Après les récentes annonces du gouvernement et en prévision d’un déconfinement progressif à partir du 11 mai, les communes rurales de Franche-Comté essaient, tant bien que mal, de s'organiser. Illustrations.
Depuis quelques jours, il court un peu partout. Florent Serrette, maire sans étiquette de Mignovillard (Jura), prépare, comme il peut, le déconfinement. "En mairie, les plaques en plexiglass resteront. Les horaires d'ouverture au public seront aménagés. Et puis évidemment, le personnel au contact du public aura des masques chirurgicaux à disposition." La mairie de Mignovillard a aussi prévu de distribuer un masque à chaque administré. "Nous devrions recevoir 850 masques avant le 11 mai. Nous avons fait une commande groupée avec la communauté de communes Champagnole Nozeroy Jura", explique Florent Serrette. Les élus se chargeront de la distribution dans les boîtes aux lettres.
Un peu partout en Franche-Comté, des commandes groupées ont été organisées par les communautés de communes et les associations de maires. Exemple ici à Quincey, près de Vesoul (Haute-Saône) :
"C'est un peu la guerre des masques"
Le Conseil scientifique, chargé d'éclairer le gouvernement, a livré ce samedi 25 avril, ses recommandations pour une "levée progressive et contrôlée du confinement" à partir du 11 mai. Il conseille notamment un port du masque "systématique" dans les lieux publics pendant les mois suivants la levée du confinement. Pour Roger Rey, maire de Conliège (Jura), "c'est un peu la guerre des masques". Lui aussi a pu bénéficier d'une commande de l'intercommunalité : 700 masques en tissu, au total. "Un masque coûte 3,25 euros. La communauté de communes prend en charge 50% et la mairie l'autre moitié", détaille le premier édile. À cela s'ajoute une commande de 600 masques chirurgicaux passée par l'association des maires du Jura pour le personnel municipal.À Conliège, les habitants peuvent aussi compter sur la solidarité des couturiers bénévoles. Entre 70 et 80 masques ont été distribués aux personnes les plus à risques du village.On a préféré ne pas attendre la commande de l'État car nous n'avions aucune certitude.
- Roger Rey, maire sans étiquette de Conliège
#Jura #Conliege En parlant de #masques, merci aux petites mains bénévoles de Conliège qui ont confectionné ces masques que Colette Guillemaut présidente du CCAS centralisent et qui seront distribués gratuitement, très prochainement à toutes les personnes à risque du village. pic.twitter.com/JSSidl4rIJ
— Roger REY (@Reyrog) April 14, 2020
Le casse-tête du retour à l'école
L'Elysée a annoncé plusieurs axes directeurs du déconfinement, jeudi 23 avril, à l'issue d'une réunion d'Emmanuel Macron avec les représentants des maires de France. Il ne se fera pas région par région, mais il devra être adapté et "territorialisé". Le retour à l'école, qui se fera sur la base du volontariat, alimente en ce moment toutes les conversations dans les petites communes. À Conliège, si l'on attend les déclarations du Premier ministre mardi, on a déjà réfléchi à "l'après" : "On va donner la priorité aux élèves de CP et de CM2. Pour les uns, parce qu'ils apprennent à lire, et pour les autres, parce qu'ils vont passer au collège."
À Pierrefontaine-lès-Blamont (Doubs), petite commune de 470 habitants élue plus beau village de Franche-Comté en 2019, c'est un peu le casse-tête. "Pour l'instant, on attend des informations. Je dois aussi faire le tour de toutes les familles pour savoir si elles veulent mettre leurs enfants à l'école", précise Catherine Meunier, maire sans étiquette. "J’aurais souhaité ne pas rouvrir avant septembre. En maternelle, je pense que je limiterai à cinq élèves sinon ça ne sera pas possible de respecter la distanciation sociale", ajoute-t-elle.
"On est dans l'expectative"
À chaque commune, sa décision donc. Pour Patrick Genre, président de l'association des maires de France dans le Doubs, c'est "un peu le système D". "Le début du déconfinement est dans deux semaines et on est dans l'expectative", surenchérit-il. Il est notamment inquiet par rapport à la réouverture des établissements scolaires : "D'après les recommandations du Conseil scientifique, il faut un bionettoyage, une distance d'un mètre entre les élèves, des emplois du temps différents, plusieurs services dans les cantines... Bref, c'est tout un aménagement. Je me demande combien de temps les élèves vont-ils réellement passer en classe ?" Patrick Genre se sent en première ligne dans la gestion de l'épidémie. "L’échelon communal est l’échelon essentiel et qu’il faut préserver. À chaque fois qu'il y a une crise, on se retourne vers l’échelon communal", conclut-il.