Pénurie de médicaments contre le cancer : "75% de chances en moins pour les malades", La Ligue repart au combat

La crise sanitaire a eu des conséquences sur la production mondiale de médicaments. Depuis deux ans, la Ligue contre le cancer s’inquiète de ce phénomène de pénurie qui entraînerait des pertes de chances pour 75% des patients selon les professionnels de santé.

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Un médicament à la place d’un autre. Si pour un simple mal de tête, la différence n’a guère d’enjeu, pour un malade atteint de cancer, la donne est tout autre. Il s'agit de sauver des vies.

En 2019, la Ligue contre le cancer sonnait déjà l’alarme avec une étude menée auprès des malades, médecins, pharmaciens.

Cette étude montrait le phénomène croissant de pénurie. En 2013, 404 médicaments étaient manquants, selon le nombre de signalements réalisés auprès de l’ANSM, l’agence nationale de sécurité du médicament. On est passé à 1499 médicaments manquants en 2019. Les traitements contre le cancer ne sont pas épargnés par les pénuries. Parmi les médicaments signalés en 2017, 22 % concernaient la cancérologie.

Une pénurie de médicaments qui bouleverse le traitement des malades

L'étude menée en 2019 par la Ligue contre le cancer avec l'institut IPSOS a permis de dresser ce constat :

 74 % des professionnels interrogés déclaraient avoir été confrontés à des pénuries de médicaments contre le cancer durant leur carrière

 75% d'entre eux avaient le sentiment d'une aggravation de la situation sur les dix dernières années

 94 % des personnes malades confrontées à une pénurie associent l'annonce de l'indisponibilité de leur traitement à des sentiments négatifs : incompréhension, inquiétude, colère...

 75 % des professionnels de santé affirment que les pénuries ont entraîné des pertes de chances pour leurs patients

Depuis cette étude conduite en 2019, la situation ne s’est pas améliorée. La Ligue signale que “les personnes malades subissent toujours les conséquences des défaillances majeures d'un système de production et dénonce non seulement la persistance, mais aussi l'aggravation des pénuries”.

Des principes médicamenteux produits en Inde, Chine, Asie du Sud Est

Jean-François Bosset, président de la Ligue contre le cancer du Doubs s’inquiète de cette pénurie qui s’installe. “On sait par exemple que le BCG (un médicament d'immunothérapie) utilisé dans le traitement des cancers de la vessie n’est plus fourni par Sanofi. Les urologues sont amenés à faire des ablations totales ou partielles du fait de cette rupture” explique-t-il. D’une façon globale, “la pénurie est due au fait que les principes de base de ces médicaments sont fabriqués en Asie du Sud-Est et en Inde. Les laboratoires récupèrent ensuite ces principes actifs pour faire les médicaments contre le cancer...La France ne pourra pas régler le problème toute seule, la France peut déclencher une alerte avec l’Europe pour que ces médicaments soient à nouveau produits en Europe” ajoute le Professeur.

Autre inquiétude sur cette pénurie qui dure depuis une dizaine d’années, “quand on remplace un médicament par un autre, on ne sait pas quelle est l’équivalence ou la toxicité, il n’y a pas d’étude” ajoute le président de Ligue du Doubs. “On demande à ce que les malades soient informés sur ces pénuries, pour qu’ils aient une information objective”, revendique Jean-François Bosset.

"Les personnes malades ne peuvent attendre, leur santé en dépend"

La crise de la Covid-19 a engendré une hausse de la demande pour certains médicaments, révélant les limites des systèmes de production, notamment provoqués par la délocalisation et la production à flux tendu, dénonce la Ligue. “Il est impératif de garantir un approvisionnement continu pour éviter les ruptures en cas de tensions dans les pays où sont fabriqués les médicaments. Les actions de la feuille de route lancée en juillet 2019 par la Ministre Agnès Buzyn doivent être remises à l'agenda politique” précise la Ligue dans un communiqué alors qu’une semaine de campagne médiatique se met en place pour sensibiliser à la pénurie de médicaments.

“Comment peut-on expliquer à ces personnes, qui se battent déjà au quotidien contre la maladie, que leur médicament n'est pas disponible ? Près de deux ans après avoir été annoncée, l'obligation de stock de deux mois est appliquée a minima. C'est une avancée, mais elle reste insuffisante. Les personnes malades ne peuvent attendre, leur santé en dépend” déplore Daniel Nizri, président bénévole de la Ligue contre le cancer.

Recenser les médicaments en pénurie, mieux informer les malades : ce que demande la Ligue contre le cancer

Face à cette pénurie de médicaments qui s’aggrave, et qui fait également augmenter les prix de traitements, précise Jean-François Bosset, la Ligue souhaite que les malades soient mieux informés, tout comme les professionnels de santé.

La Ligue demande le recensement par les pouvoirs publics, de façon systématique, des personnes qui n'ont pas eu accès au médicament prescrit en premier lieu.

Elle souhaite la mise en place d'un système d'informations sur les pénuries de médicaments, à destination des professionnels de santé, particulièrement ceux exerçant en ville. Ce système d'informations doit permettre de renforcer la transparence sur l'origine, la durée et l'historique de ces pénuries. “C’est d’autant plus important qu’à l’heure actuelle, on va de plus en plus vers des traitements par la bouche en immunothérapie. Ces médicaments sont accessibles en pharmacies, il est dommageable que les officines soient mal informées de ces problèmes de pénurie” déplore Jean-François Bosset.

La Ligue demande également la mise en place d'études pour mesurer les pertes de chances causées par les pénuries, et souhaite que ces études soient réalisées par une autorité publique et indépendante.

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