La coqueluche est de retour. Et l'épidémie serait d'une ampleur "inédite en France depuis au moins 20 ans", selon les spécialistes. L'ARS Bourgogne-Franche-comté a reçu 35 signalements ces quatre dernières semaines et appelle comme partout en France à la vigilance et à la vaccination
"Elle a de fortes quintes de toux, surtout la nuit quand elle est allongée, un peu comme si elle avait avalé quelque chose de travers", raconte le père de Zoélie, deux ans. La fillette était pourtant vaccinée contre la coqueluche, comme ses parents. "Le vaccin permet de ne pas déclencher une forme grave de la maladie mais ça n'empêche pas de l'avoir", explique-t-il.
Depuis 15 jours, les parents de Zoélie se sont beaucoup renseignés sur cette infection respiratoire provoquée par une bactérie appelée Bordetella pertussis. Une infection qui peut durer quatre à huit semaines. Zoélie a été contaminée par sa cousine lors d'un séjour en Bretagne. Les premiers symptômes sont apparus à son retour à Tarcenay (Doubs) où la petite famille réside. "On a appris là-bas que ma nièce avait la coqueluche et donc on s'y attendait un peu. Elle a commencé à tousser fort, on avait l'impression qu'elle s'étouffait. On l'a emmené aussitôt chez le médecin. On a fait un test PCR coqueluche et c'était bien ça. On n'est pas vraiment inquiet mais ce n'est pas un truc qu'il faut laisser traîner !"
On l'avait un peu oubliée mais la coqueluche est bel et bien de retour, même si elle se fait encore discrète dans la région. "Pour ma part, je n'ai pas vu de cas, pour l'instant, dans mon cabinet", confie Bechara Saade, pédiatre à Besançon (Doubs). Pas de bousculade non plus chez sa consœur Aline Langlais. "Comme on en parle beaucoup en ce moment, dès leur enfant tousse, les parents pensent tout de suite à la coqueluche mais j'en ai pas eu au cabinet, explique-t-elle. Mais à l'hôpital, en revanche, mes collègues ont eu pas mal de cas apparemment", .
35 signalements en un mois
Ces quatre dernières semaines, l’ARS Bourgogne-Franche-Comté indique avoir reçu 35 signalements de cas de coqueluche, isolés ou groupés en milieu scolaire, dont 19 signalements entre le 10 et le 16 juin. "Ces signalements correspondent à un contexte national de recrudescence de la maladie", précise l'ARS à France 3 Franche-Comté. "L’ARS gère ces situations en lien avec les services de l’Education nationale et suivant des procédures d’intervention déterminées conjointement : information par affichage et courriers, vérification des schémas vaccinaux, recherche des tousseurs...", ajoute-t-elle.
Et on parle bien d'épidémie aujourd'hui. "Les dernières données confirment la résurgence de la maladie en France avec déjà plus de cas rapportés sur les cinq premiers mois de l'année que pour 2023, a indiqué début juin Santé Publique France. Cette forte augmentation du nombre de cas et des signalements de cas groupés ces dernières semaines confirment l'intensification de la circulation communautaire de la bactérie."
Près de 6.000 cas de cette infection respiratoire ont été recensés sur les cinq premiers mois de l'année, contre 495 sur l'ensemble de 2023, 67 en 2022 et 34 en 2021, a souligné pour sa part l'Institut Pasteur, le 4 juin dernier.
Consultations multipliées par 7
Alors qu'au premier trimestre, "quelques régions rapportaient des cas groupés, l'ensemble du territoire est désormais concerné avec des hausses importantes, tous réseaux de surveillance confondus",observe Santé Publique France.
Le dispositif hospitalier de surveillance (réseau Renacoq) a, entre autres, recensé 46 cas de nourrissons de moins de 12 mois hospitalisés sur les cinq premiers mois de 2024, déjà plus que sur tout 2023. Les nourrissons trop jeunes pour être vaccinés (moins de deux mois) sont en effet les plus touchés par les formes graves.
Les passages aux urgences pour coqueluche et les hospitalisations ont aussi nettement grimpé ces dernières semaines. Même constat en ville, avec par exemple, des consultations pour coqueluche multipliées par sept, depuis mi-février, chez SOS médecins.
Partout dans l'Hexagone, les agences régionales de santé ont donc lancé des appels à la vigilance et à la vaccination, comme l'ARS de Nouvelle Aquitaine sur ses réseaux sociaux.
#Alerte | Recrudescence des cas de #coqueluche : appel à la vigilance !👶
— ARS Nouvelle-Aquitaine (@ARS_NAquit) June 14, 2024
En cas de toux persistante de plus de 7 jours : consulter votre médecin, porter un masque, éviter les collectivités et contacts avec les nourrissons.
La vaccination est le seul moyen de protection. pic.twitter.com/fo284fex6O
Hautement contagieuse
"La vaccination et le port du masque en cas de toux sont essentiels pour lutter contre la diffusion de cette maladie", insiste de son côté l'ARS Bourgogne-Franche-Comté. Car la maladie est hautement contagieuse : une personne atteinte en contamine environ quinze autres. L'incubation dure en moyenne 9 à 10 jours.
L'affection peut être grave pour les nourrissons : ils peuvent présenter une coqueluche maligne avec détresse respiratoire et détérioration d'un ou plusieurs organes. Les personnes souffrant de malades respiratoires chroniques, les immunodéprimés et les femmes enceintes sont aussi plus à risque. Les décès restent heureusement rares, mais ils peuvent survenir surtout chez les très jeunes nourrissons non vaccinés.
Un mois après un premier décès à Nice, deux nourrissons de moins de trois mois sont ainsi morts ces derniers jours au CHU de Montepllier (Hérault) après avoir été atteints d’une forme sévère de la coqueluche.