A Pontarlier, le projet de loi sur le gaspillage et l'économie circulaire pose pas mal de questions. Les centres de tri en place depuis des années pourraient perdre le tri des bouteilles en plastique source importante de revenus pour eux.
Le Sénat examine depuis le mardi 24 septembre le projet de loi antigaspillage et pour une économie circulaire. Objectif : viser une consommation propre. La France produit cinq tonnes de déchets par an et par personne, dont 600 kilos de déchets ménagers et 700 kilos de déchets des entreprises, selon le ministère de la Transition écologique. Le seul secteur du bâtiment en produit autant, et celui des travaux publics 2,7 tonnes.
Parmi tous ces déchets, une mine d'or : les bouteilles en plastique
L'Union européenne souhaite que d'ici 2029, 90 % des bouteilles en plastique soient collectées. La France en collecte pour l'instant 57 %.
Les sénateurs sont hostiles à une large majorité à un dispositif de consignes pour le recyclage des bouteilles plastiques. Un rapport remis à Brune Poirson le 12 septembre, préconise une consigne à 15 centimes d’euros sur les bouteilles en plastique et canettes.
Ramener sa bouteille en échange d'une consigne de 15 centimes, le scénario inquiète les centres de tri comme celui de Pontarlier dans le Haut-Doubs.
"Cela se fait en Allemagne, ça marche très bien, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas" réagit une habitante. Mais jeter ses bouteilles plastiques dans un container dédié et plus dans son bac jaune priverait les centres de tri d'une précieuse marchandise. À Pontarlier, le centre de tri crée en 2015 traite 11.000 tonnes de déchets par an. Chaque tonne de plastique récupérée est revendue 300 euros aux usines de recyclage. Contre 75 euros pour une tonne de carton.
"Nos gros volumes sont les bouteilles plastiques, et les papiers. Ce sont les bouteilles plastiques sur lesquelles on a les plus grosses recettes " explique Amaury Cordereix, technicien au centre de tri.
Ce possible manque à gagner pour les centres de tri les mettrait en difficulté. Pour Patrick Genre, maire de Pontarlier et président de l'association des maires du Haut-Doubs remettre une consigne sur les bouteilles en plastique est une fausse bonne idée.
"Le risque, c'est qu'on transfère la compétence du recyclage du plastique aux grands groupes industriels. Nous, on va garder nos points d'apports volontaires où l'on aura toujours possibilité d'amener du verre, du carton, du plastique sale, mais on ne pourra plus amener les bouteilles en plastique parce que sinon le consommateur perdrait cette consigne. Donc c'est une fausse bonne idée" explique l'élu du Haut-Doubs.
La consigne des emballages de boissons est appliquée dans 10 pays d’Europe (et bientôt 15), ainsi qu’au Canada, dans 10 Etats américains et en Australie. Aucun pays ne l’applique en Europe du Sud, à l’exception de la Croatie.
La reprise des emballages consignés par tous les commerces est obligatoire dans cinq pays (Allemagne, Croatie, Islande, Pays-Bas et Suède).
La ministre Brune Poirson a assuré devant la chambre haute du Sénat qu'"aucune consigne pour recyclage ne pourra être mise en place sans que les collectivités en aient décidé".