Pédiatres, gynécologues, ophtalmologues, généralistes, les déserts médicaux gagnent du terrain dans le Doubs selon l'UFC-Que Choisir

Selon l'UFC-Que Choisir, 83% des Français vivent dans un désert médical pour au moins une profession parmi les généralistes, pédiatres, gynécologues et ophtalmologues qui ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires. L'enquête menée par l'association dans le Doubs montre que la fracture sanitaire s'est encore élargie.

Le diagnostic est "alarmant", les chiffres "affolants" selon l’UFC-Que Choisir du Doubs-Territoire de Belfort. Ses bénévoles dévoilent ce mardi 21 novembre 2023 l'étendue de la désertification médicale qui frappe le département du Doubs, révélée par l'actualisation de la carte de la fracture sanitaire de la fameuse association de défense des consommateurs.

"La situation s'aggrave partout en France et c'est très net aussi dans le Doubs, assure Marie-Christine Radenne, vice-présidente de l'UFC-Que Choisir Doubs-Territoire de Belfort. Entre 2021 et 2023, les chiffres le montrent. Il y a une vraie dégradation en ce qui concerne notamment les pédiatres et les ophtalmologues; En dehors de Besançon, Montbéliard et Pontarlier, il n'y a rien !"

L'enquête a été menée auprès de quatre spécialités: généralistes, gynécologues, pédiatres et ophtalmologues. Et elle montre que 39,4 % des habitants du département résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, et que 40,4% des femmes et 46,6% des enfants qui y habitent sont respectivement dans un désert gynécologique et pédiatrique.

Des généralistes difficiles d'accès

Seuls 3,3 % seulement des habitants du Doubs manqueraient de généralistes. Mais selon l'association, 16,2 % de la population éprouveraient malgré tout de réelles difficultés pour accéder à un praticien. Obtenir un rendez-vous est parfois impossible comme l'ont constaté les "patients mystère" de l'UFC-Que Choisir qui ont appelé anonymement les cabinets. 12 % des généralistes contactés par les bénévoles ont également indiqué qu’ils ne prenaient plus de patient, en tant que médecin traitant.

Pas de quoi rassurer pour autant l'association et les patients car léquilibre est très fragile.

Ce qui est inquiétant surtout, c'est la démographie médicale avec beaucoup de départs à la retraite prévus pour les médecins nés du baby-boom. Ces dix prochaines années, on va avoir de gros problèmes pour la relève.

Marie-Christine Radenne, vice-présidente UFC-Que Choisir Doubs-Terrioire de Belfort.

Facteur aggravant

L'UFC-Que Choisir s'en prend également aux dépassements d'honoraires qui seraient un "facteur aggravant" de la désertification médicale. "Malheureusement, beaucoup de personnes vont renoncer aux soins parce que c'est plus cher et qu'ils n'ont pas une bonne mutuelle", confirme Marie-Christine Radenne. Et si l'on combine les dimensions géographique et financière de l’accès aux soins, en ne prenant en compte que l’accès à des médecins ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, la situation se détériore "très fortement" , aussi bien dans les  zones urbaines que dans les zones rurales du département.

Dans le Doubs, on s'aperçoit en effet que 59,8 % des femmes se trouvent dans un désert médical pour les gynécologues, 63,7% des enfants pour les pédiatres, et 60,5 % des personnes vivent "dans une commune où trouver un ophtalmologue respectant le tarif de la sécurité sociale relève de la gageure". Avec des délais d'attente qui s'allongent quand il est encore possible d'avoir un rendez-vous ! Dans la région, il faut patienter un a trois mois dans 20 % des cas, et au-delà de trois mois dans 35 % des cas. "On l'a vu à Besançon, il faut parfois attendre un an pour avoir un rendez-vous chez l'ophtalmo, et même un an et demi à Montbéliard !", indique Marie-Christine Radenne.

"Des déserts tout court"

"Tout n'est pas faux et ce n'est pas une surprise", reconnaît Gilles Robert. Mais le président du conseil de l'ordre des médecins du Doubs dénonce cependant une "approche clientéliste" de la médecine par l'UFC-Que Choisir.

Il faut arrêter avec ça. Pourquoi un médecin viendrait s'installer dans un village qui n'a plus de boulangerie, plus d'épicerie, plus de bureau de tabac. Il n'y a pas de déserts médicaux en France, il y a des déserts tout court !

Gilles Robert, président du Conseil de l'ordre des médecins du Doubs.

Le Doubs compte 2750 médecins toutes spécialités confondues, rappelle-t-il. Ce qui en fait un département plutôt bien doté par rapport à d'autres. "Le problème, c'est la répartition, concède Gilles Robert. Sous prétexte que les études de médecine sont gratuites, on voudrait imposer une politique coercitive de l'installation. Mais est-ce qu'un gynécologue ou un ophtalmo va trouver une patientèle suffisante s'il s'installe à Goux-sous-Landet par exemple ?"

Pour le responsable, les dépassements d'honoraires n'ont aucun rapport avec la densité médicale. "Il y a toujours eu des dépassements. Ils permettent la valorisation des études, car il faut valider des diplômes supplémentaires pour pouvoir s'installer en secteur 2 ou 3. C'est une question de qualité des soins et une mécanique globale. Un ophtalmo ne travaille pas tout seul. Il emploie des personnes qu'il doit aussi payer."

"J'accuse l'État"

Selon l'UFC-Que Choisir, 83 % des Français résideraient néanmoins aujourd'hui dans un désert médical pour au moins une profession parmi les généralistes, pédiatres, gynécologues et ophtalmologues qui ne pratiquent pas de dépassements d'honoraires.

Après 10 ans de lutte, face à l’urgence de la situation, et surtout lassée par les promesses non tenues, la Fédération UFC-Que Choisir a finalement décidé d'attaquer le gouvernement pour inaction devant le Conseil d’État. Un recours soutenu au niveau local. L'association appelle l'ensemble des habitants à signer et à partager la pétition nationale "Accès soins -J’accuse l’État"

Une action régionale de terrain pour sensibiliser et mobiliser les habitants est prévue jeudi 23 novembre 2023 à Dijon dans le cadre de la campagne #MaSanteNattendPlus.

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