"On peut en trouver comme on irait chercher du pain", il raconte comment la cocaïne a failli détruire sa vie

En France, la consommation de cocaïne a fortement augmenté, selon une étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée mercredi 26 juin 2024. Adrien a consommé quotidiennement pendant deux ans cette poudre blanche. Il témoigne.

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"La première fois que j'en ai pris, c'était il y a deux ans, lors d'un Nouvel An", souffle Adrien*. Presque immédiatement après, il est devenu addict à la cocaïne. Pendant deux longues années, le jeune homme de 19 ans a vécu une descente en enfer comprenant overdoses et tentatives de suicide.

Adrien a commencé à consommer cette drogue de lui-même. "Moi, j'ai acheté mon truc tout seul. J'en entendais beaucoup parler, c'est dédramatisé donc je me suis dit pourquoi pas essayer", raconte-t-il.

Au départ, c'était festif, je l'assimilais à la Jet set. C'est social, c'est mondain, mais très vite mon rapport a changé, car c'est une drogue solitaire. J'était sous coc' à 7h du matin.

Adrien

Pour lui, la dépendance est venue très rapidement. Le jeune homme originaire du Doubs est atteint d'un trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). "Les stimulants ont fait fonctionner une zone du cerveau en hypofonction. Lorsque j'en prends, cela me pose. Donc la première fois que j'en ai consommé, ça a directement matché", explique-t-il. La cocaïne lui permettait de canaliser ses pensées.

Quatre overdoses et cinq tentatives de suicide

En consommant cette poudre blanche, il se sentait enfin normal. Mais les problèmes n'ont pas tardé à arriver. "Il y a eu des soucis financiers, car c'est assez cher. Et je me suis mis dans des trucs plus ou moins légaux. J'ai revendu pour payer ma consommation", confie Adrien.

Les problèmes en amenant d'autres, cet habitant du Doubs a commencé à avoir des soucis de conscience. "Ça mène à une problématique d'éthique. Je suis en train de revendre un truc qui fait du mal". La cocaïne l'a aussi isolé. Il s'est éloigné de ses amis, de sa famille et de ses collègues. Ne voyant pas d'issue, Adrien a tenté de se suicider à cinq reprises. 

Il y a tout l'envers du décor comme les tentatives de suicide. Je me suis retrouvé pendu dans un hôtel.

Adrien

Lorsque l'on prend ce genre de drogues, il y a une phase d'euphorie, de bien-être, mais ensuite l'organisme a besoin de récupérer. C'est la phase de descente. Les principaux effets sont des sentiments anxieux et dépressifs accompagnés de fatigue. C'est lors de cette phase qu'Adrien a tenté de se suicider à plusieurs reprises. Lors de la redescente, "vous êtes comme une coquille vide", se rappelle-t-il. La cocaïne provoquait aussi chez lui des crises d'épilepsie et de paranoïa. "J'hurlais partout, je ne reconnaissais plus personne. Je sortais de mon corps."

La cocaïne, révélatrice d'autres problèmes

Sa famille a été mise au courant assez rapidement : "Dès la première overdose (j'en ai fait quatre en tout). Mes parents ont reçu un courrier des urgences et deux semaines plus tard, je leur ai avoué". Il ajoute : "Au début, ils étaient un peu fermés, ils ne savaient pas trop quoi dire. Encore maintenant, c'est un peu compliqué". Adrien reçoit surtout du soutien de la part de ses amis. "Ils m'aident énormément. Dans mon entourage, aucune personne ne touche à ça". 

Selon lui, la cocaïne est révélatrice d'autres problématiques que l'on peut avoir. "Le produit est le symptôme de soucis sous-jacents qu'il faut prendre en compte comme la solitude, la concentration, l'estime de soi", énumère-t-il. Adrien avait déjà un penchant addictif. Il prenait déjà du protoxyde d'azote et buvait de l'alcool. Que ce soit pour ces deux substances ou la cocaïne, il était incapable de se modérer.

Adrien a décidé d'arrêter la cocaïne suite à une consommation à risque. "C'était lors d'une soirée, j'avais dit à mon ami que ce soir-là, je ne prendrais qu'une trace, sauf que cela n'a pas marché. Je me suis retrouvé à descendre une côte à vélo sous la pluie et j'ai fait une crise d'épilepsie. J'ai été hospitalisé et je me suis dit que je ne pouvais pas continuer comme cela", se rappelle-t-il.

"Je me suis vraiment pris en charge et ça a marché"

Lorsqu'il était aux urgences, les soignants lui ont proposé un séjour en hôpital de jour de trois mois : "C'est là que je me suis vraiment pris en charge et ça a marché. Je fais partie d'un groupe de cocaïnomanes anonymes. C'est un groupe qui m'aide beaucoup".

Il y a des solutions. Il faut une part de volonté, car il faut avoir envie d'arrêter, mais il y a des groupes d'aide et il ne faut pas hésiter à en parler.

Adrien

Son addiction n'a plus de répercussions sur sa santé aujourd'hui. Adrien connait des moments de manques intenses, mais courts, et suit une thérapie EMDR (Intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires) pour traiter les traumatismes psychiques liés à ses overdoses. Il suit désormais un traitement pour son TDAH. L'addiction à la cocaïne ne nécessite pas de suivre un traitement de substitution.

L'addiction, une fois qu'on y est, on y est à vie. Mais la solution reste l'abstinence et le fait de s'écouter et de se connaître.

Adrien

Le jeune homme regrette que cette drogue soit aussi accessible. "C'est inquiétant, on peut en trouver comme on irait chercher du pain".

La consommation de cocaïne a explosé en 10 ans

La semaine du 15 août, les douaniers franc-comtois, ont réalisé plusieurs saisies dont 4,2 kg de cocaïne, 12 kg d'herbes et 30 000 euros issus du trafic. Ces constatations ont été relevées à l'encontre de personnes résidant en Franche-Comté et en Suisse, portant ainsi un coup au trafic local.

En France, la consommation de cocaïne a explosé. Selon une étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée mercredi 26 juin 2024, près d'un adulte sur dix a déjà consommé de la cocaïne en poudre au moins une fois dans sa vie.

La cocaïne est la deuxième drogue illicite la plus consommée en France avec 2,7 % d'usagers dans l'année, contre 1,6 % en 2017. Actuellement, la consommation de cocaïne dans les 12 derniers mois a été multipliée par dix entre 1992 (0,3 %) et 2023 (2,7 %).

Adrien* le prénom a été modifié

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