Bac 2024 : "Je l'ai obtenu avec assez bien !", un CAP et deux bacs en poche, ce jeune Malien ne peut toujours pas travailler

Lundi 8 juillet 2024, les résultats du bac sont tombés. Dans l'académie de Besançon, N’Diawar N’Diaye a obtenu son deuxième bac, cette fois-ci en mécanique au lycée Germaine Tillion, à Montbéliard (Doubs). Mais ce jeune Malien de 21 ans est toujours en situation irrégulière. À son grand désespoir, il ne peut pas travailler.

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“Ça y est, je l’ai obtenu avec assez bien ! ”, lance avec fierté N’Diawar au téléphone à Amélie Baumont qui l'héberge depuis six ans. Le début d’une nouvelle ère… mais aussi la fin d’une autre. “Il va falloir trouver une solution pour la suite”, s’inquiète Amélie Baumont, l’avocate qui a comme adoptée N’Diawar N’Diaye. Ce jeune Malien de 21 ans, vient d’obtenir son deuxième bac pro. Mais s’il n’est pas régularisé, il ne pourra toujours pas avoir de carte bancaire, travailler, passer son permis… Bref, avoir une vie normale.

N’Diawar est arrivé en France avant d’avoir 16 ans, mais il n’avait pas ses documents d’identité malienne. Lorsqu’un mineur isolé arrive en France avant l’âge de 16 ans, il peut obtenir une carte de séjour temporaire. Après 16 ans, la régularisation se fait à titre exceptionnel et n’est plus un droit automatique. Mais pour obtenir des papiers, il faut justifier de son identité, de son pays d’origine. “Or actuellement, le contexte politique au Mali rend les choses très difficiles, malgré les rendez-vous très réguliers avec le consulat, on n’y arrive pas. On nous oppose toujours une fin de non-recevoir”, explique Amélie Baumont au micro de notre journaliste Elisabeth Braconnier. 

"On ne comprendrait pas qu'il doive continuer à végéter"

La famille qui l’a recueilli espère que les autorités feront une exception : “Comme il est entré en France avant l’âge de 16 ans, qu’il a fait ses preuves au niveau de l’intégration et qu’il a obtenu des diplômes, on espère que le préfet puisse passer outre cette absence de documents. Alors, on sait que ce n'est pas simple, mais ça peut se faire parce qu’il est entré en France avant 16 ans et parce qu’il a un acte de naissance qui a été légalisé et qui a été estimé authentique”.

Depuis six ans, N’Diawar a travaillé d’arrache-pied pour s’en sortir. Il a appris à lire et à écrire, il a obtenu un CAP et désormais deux bacs pro en poche, un en construction automobile et le dernier en mécanique. Il a été pris en BTS. “On ne comprendrait pas qu’il doive continuer à végéter”, souffle Amélie Baumont.

J’ai une fille qui a le même âge que lui. Elle a passé son permis, elle s’est mise à travailler, elle va finir son master et lui, alors qu’il a autant de mérite, qu’il a travaillé autant, il est toujours dans la même situation qu’au moment où il est arrivé. Il ne peut pas conduire de scooter, il ne peut pas travailler alors même qu’on lui propose parce qu’il est doué et qu’il est bosseur. C’est vrai qu’on ressent ça comme une injustice énorme.

Amélie Baumont, l’avocate qui a comme adoptée N’Diawar N’Diaye

La mère d’Amélie Baumont, se veut rassurante auprès du jeune homme : “Il sait qu’il peut rester à la maison chez nous tant qu’il faut. Lui, il ne veut plus parce qu’il aimerait pouvoir s’assumer, mais sait que de toute façon nous, on est là”. N’Diawar se dit soulagé d’avoir eu son deuxième bac avec la mention assez bien. “Ça faisait une énorme pression sur moi, mais là, c'est bon”. Il espère pouvoir obtenir rapidement sa carte de séjour pour pouvoir commencer à travailler, “parce qu’à 22 ans, c’est compliqué de devoir toujours compter sur les gens”.

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