Italie, Turquie, Iran, Chine, Australie, Canada...Pendant quatre ans, Samuel Baudin, natif du Doubs, sillonnera les routes du globe sur son vélo. Le grand départ, est prévu mi-mai. Excitation, craintes, préparations et espérances. France 3 Franche-Comté a rencontré le jeune globe-trotter. Témoignage.
50 000 km à parcourir, plus de 35 pays à découvrir, 1 460 jours de voyage ! Les chiffres ont de quoi donner le vertige. Rajoutez à cela le fait que ce périple s'accomplira à vélo, et vous avez devant vous le pari fou d'un jeune Doubien, Samuel Baudin.
À 24 ans, le natif de Nans-sous-Sainte-Anne (Doubs), près de Besançon, s'embarquera "pour l'aventure d'une vie". Départ annoncé pour mi-mai 2023, "vraisemblablement le 16 ou le 17" précise le jeune homme, diplômé d'un master marketing, qui soigne une petite blessure à la cheville avant de s'élancer sur les routes du globe.
France, Italie, Grèce, Turquie, Iran, Kazakhstan, Chine, Australie, Amérique du Sud, Canada, USA, Europe du Nord puis centrale... La liste des contrées cochées dans le plan de voyage de Samuel est longue. L'itinéraire a été planifié pendant un mois, minutieusement.
"Depuis début avril, je parle avec les ambassades, j'ai réservé les tickets de bateau nécessaires à certains trajets, j'ai déjà pris des contacts de locaux pour m'accueillir" énumère le jeune homme. "Quatre ans de voyage, ça ne se prend pas à la légère". Et comment !
Ce voyage, c'est aussi une manière de sortir du quotidien assez luxueux d'Europe. De découvrir d'autres cultures et d'autres manières de vivre
Samuel Baudin
Mais Samuel est un habitué. Lui qui, de son propre aveu, "n'avais jamais quitté la France avant 2018 et n'étais pas un grand fan de vélo" enchaîne les voyages depuis quelques années. Angleterre, USA, Espagne...Et le dernier en date, un tour d'Europe de six mois, déjà à vélo, qui lui a ouvert l'appétit. "Au départ, je devais le faire en voiture" sourit-il. "Mais mon père a eu un problème de véhicule, je lui ai prêté la mienne et je suis parti à vélo".
C'est en roulant sur les routes portugaises et espagnoles que "Sam", comme l'appelle sa famille et ses amis, a le déclic : "C'était incroyable. Je rencontrais de nouvelles personnes, des modes de vie différents, je sortais de mon confort et je relevais un défi physique, tout en étant écologique. Je me suis dit : pourquoi pas voir plus loin ?"
Un arrêt d'un an en Australie pour travailler
Rentré dans le Doubs en avril, il décide aussitôt de repartir... sur une plus longue durée. "J'ai soif de changement, de nouvelles cultures. Là, je pars avec mon vélo, six sacoches et je dormirai chez l'habitant, ou dans ma tente. Je vis vraiment ça comme un test pour repousser mes limites".
Et accomplir de vieux rêves. Comme celui de travailler en Australie. "J'ai prévu de me poser un an là-bas, histoire de renflouer les caisses" précise-t-il. "J'ai un diplôme de charpentier, donc je me vois bien travailler dans la construction. Il le faut bien, car c'est un budget tout ça".
Dans le détail, comptez environ 3 500 euros d'équipements, et environ 10 euros par jour. "Au total, on est autour de 15, 20 000 euros. Donc, il faudra bosser sur le chemin, car je finance tout sur mes fonds propres". Les trois autres années, Samuel les passera en selle, "en parcourant environ 80 km par jour", tout en s'autorisant quelques jours de pauses "pour faire du tourisme".
Lorsqu'il nous explique son odyssée, nous ne pouvons pas nous empêcher de lui poser une question : est-il conscient de la dureté de l'aventure ? Physique, d'abord. "Bien sûr, j'aurai mal aux cuisses et aux fesses les deux premières semaines. Mais bon, le corps s'habitue vite. Et puis, je suis en bonne forme après le tour d'Europe".
Mental, ensuite. "Il ne faut pas se mentir, je passerai sans doute quelque moment sur la selle où je me dirai "mais qu'est-ce-que je fous là" (rires). Mais quand je fais le point, les bénéfices sont beaucoup plus importants que les points négatifs".
Aucune peur dans sa voix, mais de l'assurance et de l'excitation. "On est à 15 jours du départ, je veux y aller. Cela va être différent de tout ce que j'ai pu connaître. En Europe, vous avez toujours un hôtel ou un magasin. Là, au milieu du Laos ou du Kazakhstan, je serai seul. Mais ce sont aussi ces sensations que je recherche".
Je ne me mets aucune pression sur le parcours. Je sais très bien que je suis dépendant du contexte géopolitique dans des pays comme l'Iran. En Chine, les négociations sont dures pour avoir un visa. Et puis, tout peut évoluer selon mes envies
Samuel Baudin
Il a malgré tout fallu convaincre la famille. "Quand vous dites à vos parents que vous allez être loin d'eux pendant quatre ans, forcément, la première réaction est l'inquiétude" estime-t-il. "Surtout lorsque je prévoie de passer par l'Iran ou la Chine. Au final, ils ont vu que c'était vraiment ma volonté et ils me soutiennent, comme mes amis".
Mais alors, ne ressent-il rien à l'idée d'être loin des siens, même pas un pincement au cœur ? "Sans vous mentir, savoir que mon frère va avoir un enfant durant mon absence, savoir que des amis vont se marier sans moi, ça va me faire bizarre" confesse Sam. "Mais je relativise. Quatre ans dans une vie, ce n'est rien, on se créera des souvenirs à mon retour".
Un retour prévu... pour 2027
Pour garder un lien, l'aventurier a prévu de partager son quotidien sur les réseaux sociaux. "J'aurai comme ça un petit journal de bord, et cela rassurera mes proches". Son périple sera aussi solidaire : "Je vais mettre en place une cagnotte au profit de l'association "Petits Princes", qui réalise les rêves des enfants malades".
En attendant le départ, Samuel compte les jours. "Là, j'essaye de passer le plus de temps possible avec les gens que j'aime. J'achète aussi mes dernières affaires : batteries portables, petits panneaux solaires, etc. Chaque kilo sera important". "Et puis, je reviendrai en 2027, ce n'est pas si loin" conclut-il dans un sourire.