Plusieurs individus ont détruit des mâts de vidéosurveillance à l'aide d'un engin de chantier, dimanche 22 novembre dans le quartier de la Petite Hollande à Montbéliard. Le préfet du Doubs indique qu'il a demandé aux policiers de ne pas tirer pour les arrêter.
Les images sont accablantes. Leur auteur les a d'ailleurs retirées des réseaux sociaux où elles se partageaient par centaines.
On y voit un engin de chantier lancé à bonne allure sur un lampadaire. Quand le mât tombe, une dizaine de jeunes se précipite pour fêter l'abattage. Dans la soirée de dimanche, cinq caméras de vidéosurveillance ont été ainsi détruites. Elles avaient été installées en milieu de semaine.
Nous sommes dans le quartier de la Petite-Hollande dimanche soir. Le véhicule, dérobé un peu plus tôt sur un chantier voisin, est incendié un peu plus loin. Ces exactions ont été commises "en toute impunité", selon les mots mêmes de la maire LR de Montbéliard Marie-Noëlle Biguinet.
Pourquoi la police n'est-elle pas intervenue ?
Pas assez d'effectifs, laissait entendre dans l'Est Républicain de lundi le commissaire Michel Klein, directeur départemental de la sécurité publique: « S’il n’y a pas de danger immédiat et encore moins d’intégrité physique en jeu, il n’y a pas raison de s’exposer à un caillassage. Il faut être dans un rapport de force inversé, en faveur de la police ». Ce que ne peut entendre la maire de la Cité des Princes, qui estime que Montbéliard doit avoir ses propres moyens, sans devoir attendre un quelconque renfort de Besançon. "On ne va quand même pas laisser le quartier aux voyous !", s'indigne l'édile.
Une nouvelle version des autorités lundi
Dans le courant de la journée de lundi, le discours des autorités évolue. Fini le contestable "Il fallait attendre les renforts de Besançon", place au "Il ne fallait pas risquer des vies".
Seuls des tirs d’armes à feu auraient permis d’arrêter l’engin de chantier, avec les conséquences dramatiques qu’on imagine. Le préfet a donné l’ordre de ne pas recourir à cette extrémité.
Dans un communiqué publié vers 16h ce lundi, le préfet du Doubs indique que "contrairement à ce qui a pu être écrit dans la presse, la police n’était pas absente du théâtre des opérations. Le préfet tient à saluer le discernement et le sang-froid dont ont fait preuve les fonctionnaires de police dans cette situation où seuls des tirs d’armes à feu auraient permis d’arrêter l’engin de chantier, avec les conséquences dramatiques qu’on imagine. Le préfet a donné l’ordre de ne pas recourir à cette extrémité."
"Certes, la situation sur le plan matériel est grave, mais sur le plan humain, il n'y a pas de dégât. C'est pour l'instant l'essentiel", affirme le commissaire Michel Klein à notre caméra, confirmant la version préfectorale.
Les syndicats de police demandent des renforts
"On n'a pas de capacité réactionnelle réelle, déplore Christophe Dalongeville, délégué Alliance police nationale à Montbéliard. Sur la base des chiffres données par la direction centrale, on estime qu'il manque une trentaine de gradés et gardiens sur la CISP (circonscription interdépartementale de sécurité publique) de Montbéliard-Héricourt". Marie-Noëlle Biguinet abonde: "Ca fait longtemps que j'appelle à un soutien beaucoup plus fort, avec des effectifs renforcés".
"Pendant que nos collègues sont employés à contrôler les attestations de la « France qui se lève tôt », par volonté assumée ou lassitude, nos élites ont abandonné ces quartiers à la violence et à la délinquance au grand dam des habitants, qui aspirent à la tranquillité et à la sécurité", réagit de son côté Antoine Villedieu, secrétaire régional Bourgogne - Franche Comté du syndicat France Police - Policiers en colère, par ailleurs responsable du Rassemblement national en Haute-Saône.
La police n'arrive pas à faire son job
"On en a marre de tout ça, ils ont tout cassé...", "la police n'arrive pas à faire son job"... aux premières loges, les habitants de la Petite Hollande se désespèrent d'une telle impunité.
Une colère que partage Marie-Noëlle Biguinet: "C'est insupportable d'abord pour les habitants, qui demandent à vivre en paix, c'est leur droit le plus légitime".
Un droit aujourd'hui régulièrement bafoué.