"On n'est pas sereins, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés", le magasin Casino de Besançon Châteaufarine va fermer avant sa reprise par Intermarché

Les magasins de Besançon (Doubs) et de Lons-le-Saunier (Jura) changent de propriétaires. Ils doivent fermer leurs portes d'ici au 30 septembre avant de changer de propriétaire.

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En Franche-Comté, six supermarchés Casino seront cédés au groupement Les Mousquetaires, propriétaire de l'enseigne Intermarché. L'annonce remonte au mois de mai 2023, via un communiqué du groupe, en difficulté financière depuis plusieurs mois. La CGT avait de son côté publié le 13 juin une liste de 119 magasins dont la cession est prévue en 2023 (57 d'entre eux) ou d'ici à trois ans (pour les 62 autres).

Dans l'immédiat, les deux hypermarchés de Lons-le-Saunier et Besançon vont fermer leurs portes, respectivement le 27 et le 30 septembre, avant d'être réouverts à la mi-octobre par le repreneur, Intermarché. Les supermarchés de Rioz et Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône, ainsi que celui de Pontarlier, dans le Doubs, doivent également fermer leurs portes "d’ici la fin du troisième trimestre 2023", selon la communication de Casino. Dernier concerné dans la région, celui d'Arc-les-Gray en Haute-Saône, sera lui cédé sous trois ans.

Le personnel maintenu en poste minimum 15 mois

À Châteaufarine dans le Doubs, l'hypermarché appartenait depuis 1985 au groupe Casino, qui avait racheté le groupe Cedis (Centre-Est Distribution), fondé en 1960, à Besançon. Les Bisontins se souviennent peut-être de l'enseigne Mammouth, qui avait marqué, en 1970, l'arrivée d'un "géant" du commerce sur des terres jadis plutôt pâturées par nos montbéliardes.

38 ans plus tard, le groupe Casino est au tapis. En 2022, l'enseigne prenait le nom d'#HyperFrais, selon une ambition du groupe de mieux s'adapter aux clients. Cela n'aura pas suffi. "Le 30 septembre, Intermarché prend possession des clés", glisse avec inquiétude Georgina Chartier, déléguée syndicale CGT au Casino de Châteaufarine.

Le drive est d'ores-et-déjà fermé, et les promotions sont nombreuses dans les rayons pour vendre au plus vite ce qui peut l'être. "Là, on ne reçoit plus de livraison, précise Georgina Chartier, qui est responsable de rayon. On est passé à -70% pour liquider le stock qui nous reste. Les rayons frais sont quasiment vides." Et durant les quinze jours de fermeture, les salariés seront amenés à "ranger, nettoyer, et pour certains, suivre des formations".

Ils sont obligés de nous maintenir pendant 15 mois. Après c’est le repreneur qui verra.

Georgina Chartier, déléguée syndicale CGT au Casino de Châteaufarine

"Ça avait été annoncé fin juin, on a eu confirmation en juillet. Intermarché, on l’a su mi-août. C’est là qu’on a commencé à vider les réserves", poursuit la déléguée syndicale employée depuis 1998. Les 140 emplois du site devraient être maintenus durant une période minimum de 15 mois, selon l'accord signé entre les deux groupes de grande distribution. "Le projet de cession au Groupement les Mousquetaires a pour vocation prioritaire de pérenniser les emplois", assure la direction de la communication du groupe stéphanois, qui évoque une "clause de maintien des avantages que les collaborateurs pouvaient avoir".

De même, "il s’agit d’un transfert de plein droit des contrats de travail" : "les salariés concernés conserveraient donc l’ensemble des droits attachés à leur contrat de travail et, notamment, leur ancienneté, leur rémunération, leur classification." Pour le reste, c'est l'incertitude qui prédomine. "La décision de la date d’ouverture, le mode d’exploitation, les aspérités et les spécificités du magasin seront du ressort du nouvel exploitant", selon la direction de la communication de Casino.

"On ne sait pas où on va"

Georgina Chartier ne cache pas son anxiété pour les jours à venir. "On n'est pas sereins, car on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés. C'est un peu tendu", lâche la déléguée syndicale, qui ne cache pas son mécontentement. "C’est regrettable, car la communication n'était pas leur fort et on ne sait pas comment vont évoluer nos métiers, si on restera, il y a beaucoup de choses qui sont un peu floues." 

La pression est donc forte pour les salariés qui, s'ils ont la certitude de conserver leur poste 15 mois, ne connaissent pas les conditions qui seront celles de leur nouvel employeur. "On avait des conditions de travail raisonnables, je sais qu’on va y perdre", assure Georgina Chartier. 

Pour les salariés, nombreux à Châteaufarine, qui cumulent 30, voire 35 années d'ancienneté au sein de Casino, le changement d'horaire, de rythme, va être dur à encaisser et inquiète déjà, selon Georgina Chartier. "On vit une période compliquée. Et comme notre direction ne dit rien, ça met un poids supplémentaire sur nos épaules." 

Quant au repreneur, rien n'indique qu'il conservera l'intégralité de la surface commerciale.  Selon la déléguée syndicale, le site perdait peu à peu sa clientèle depuis un an. 

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