoncé par le SNEP-FSU. Dans une pétition en ligne lancée le 23 novembre 2023, le syndicat national de l'éducation physique accuse l'UNSS de "nier l’importance de l’activité ski sur tous nos territoires montagnards dans une nation française fortement imprégnée des cultures locales de sports d’hiver et très performante sur le plan international".  

Ivan Bouday, secrétaire du SNEP-FSU de l’Académie de Besançon, déplore de son côté une décision prise "en petit comité" par des "personnes déconnectées du terrain", dans un contexte de Jeux olympiques 2024 où l'on encourage pourtant la pratique sportive chez les jeunes. Sans compter un probable retour des Jeux olympiques d'hiver dans les Alpes françaises pour 2030, où le ski sera mis à l'honneur.

À l'heure de la rédaction de cet article, le 7 décembre 2023, la pétition du SNEP-FSU a recueilli plus de 3 360 signatures. Des grands noms y ont apporté leur soutien, dont des athlètes franc-comtois comme l'ancienne fondeuse Anouk Faivre Picon, et en biathlon, Quentin Fillon-Maillet et Lou Jeanmonnot, qui a remporté un incroyable doublé lors de la coupe du monde de biathlon 2023 à Östersund, en Suède.

"Quand le ski est attaqué, on se défend"

S'il s'en félicite, Ivan Bouday n'est pas réellement surpris du soutien de ces athlètes de haut niveau. "Il y a une forte solidarité dans les territoires de montagne", souligne-t-il. "Quand le ski est attaqué, on se défend, et les champions sont avec nous."

Eux aussi, ils ont connu les compet' de l'UNSS. "Ils en ont gardé de très bons souvenirs", assure Ivan Bouday. "Ils ont envie que les élèves connaissent les mêmes joies qu'ils ont connues." Dans les commentaires de la pétition, les signataires sont d'ailleurs nombreux à se remémorer des moments "incroyables", "de bonheur et d'effort", parmi les "meilleures expériences de ski" qu'ils ont connu.

Les valeurs et les enjeux éducatifs de ces championnats y sont aussi grandement loués. Car, si les jeunes inscrits dans des clubs de ski pourront toujours participer aux compétitions organisées par leurs clubs, ce n'est pas tout à fait la même chose que celles de l'UNSS. Le format des épreuves y est différent. Le "collectif y est plus présent", tout comme la parité, continue Ivan Bouday. "C'est aussi important pour l'identité des établissements et des élèves".

"C'est dommage que de bons élèves, d'un bon niveau, ne puissent pas représenter leurs établissements", complète Patrice Roydor. L'ancien président du ski-club de Bois-d’Amont (Jura) et coordinateur de la section ski du collège des Rousses dans le Haut-Jura s'est résigné. "C'est une décision nationale, on ne peut pas interférer à notre niveau. C'est seulement dommage d'en arriver là." 

En cause, un procès avec la Fédération française de ski

Qu'a donc motivé l'UNSS à prendre la décision d'annuler les compétitions ? La fédération a cité plusieurs raisons, rapidement balayées par Ivan Bouday. L'une serait le coût économique que représente l'organisation des championnats de France. "Chaque édition a un déficit de 3 000 euros", explique le responsable syndical, une somme minime selon lui par rapport au budget de l'UNSS. 

La raison principale porterait plutôt sur un vieux différend entre l'UNSS et la Fédération française de ski (FFS), à la suite d'un accident survenu en 2016 à Montriond, en Haute-Savoie. Depuis sept ans, l'UNSS et la FFS s'en rejettent la responsabilité. Le procès de cette affaire s'est conclu le 30 novembre. Dans l'attente du délibéré, rendu le 12 février 2024, l'UNSS n'aurait voulu prendre aucun risque avec de nouveaux championnats. 

À noter qu'après cet accident, les compétitions scolaires de ski ont été suspendues. C'est l'UNSS, sans le concours de la FFS, qui s'est alors chargée d'organiser les nouvelles éditions. "Ce qui montre bien que, malgré le litige avec la FFS, la fédération est capable et a les moyens de faire les choses bien", soutient Ivan Bouday. 

Au-delà de cette suspension pour cet hiver, "il y a une réelle inquiétude que les championnats UNSS disparaissent complètement", concède le représentant syndical. Le directeur national adjoint de l'UNSS recevra les syndicats mardi 12 décembre prochain. Ceux-ci espèrent que la fédération reviendra sur sa décision et assurera la pérennité des championnats.

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