"Ils ne méritent pas la peine de mort" : les défenseurs de la nature s'insurgent contre l'abattage prévu de 500 chamois dans le Doubs

Pour la saison 2024-2025, le plan de chasse dans le Doubs prévoit d'abattre entre 425 et 594 chamois. Un scandale selon l'association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) qui ne comprend pas un tel acharnement contre le mammifère.

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La chasse aux chamois est déjà ouverte ici depuis le 9 septembre et le restera jusqu'au 29 janvier 2025. Mais dans le Doubs, certains s'inquiètent déjà pour l'animal et dénoncent une hécatombe à venir. "Pourquoi détruire le chamois dans le Doubs ?", s'alarme ainsi Jean Chapuis, le représentant local de l'Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS).

"Le plan de chasse 2024-2025 a validé la destruction de 600 chamois au maximum, ce qui constitue une grave destruction environnementale et de biodiversité par l'abattage de plus de 30% des populations de ces mammifères emblématiques, sans raison environnementale réelle et sérieuse", avance l'association qui crie au scandale écologique.

"Ils ne méritent pas la peine de mort !"

L'ASPAS évoque un acharnement infondé contre le mammifère. "Il y a dix fois plus de chevreuils que de chamois dans le Doubs", assure Jean Chapuis à France 3 Franche-Comté. Car l'animal est loin de proliférer, assure-t-il. Le taux de croissance moyen des populations de chamois dans le Doubs hors chasse, prédation et épidémie, serait de l’ordre de 15 %, compte tenu des conditions climatiques, agricoles et forestières actuelles. Il a également ici un prédateur naturel : le lynx, dont la prédation serait de l’ordre de 10 % des populations de chamois. Bref, pas de quoi selon lui justifier un tel "massacre".

La surface boisée est de 230 000 hectares dans le département, ce qui fait une densité de un chamois pour 100 hectares boisés. On n'est pas envahi !

Jean Chapuis, Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS).

"Aucun dégât forestier et agricole n’est scientifiquement documenté et imputable à l'espèce chamois, s'insurge Jean Chapuis. Ils broutent un peu d'herbe, c'est vrai, mais ils ne méritent pas la peine de mort, il faut arrêter le délire !"

"Juste de l'anti-chasse"

"L'ASPAS cherche seulement à faire le buzz, regrette Jean-Maurice Boillon, le président de la Fédération départementale des chasseurs (FDC) du Doubs. Cela fait 20 ans qu'il y a des prélèvements dans le département. Il n'y a pas de problématique chamois, il y a juste de l'anti-chasse !"

Sur son site Facebook, la Fédération parle même d'une "infox" gonflant volontairement le nombre de bracelets qui seront distribués aux chasseurs cette saison. Elle rappelle avant tout que c'est la Commission départementale de gestion de la faune sauvage qui fixe des fourchettes d'attribution de quotas en fonction des espèces et des différentes zones. Cette commission rassemble tous les acteurs de la nature : services de l'État, chasseurs, agriculteurs, forestiers, l'Office français de la biodiversité, les lieutenants de louveterie, l'association des gardes particuliers, des associations de défense de l'environnement et des experts scientifiques. 

Et elle se fonde sur des comptages réalisés sur le terrain avant de fixer ses objectifs. Les effectifs de chamois sont bien en baisse dans le Doubs : 1 140 animaux en 2024 pour 1 396 en 2023. Mais, affirme Pierre Feuvrier à France 3 Franche-Comté, "sur les trois espèces soumises à plan de chasse cette année, cerfs-chevreuils-chamois, on avait fait des propositions en deçà des chiffres finalement validés par les services de l'État".

"Aucun chasseur n'est pour l'élimination d'une espèce"

Pour le directeur technique et scientifique de la Fédération, il ne faut pas se méprendre sur les chiffres. La fourchette se situe entre un minimum de 425 et un maximum de 594 animaux à prélever, "sachant que le taux de réalisation est de 90%" précise-t-il. "Aucune décision n'est prise au hasard, on ne fait pas ça au doigt mouillé, insiste Pierre Feuvrier. Aucun chasseur n'est pour l'élimination d'une espèce."

Et il ajoute que les prélèvements ont très peu évolué depuis dix ans dans le département. "Depuis 2014, on est autour de 440 chamois abattus en moyenne chaque année. Le chiffre était 576 au plus en 2022. Les chasseurs ne font pas ce qu'ils veulent et il y a aussi des minimums imposés par l'État.".

On maintient un juste équilibre depuis 20 ans. On adapte nos plans de chasse pour maîtriser le cheptel, c'est tout. Si on laisse des animaux proliférer, on va au-devant de vraies catastrophes sanitaires.

Jean-Maurice Boillon, le président de la Fédération départementale des chasseurs (FDC) du Doubs.

Quant aux dégâts provoqués par les chamois, ils sont bien réels corrigent les chasseurs. "On sait que six chamois dans une pâture broutent autant qu'un bovin, explique Jean-Maurice Boillon. Avec des groupes de plus de 20 animaux, ça crée vite des ravages." 

Et de préciser que le chamois n'est pas le gibier préféré des chasseurs franc-comtois. "C'est une chasse à l'affût, à l'approche, à l'alsacienne, qui n'est pas du tout dans nos habitudes, indique Jean-Maurice Boillon. Ce n'est pas notre chasse de prédilection, loin de là."

Des arguments qui ne convainquent pas du tout les défenseurs de l'animal. "Ce n'est pas du jour au lendemain qu'on va arrêter cette tuerie, regrette Jean Chapuis. Notre but, c'est d'informer les gens. 99% des habitants du Doubs ne savent pas qu'on chasse le chamois ici. C'est notre patrimoine, notre bien commun, il faut le préserver."

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