Pontarlier : des aides à domicile lancent une pétition pour une prime d'Etat plus équitable

Une prime d'Etat, annoncée le 7 mai 2020, devrait être attribuée au personnel soignant. Le ministère de la Santé étudie également la possibilité de la verser au personnel des établissements médico-sociaux. Mais pour l'heure, rien n'est prévu pour les aides à domicile, qui s'estiment oubliées.

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Pourquoi pas elles ? Pourquoi pas eux ? Les aides à domicile ont été essentielles pour de nombreuses personnes âgées, dépendantes ou en tant que gardes d'enfant durant ces 55 jours de confinement. Pourtant aux yeux de l'Etat, la profession n'est pas éligible à la prime que le ministre de la Santé a annoncée pour les soignants, le 15 avril, puis pour le personnel des Ehpad, le 7 mai. Dans le communiqué de presse, le ministère de la Santé inclut également les "établissements et services accompagnant les personnes adultes et enfants en situation de handicap" financés par l'assurance maladie. La réaction ne s'est pas fait attendre.

 

Plaidoyer pour les "invisibles"

 

On est toujours les oubliés, jamais considérés. Le métier n’est pas valorisé.
Fabienne Bruley, auxiliaire de vie sociale


En réponse à ce qu'elles considèrent comme un "oubli" de plus envers leur profession, trois aides à domicile de l'entreprise pontissalienne Domicile Adoré ont lancé dès le 8 mai une pétition en ligne pour revendiquer ce "droit" à davantage d'équité : "On a essayé de chercher des solutions pour se faire entendre, plaide Gaëlle Fourneret, assistante de vie aux familles et déléguée du personnel chez Domicile Adoré. On se dit qu’on est encore laissés pour compte, on n’est pas reconnus comme personnel soignant, alors qu’on l'est. Pour la garde d’enfants, on l'était."

Au niveau local non plus, aucune aide n'a été évoquée. Pourtant, en janvier dernier, le département du Doubs avait annoncé un plan de soutien de 1,2 million d'euros aux métiers de services d'aides à domicile. "On n’en entend plus parler", ironise Gaëlle Fourneret.
Contacté, le département du Doubs nous a indiqué que cette somme devrait être versée en juin aux organismes d'aides à domicile. Ces structures ont fait le choix d'utiliser cette aide en priorité pour l'achat de véhicules professionnels puis pour des primes.
 

Déjà pour les masques, en pharmacie on nous disait : vous n’êtes pas prioritaires. On ne comprend pas mais on fait avec...
Gaëlle Fourneret, assistante de vie aux familles


Entendre parler des aides à domicile en conférence de presse le 7 mai ? "On n’y croyait pas, lâche Fabienne Bruley, auxiliaire de vie sociale. Pour moi ç’aurait été une surprise, on ne prend pas le même risque qu’un personnel d’hôpital. Mais quand j'ai vu qu'il y avait les Ehpad..." Et ce n'est pas faute d'avoir été en contact avec plusieurs dizaines de bénéficiaires. "On ne les côtoie pas comme une infirmière ou un médecin. Mais on est là 7 jours sur 7." "On les aide pour la vie quotidienne, mais aussi moralement, soutient de son côté Gaëlle Fourneret. Il y a des personnes isolées, avec la famille loin, ils ont vite fait de se décharger sur nous.
 

Les trois Pontissaliennes ne demandent pas 1000 euros, mais au moins "un geste", en tout cas, "une reconnaissance" : "On a quand même pris des risques pour nos familles, assure Gaëlle Fourneret. J’ai une fille à la maison, je pouvais ramener le virus. Encore aujourd’hui, je ne suis pas rassurée."
 

Un appel national à la mobilisation


La pétition lancée par les trois Franc-comtoises a vocation à être largement partagée. "C'est une initiative locale, mais d’autres personnes se bougent", relève Fabienne Bruley. Je pense que les chances ne sont pas bien grandes, mais on va se faire entendre." Pour l'heure, plus de 1300 personnes ont paraphé le texte en ligne. "Je suis surprise que ça marche", assure Gaëlle Fourneret, qui espère fédérer la profession : "Une AVS (auxiliaire de vie sociale, NDLR) de Haute-Loire m’a contactée pour se joindre à nous. A Calais, d’autres aides à domiciles ont lancé une pétition."

Laura Montandon, la troisième co-signataire du texte, a quant à elle rédigé une lettre de revendication adressée au Préfet du Doubs, à la députée du Jura et vice-présidente de l'Assemblée nationale Annie Genevard et au ministre de la Santé. La missive devrait être envoyée très prochainement.

 



 
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