En novembre 2021, un ancien membre du Rassemblement national a tagué plusieurs mosquées avec des croix de Lorraine dans le Haut-Doubs. Ce mercredi 9 février, le procès du Pontalissien a été renvoyé car il n'a pas pu se présenter au tribunal. Une décision qui satisfait les parties civiles.
Il était attendu de pied ferme par les parties civiles. Ce mercredi 9 février devait se tenir le procès en comparution immédiate d'un ancien candidat du Rassemblement National aux dernières élections départementales dans le Haut-Doubs. Il devait être jugé pour dégradations avec motifs religieux de lieux culturels.
En novembre 2021, ce jeune de 23 ans, membre du RN entre 2020 et 2021, avait tagué plusieurs mosquées et autres lieux de culte musulmans à Pontarlier, Montlebon et Besançon. Il avait dessiné des croix de Lorraine, symbole traditionnellement attribué au gaullisme et à la Résistance, sur les murs des édifices. Identifié grâce à des caméras de surveillance, il avait immédiatement reconnu les faits une fois interpellé à son domicile.
Le prévenu retenu à la frontière franco-suisse
Cependant, le prévenu, employé en Suisse et sous contrôle judiciaire, n'a pas pu se présenter au tribunal correctionnel de Besançon. Il a été bloqué par les services de la gendarmerie suisse à la frontière pour un problème lié à son permis de conduire. "Ce n'est pas volontaire de sa part, assure son avocat, Maître Randall Schwerdorffer. Il m'a contacté, il m'a dit qu'il aurait souhaité être présent."
Son procès a été renvoyé au 25 avril, avec maintien du contrôle judiciaire. Une décision qui satisfait les parties civiles, bien qu'elles auraient souhaité entendre les explications de l'auteur des tags.
Une possible requalification des faits
Il faut dire que la salle d'audience est pleine à craquer, ce mercredi 9 janvier. Les derniers arrivés sont même tenus de se tenir debout, contre le mur. A l'annonce du renvoi, ce lot de curieux et de parties civiles se trouve, quelque part, soulagé.
"C'était ce que nous avions demandé, explique Maître Bahar Ceviz, avocate des parties civiles. Cela va nous permettre de solliciter une requalification des faits pour provocation à la haine raciale."
Samuel Thomas, de la Fédération nationale des Maisons des Potes, association qui s'est constituée partie civile, abonde. "Le fait qu'il ne soit pas là, ça oblige encore plus à renvoyer l'affaire parce que nous avions besoin de l'entendre. Pourquoi s'est-il mis à détester les musulmans ? Qu'est-ce qui s'est passé dans sa tête ?"
"Ce procès est repoussé pour être mieux jugé"
De son côté, l'avocat de l'association des Turcs de Pontarlier, préfère tempérer. "Au vu du contexte médiatique délétère sur la montée des extrêmes, je pense que c'était le moment idéal, pointe Yacine Hakkar. Une sanction sévère prononcée par le tribunal aurait pu faire un rappel à l'ordre pour toutes les personnes qui sont tentées par des actions extrémistes".
Boubaker Lamamra, lui, est président de la mosquée Philippe-Grenier de Pontarlier. Le 11 novembre dernier, l'édifice religieux s'était réveillé avec six croix de Lorraine tracées avec une bombe de peinture rouge sur ses murs.
"Nous aurions aimé que ce soit classé pour pouvoir avancer, surtout dans le contexte des élections présidentielles, souffle-t-il. Mais nous ne sommes pas mécontents car ce procès est repoussé pour être mieux jugé. Il y aura d'autres organisations qui se porteront partie civile au prochain procès, et ça ne fera qu'étoffer le dossier. Et nous avons confiance en la justice."
Réponse le 25 avril prochain. Le désormais soutien du candidat Eric Zemmour à l'élection présidentielle comparaitra - pour l'heure - pour dégradations avec motifs religieux de lieux culturels.